Jugée par l'injustice

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   La comtesse fut immédiatement transférée dans le tribunal royal où attendait le roi, très mécontent et les juges avec leur air grincheux.

–  Asseyez-vous ! tonna le roi. Je vous jure que si vous avez assassiné ma petite protégée...

   Le surnom que donna le roi à la défunte marquise fit rire intérieurement la comtesse. Il devrait plutôt l'appeler sa maîtresse ou sa favorite... Mais elle se retint, et se contenta de répondre en toute franchise, essayant de maîtriser la colère qui brûlait en elle.

–  Mais je n'ai rien fait ! se défendit la comtesse, hors d'elle. J'étais aux toilettes quand la marquise a poussé un hurlement. Quand je suis sortie, elle était déjà morte !

–  Qu'est-ce qui me prouve que vous êtes honnête ?

–  Votre Altesse... Pitié croyez-moi ! Je n'aurai jamais tué quiconque, alors pourquoi je tuerai la marquise ? J'étais jalouse de l'intérêt que vous lui portiez et je ne suis pas du tout la seule ! Mais je ne l'aurai jamais tuée.

–  Et qui pourrait être l'assassin dans ce cas ?

–  Je n'en sais rien !

– Dans le doute, nous allons vous soumettre à un interrogatoire...

–  Quoi ?! Ma parole ne vous suffit-elle pas ?!

–  Votre parole... m'est tout à fait égale.

–  Vraiment, c'est injuste ! s'exclama la comtesse, les larmes aux yeux.

   Elle fut soumise à un interrogatoire, où elle était tenue par des gardes, armés, et ses poignets liés avec une corde dans son dos. Cela lui faisait atrocement mal.

–  Où étiez-vous lors du drame ?

–  J'étais dans les toilettes !

–  Qu'avez-vous entendu exactement ?

–  J'ai entendu un hurlement, le hurlement de la marquise !

–  Ne soyez pas agressive enfin ! pesta le roi.

–  Dans quelle position se trouvait la marquise ?

–  Elle était... Allongée de manière bizarre. Avec les jambes tendues.

–   Et quand le garde est arrivé, dans quel position se trouvait la marquise ?

–  Cette brave marquise était allongée au sol, les jambes repliées.

   La comtesse écarquilla les yeux.

–  L'un de vous deux ment donc. dit le juge. Qui ment, maintenant ?

–  Je ne mens pas ! jura la comtesse.

–  Pourquoi un garde mentirait-il ? protesta le garde.

–  C'est vrai que mon garde ne mentirait pas.

–  Comment pouvez-vous en être sûr ? s'écria la comtesse, hors d'elle. Je ne mens pas !

–  Je crois mon garde, comtesse !

–  Vous êtes jugée coupable du meurtre de la marquise de Florel. Tous les invités étaient dans la salle de réception !

–  Mais comment a-t-elle été tuée ?

–  Un morceau de son miroir a été planté dans son coeur brutalement. Il a fallut beaucoup de force. Et on lui a aussi abattu un violent coup au crâne mais ce n'est pas cela qui l'a tuée. Cela l'a juste fortement étourdie.

–  Quelle mort horrible... songea la comtesse.

–  Taisez-vous, meurtrière !

–  Je suis innocente !

–  Ce n'est pas ce que prouve les indices.

–  Monsieur le Juge ! appela un des enquêteurs. Le reste du miroir de la marquise a disparu ! Quelqu'un est donc venu le prendre !

–  Qui était sur place ?

–  Un garde uniquement. Mais on l'a retrouvé assommé.

–  Quelqu'un d'autre est dans le coup ! Dis-le moi tout de suite, comtesse ! Qui est ton complice ?

–  Mais je ne suis pas la tueuse ! Je suis innocente ! J'étais une connaissance de la marquise !

–  C'est pour cela que vous avez passé toute la soirée en sa compagnie ? Vous ne savez pas mentir.

–  Condamnez-la à la mort !

–  Chose faite. Madame la comtesse de Banville, je vous condamne à mort pour le meurtre de la marquise de Florel !

–  C'est injuste ! Je n'ai pas commis ce meurtre !

–  Vous serez exécutée demain midi, sur la place.

–  Vous ne pouvez pas ! s'exclama-t-elle, en pleurs.

–  Oh que si.

   La comtesse éclata en sanglots dans la pièce.

La tragédie du miroir Où les histoires vivent. Découvrez maintenant