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14:27
Plus que trois minutes.
C'est décidément vraiment long.

" - La psy : Amélie, salut. Aller, vient, suis moi."

Je la suis dans le même bureau habituel où je la vois depuis maintenant 5 mois. Chaque semaine, même heure, même jour : samedi à 14:30.

" - La psy : Alors, comment ça va depuis la mort de tes frères ?
- hum.. Bah pas top. Je comprendrais pas pourquoi j'irais bien alors que je sais que les seuls personnes qui me maintiennent en vie sont mortes. Enfin maintenaient.
- La psy : Oui je comprends.
- Vous avez perdu des proches vous ?
- La psy : Oui, mes parents.
- Oui mais c'est a cause de l'âge je suppose, ils sont pas morts par accident et ils étaient pas les personnes qui vous faisiez vivre ?
- La psy : Non en effet. Mais je peux comprendre.
- Non vous pouvez pas comprendre la douleur que je ressens. Là, personne ou même rien ne me maintient en vie et d'ailleurs je sais pas ce que je fais encore là. Je vivais pour mes frères. Pour éviter qu'ils soient tristes je ne me suis pas suicidée mais un jour j'ai failli. Je me souviens de la fois où j'étais allongé dans la baignoire avec du sang qui coulait a flot de ma cuisse et de mon bras. Je me sentais partir et j'étais heureuse. Puis après j'ai pensé a mes frères et je me suis imaginée leurs réactions. Et à ce moment je me suis dis que je ne pouvais pas faire ça. Alors je me suis levée, j'ai pris des compresses et je me suis soignée comme je pouvais. Et depuis ce jour, je continuais de me mutiler mais je faisais ça avec moins de profondeur. Jusqu'au jour où un de mes frères ait vu mes marques. Toute la famille les a vu : ma mère, mon père, mon frère et sa copine. Vous voulez savoir ce qu'ils ont dit ? Ma mère m'a dit que j'avais qu'à me suicider, de prendre un flingue et de m'exploser la cervelle et que si je le faisais pas, elle allait me mettre dans un asile. Mon père lui n'a rien dit, a part que c'était pas bien. Non jure j'étais pas au courant ! Et mon frère, lui le seul, mon frère m'a dit que je devais pas recommencer et il m'a défendu de ma mère. Il a dit, arrête de dire ça, si un jour elle le fait, tu rigoleras moins. Alors c'est a ce moment que j'ai essayé de m'arrêter. Mais c'était trop dur. Alors je continuais sur ma cuisse pour pas que ça se voit. Et depuis ce jour, mon frère a toujours était là à me demander comment j'allais, si je voulais parler... Il m'a soutenu dans tous mes choix et surtout pour l'école. Car j'ai pas mal de difficultés et mes profs me mettaient des bâtons dans les roues alors j'en avais marre, je disais que j'allais jamais réussir. Puis il prenait exemple sur lui, comment il avait réussi à remonter la pente et survivre dans le monde des études. Alors ça me donnait du courage. Et j'avais même presque arrêté de me mutiler. Jusqu'à aujourd'hui.
- La psy : Donc tu as recommencé ?
- Oui, c'est comme une addiction. Une drogue ou même une maladie, la dépression surtout, on croit ne plus en être atteint mais elle revient dans les moments où l'on s'en attend le moins. A chaque fois que je crois que j'en ai fini avec ça, il suffit d'une seule chose négative pour que ça recommence. Encore. Et encore. J'en peux plus de cette vie. Combien de fois j'ai fais des plans pour pouvoir me suicider ? Combien de fois j'ai failli perdre la vie ? Combien de fois j'ai voulu mourir ? Vous pouvez me dire que je dois être plus forte et que la vie est comme ça. Mais non, à aucun moment vous pouvez savoir ce que je ressens, ce que je vis à longueur de journée. Non personne ne sait, car personne ne ressens les mêmes sentiments au même degré. Moi, je me connais et je sais que là j'approche le fond.
- La psy : D'accord. Bon, je pense qu'on a fini.
- Oui. Je pense aussi.
- La psy : Bien,..  alors à la semaine prochaine.
- Au revoir."
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Je suis enfin arrivée chez moi. J'entre dans l'appart et je vois ma mère entrain de frapper la table à manger. Oula qu'est-ce qu'il se passe ? Elle se retourne et me regarde. Putain c'est de pire en pire ou quoi, cette journée ?
Autour d'elle se retrouve les chaises de la table étalées par terre de manière tout sauf ordonnée. J'en déduis donc que c'est elle qui a fait tout ça.

"- Qu'est ce qu'il se passe ?
- Rebecca : Laurent ! Je le déteste !
- Pourquoi ?
- Il a osé me quitter ?! Par message ?! Il faut que je le vois, je vais chez lui, je l'attendrais s'il le faut."

Elle prend son sac a main et se dirige vers moi, elle me bouscule violemment pour passer a travers la porte.

Ça pu la merde tient... D'ailleurs le Laurent, je le comprends. Je sais pas comment il a fait tout ce temps pour sortir et supporter ma mère.
Ma mère est... comment dire, la pire de connasses. Vous devez me trouver horrible et méchante mais c'est la vérité. Laissez moi vous expliquer :

Elle m'a déjà frappé pleins de fois, tellement que je ne peux pas y compter.
Elle m'a déjà insulté de tout les noms.
Elle fait que de me rabaisser
Elle est genre pas du tout ouverte d'esprit.
Elle reproche plein de de trucs à tout le monde alors que c'est elle qui a fait les conneries.
Elle est insupportable, grosse hypocrite et elle est pas du tout calme. Elle part toujours au quart de tour.
Elle est très violente et elle a vraiment aucun respect pour qui que ce soit.
Elle se croit supérieure aux autres.
Ah oui et le plus important, c'est a cause d'elle que je suis en dépression depuis 4 ans maintenant et c'est aussi a cause d'elle que je me suis mutilée.
Comme quoi, j'ai tout pour l'aimer !
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Il est 23h17, et elle est toujours pas rentrer. C'est louche, alors soit elle a réussi encore une fois a avoir une seconde chance et elle dort chez lui ou alors elle c'est fait vraiment larguée et elle est je sais pas où. Sûrement devant sa maison entrain de chialer.
Et dans un cas c'est cool pour moi et dans l'autre c'est la bamboula. Génial !
Donc j'ai une chance sur deux qu'il reste avec elle et que je survive dans cette vie encore quelque temps heureuse.
Je crois que c'est l'heure de prier.
J'ai clairement pas envie de savoir.
Et si je dis tout ça c'est parce que, comme ce que j'ai dis a la psy, Laurent m'a sauvé de son "emprise" si je peux appeler ça comme ça. Parce que, madame est contente du coup elle ne me fait pas chier et quoi que, des fois quand il est pas là bien sûr, elle s'acharne encore sur moi. Mais la plupart du temps ça va. Mais là, si il est pas là et en plus il s'est vraiment cassé, bah là je peux vous assurer que je vais en prendre plein la gueule.
Bref tout ça pour dire que ma vie est entre ses mains.
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AS

Maybe it's destiny Où les histoires vivent. Découvrez maintenant