Le coeur dans l'âme

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2 ans plus tôt

"Arthur Kutner le fabuleux, Arthur Kutner le génie, l'incroyable et le philanthrope est de retour dans sa ville natale pour y installer une nouvelle branche de son entreprise. Il est là pour faire la présentation de son tout nouveau laboratoire. Les plus éminents scientifiques du monde sont attendus pour la réception..."

Je pose le journal en souriant, j'aime cette attention que l'on porte aux projets que je mène à terme. J'aime toute cette attention autour de moi de ma personne. Je me sens parfaitement lorsque tout le monde se soucie de moi, lorsque les femmes et les hommes me déclarent un amour inconditionnel. Le fait est que je suis encore célibataire et cela semble ravir l'imagination de ces dames et déplaire celle de ces messieurs. Enfin bon, je ne suis pas là pour trouver l'amour, j'ai une entreprise à faire tourner. On n'a pas le temps d'être en couple lorsque l'on mène la vie que je mène. De toute façon je suis jeune et déjà à la tête d'un empire financier et scientifique. Certes, je ne suis pas le seul à la tête de cet empire, il y a mon bras droit, mon acolyte et ami de toujours Tony qui est avec moi aujourd'hui. En fait tout le monde croit qu'il est mon bras droit mais nous avons monté cette entreprise ensemble et la gérons encore ensemble aujourd'hui, il préfère juste rester en retrait et être moins exposé aux médias que je ne le suis. Et puis comme ça c'est moi qui ai à faire des discours pour ce genre d'occasion car c'est moi que les gens veulent voir. Ils n'ont pas besoin de voir tout le travail caché, ce qu'ils veulent c'est juste un nom à pouvoir aduler et Tony préfère que ce soit le mien que le sien. En un sens, je le comprends.

Je fais un tour de la salle, elle est bondée de monde, ils attendent, c'est l'heure de mon discours. Anthony m'encourage, et nous montons tous deux sur la scène sous les applaudissements de la salle. J'aime la regarder, poser mon regard furtivement sur toutes les têtes qui sont présentes. Je me place devant le pupitre pour parler et Anthony se place légèrement en retrait derrière moi, un peu comme le ferait un garde du corps. Je sais qu'il veille sur moi et sur ce que je dis et suis donc tranquille, en cas d'erreur de ma part il me soufflera la réponse.

La lumière est braquée sur moi et les applaudissements se tarissent peu à peu jusqu'à ce que je me mette à parler dans un vrai silence. Tout se déroule merveilleusement bien, mon discours sors naturellement, je suis fluide dans ma prise de parole, et je captive la salle, cela me plait. Réussir à captiver une salle remplie comme celle-ci est un exploit dont je suis plutôt fier. Je leur expose ma réussite et mes projets pour l'améliorer et ils m'écoutent. Cette fierté est un sentiment que j'apprécie particulièrement lors de ce genre d'évènement. Je serais peut-être le nouveau Steve Jobs ou le nouvel Elon Musk, qui sait ?

Vient le moment des questions, on commence par les questions habituelles sur ma réussite malgré mon jeune âge, puis mes actions philanthropiques. Ensuite, on parle de ma réussite, puis de l'avenir que je vois pour ma boite. Après quelques questions sur le sujet un homme prend la parole et commence à me parler de choses étranges. Puis il sort un pistolet et tire plusieurs fois, je dirais cinq fois. Tout se passe très vite, Anthony qui se jette sur moi pour me mettre à terre et je vois les agents de sécurité voulant riposter aux tirs puis l'homme, mais celui-ci utilise la dernière cartouche de son arme pour se la coller sur la tempe et appuyer sur la détente. Je le vois ensuite tomber par terre. Enfin, vient le Néant.

Tout est noir, toujours noir, seulement noir. Je ne sais pas combien de temps est passé, je ne sais pas si cela fait une semaine ou dix secondes qu'il fait noir. Petit à petit j'entends des voix qui se forment autour de moi. Tout semble brouiller, je ne sais pas si je connais le vois ou non. Je ne sais pas si je sais ce qu'elles disent. J'essaie de me concentrer sur ce que j'entends, j'essaie de faire abstraction de fais que je n'arrive pas à ouvrir les yeux pour me concentrer sur ce que je ressens avec mes autres sens. L'odeur n'a rien de particulière, ça ne sent pas bon ou mauvais, ça sent juste comme un endroit propre. Je n'arrive pas non plus à bouger mes membres pour le moment et me sens comme tout engourdi après une longue sieste, cela doit faire un moment que je suis allongé. Il ne me reste que l'ouïe, alors je fais de mon mieux pour comprendre la situation. On dirait que les voix sont en accélérées, comme si on passait un film plus vite que la vitesse prévue et que les phrases n'étaient plus qu'une suite de bruits inintelligibles. Puis à force de me concentrer je capte de mots, puis des bouts de phrases, puis enfin j'arrive à ouvrir les yeux.

Il y a mes parents à mon chevet ils appellent une infirmière et je vois Anthony au fond de la pièce qui se rapproche et je suis rassuré, il n'a rien, même pas une égratignure. Quoi qu'il en soit le plus important est qu'il est en vie et moi aussi.