Apollon, dieu-Soleil, fut un jour ébloui
Par le jeune Hyacinthe : un amour inouï.
Il apprit au mortel à pincer corde d'arc,
À cueillir nerfs de lyre, et très bientôt les marques
De la passion rosirent aux poitrines d'ivoire
Des deux beaux garçons, qui s'étreignaient chaque soir.Mais le vent du printemps, Zéphyr au souffle tiède,
Aimait aussi l'éphèbe, et chaque instant d'entraide
Entre les deux amants gonflait ses grands poumons
D'un noir ressentiment. Un matin Apollon
Et le mortel lancaient le disque, et leurs doux rires
Résonnaient, quand Zéphyr poussa un long soupir ;
Le disque fut dévié vers le front du jeune homme.Hyacinthe tomba. Du sang, l'amer arôme
Monta au nez du dieu. Déchiré, il serra
Son torse blême qui jamais ne reverra
Sa lueur bien-aimée. Apollon fit revivre
L'adolescent fendu à ses tempes car, ivre
D'amour, il ne pouvait l'abandonner ainsi.Hyacinthe, tu mues : ta molle peau verdit ;
Ton tronc fin rétrécit, forme une tige droite ;
Et maintenant tes mains, qui sont encore moites
Sont des feuilles menues se levant vers le ciel ;
Ton sang se change en sève et coule tel le miel ;
Tes veines sont nervures, et tes belles chevilles
Prennent racine au sol ; et tes cheveux qui vrillent
Sont des touffes de fleurs qui de rouge se teintent.
Hyacinthe revit sous forme de jacinthe.
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Cabinet de curiosités
PoesiaBienvenue dans mon cabinet de curiosités ! Approchez, approchez : ne vous laissez pas impressionner par ce recueil de poèmes étranges et hétéroclites. Vous pourrez peut-être trouver votre bonheur, car chacune de ces bizarreries possède un style et u...