L'éphémère

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Je me promène souvent près de cet étang
Voir ces larves qui dans la vase aiment vivre
Telles des naïades, elles m'appellent, et quoi qu'hésitant
Je refuse, apeuré, de les suivre

L'une des nymphes lentement mature
Elle remonte, surnage, et finalement émerge
Et lorsque le vent commence ses murmures
Elle déploie ses ailes et tourbillonne sur la berge

Je vois à présent un sublime imago
Un éphémère ne ressemblant en rien à la larve du plan d'eau
La nymphe devient ma muse, me chatouille et m'effleure
J'ai des papillons dans le ventre... une douce chaleur

C'est donc ça, voler ?
Ressentir toutes ces choses et pourtant en raffoler ?
Alors je veux voler comme les éphémères
Je veux danser avec elles, m'amuser et plaire

Mais la ronde aérienne touche à sa fin
L'éphémère s'épuise, se pose sur l'eau, et dans un battement de cil, s'éteint
Enivré, je cherche dans l'étang d'autres naïades
Leur chant m'appelle, et je plonge vers elles, risquant la noyade

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Ce poème décrit les différentes étapes de la vie d’un éphémère, cet insecte qui passe d’abord par la forme d’une larve aquatique (appelée naïade ou nymphe, voilà pourquoi j’enchaîne les métaphores avec ces belles déesses) puis devient un adulte pouvant voler (l’imago) ne pouvant vivre que quelques heures. J’ai voulu comparer ces étapes avec le sentiment amoureux dont on a peur au début, mais qui mûrit petit à petit et qu’on finit par accepter. Et même, parfois, une fois qu’on y a goûté, on veut essayer de retrouver ce sentiment à tout prix.

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