Toile de Jute

Quatorzième

Chapitre à lire avec la musique pour plus d'intensité.

...

« Ton regard transcende mes sens.»

Céleste

- Pourquoi tu pleures ?

Le soleil, majestueux, s'élève dans le ciel matinal et s'infiltre à travers les voiles.

La mer s'agite et danse à travers les vagues qui ondulent sous le bleu pervenche de l'eau. L'air est marin, salé, presque autant que les larmes qui perlent et s'écrasent, amères, dans ma bouche.

- Ça va se finir, tu le sais ?

Gabriel, assit sur le lit, ressemble à Adonis. Il est grandiose, lorsque la lumière le canarde.

- Qu'est-ce qui va se finir ? interroge-t-il.

- Nous. Tout ça. Cet été, Saint Hélène ...

À cette pensée, des larmes perlent de plus belle et je réprime une grimace. C'est donc cela. La tristesse estivale. Le sentiment mélancolique d'un bonheur éphémère qui s'échappe.

Gabriel me décoche un sourire à en perdre la raison. Et je le regarde comme si aujourd'hui était la dernière fois, comme si je ne le reverrais plus.

S'approchant de moi, il écarte les voiles, laissant le soleil s'emparer de la chambre, éclairer nos âmes.

- Regarde, me murmure-t-il. C'est le matin. L'écume est froide, les vagues s'agitent encore, timides. La plage est vide. Ils dorment. Et le soleil, tu le vois ? Celui qui nous éclaire, celui qui nous donne l'éclat, l'envie. Regarde, Céleste, le paradis nous ouvre ses portes.

Lentement, mes yeux se posent sur le monde. Il est là, vivant, majestueux. Et puis, je regarde Gabriel aussi. Il luit sous la lumière, emporté par la profondeur d'un paysage sans limites. Il est magnifique, à cet instant, et j'aimerais le saisir, pour qu'il demeure à jamais comme l'un des plus mémorables de mon existence.

Ah ! L'infini, lorsqu'il nous touche de ces doigts divins, lorsqu'il nous embrasse. Ah ! L'infini, pourvu qu'il existe, inaltérable, dans nos cœurs.

Gabriel me prend dans ses bras tandis que la mer valse, encore et encore, à l'infini, sous nos yeux amoureux.

- Promis, murmure Gabriel, un jour, le monde sera à nous.

...