En effet, quand j'habitais à Paris, j'allais dans un lycée aussi grand que le village où je vis actuellement. Là-bas, j'avais toute une bande d'amis, plus gentils et cools les uns que les autres. Et il y avait Mao. Mon Mao. Enfin, c'était avant la tragédie. Un mardi, vers 17h je crois, on venait de quitter les cours. Il faisait chaud, très chaud même. Mes amis étaient partis depuis peu de temps, me laissant seule avec Mao, au milieu d'une foule de lycéens dégoulinant de sueur. Je me souviens encore lui avoir demandé s'il voulait boire quelque chose, avec petite voix ridiculement plus aiguë que d'habitude ; vous savez, quand vous êtes tellement heureuse et paniquée que le son de votre voix ne sort pas correctement. « Merci In, T'est la meilleure » m'avait-il dit sur un ton léger, me laissant des papillons dans le ventre.
Je m'étais alors dirigée sereine vers le distributeur, tout en espérant que j'allais passer le reste de l'après-midi avec Mao. Pendant que je payais et récupérais les deux boissons, j'ai senti comme de l'agitation dans mon dos. dès que je fu retourner, tous allaient trop vite dans ma tête. Il était au milieu d'une bande de gars vraiment grands et était en train de se débattre avec une force incroyable... mais malheureusement il n'était pas assez fort pour gagner contre les 5 brutes qui le frappaient simultanément. Avant même que je m'en sois rendu compte, j'ai lâcher les boissons qui explosèrent au sol et je me mis à avancer, presque courir dans sa direction. Je sentais le sang battre dans mes tempes et le rythme de mon cœur affolé comme bruit de fond.
Il me l'avait dit. Il s'était embrouillé avec un des membres de l'équipe de rugby dont il fait partie. Celui-ci avait volé de l'argent à l'entraîneur donc Mao, comme il l'avait vu, il était allé le dénoncer. Il avait été la cible de menace mais m'avait dit de ne pas m'en faire, que c'était régler puisque le voleur et ces quelques complices avaient été virés. Quelle idiote j'étais, cette histoire ne pouvait pas se régler aussi facilement!
Le temps que j'arrive jusqu'à Mao, une "troupe" de personne s'était formée autour pour savoir lequel sera le vainqueur. Avec ma petite taille, j'avais l'impression d'être aussi puissante qu'une souris... J'avais tout de même réussi à passer au premier rang. Et là mon cœur avait manqué un battement. Son visage, d'habitude si rayonnant et beau, n'était plus qu'une vulgaire figure couverte de sang et boursouflée par les coups porter par ces agresseurs. Couché au sol, il avait tenté de se relever. Le chef tenait dans sa main quelque chose que je n'arrivais pas à reconnaître. Le soleil, caché jusque-là par les nuages venait de réapparaître. Un reflet... Non non! Une lame! Des larmes avaient commencé à perler sur mes joues, passant sur mes lèvres me laissant un gout salé dans ma bouche. L'homme armé avait frappé dans l'abdomen de Mao. Quand j'étais tombé à genoux à coté de lui, ses agresseurs étaient déjà partis en courant loin de la scène. Heureusement, la lame n'était pas énorme mais la blessure était assez profonde. Je me souviens encore de l'odeur âcre du sang qui coulait sur mes mains. À cette pensée, je réprime un frisson de dégoût.
Je ne savais plus quoi faire. Attendre les pompiers, qui arriveraient sans doute trop tard ou agir. Mais après un dernier coup d'œil, le voyant souffrir comme ça, je ne pouvais ne pas le faire . Je savais. Je l'avais déjà fait par le passé, mais ça remontait à très longtemps et j'avais peur que ça ne fonctionne plus. Mais je serais capable de tous pour le sauver. Je commence alors à soulever son tee-shirt afin de mesurer les dégâts. À la vue de sa chair meurtrie, mes larmes redoublèrent d'intensités, brouillant encore plus ma vue. L'hémorragie ne s'arrêtait pas. J'étais terrorisée mais grâce à l'adrénaline due à l'action, j'arrivais à rester un minimal concentré sur mon « travail » que sur les cris de panique qui m'entourait. J'avais alors posé mes mains sur la plaie, sentant la chaleur qui s'en dégageait. J'avais fermé les le plus fort possible et me mis à chuchoter la simple phrase que me permettrais d'agir.
« Invoco te,inter orbis terrarum vitae et mortis, pro sanitatem »
Grâce à mes maigres connaissances en langue, je savais que c'était du latin mais ne me demander pas comment je savais que c'était, la dernière fois que je l'ai fait, elle m'était venu instinctivement.Alors, une sensation de chaleur se logea dans mes mains et ma tête commençait à tourner mais je ne pouvais pas abandonner maintenant. Pas si près du but. Je sentais des picotements dans tous mon corps, ce qui signifiait que ça marchait. Puis, je sentis tout un tas de regard sur moi. Un long silence pesant tomba alors. Quand j'avais rouvert les yeux mon impression fit valider. Mais je n'y prêtais pas attention. J'avais alors rapporté mon attention sur Mao. Je pouvais voir les extrémités de sa plaie se refermer lentement, ne laissant qu'une fine ligne rosée. Quand il avait recommencé à bouger et reprendre connaissance, une vague de soulagement m'avait anéanti et je m'étais alors rendu compte que mes mains tremblaient et que j'étais fatigué comme si je n'avais pas dormis depuis une semaine. J'avais alors relevé les yeux vers toutes les personnes que s'étaient attroupé autour de nous : tous c'est regard qui part avant ne m'avais jamais frôlé, me dévisageais maintenant. Certains c'étaient même évanouies ou prises la fuite comme s'ils avaient vu un monstre. Voilà ce que je suis. Un monstre. Mais ce qui m'a le plus détruit ce jour-là, ce n'était pas tous ces regards haineux et effrayé, mais le sien. Celui de Mao. j'étais assez proche de lui pour voir que ses yeux étaient dilatés d'horreur. Mais ce n'est pas tout. L'expression de son visage ne faisait ressortir que de la peur mais aussi du dégoût. Ce regard qui était autrefois mon repère et ma chaleur n'était plus. Remplacer par celui-ci. Froid comme la glace et dur comme la pierre. La panique monta en moi et, dans un geste désespéré, j'avais tendu la main vers lui. Mais au lieu de la saisir comme je l'espérais, il eut un mouvement de recul. Mon cœur n'était plus qu'un énorme gouffre, aussi profond que mon chagrin. Les larmes sur mes joues coulaient à flots.
« -Par...pardon, avais-je susurré »
Le dernier. Le dernier mot que j'eus adressé à l'homme qui avait fait battre mon petit cœur et qui m'avais fait vivre heureuse.
Je m'étais finalement levé pour sortir du cercle. À mon passage, ils s'écartèrent tous de mon chemin comme si que le fait de se trouver à moins d'un mettre de moi pouvait les contaminer ou même pire, les tuer.Les jours que suivirent ont alors terminé de m'achever
« Dégage le monstre ! Personne ne veut de toi ici sale sorcière ! »
Cette phrase. Partout. Sur mes livres, ma table ma chaise, mon casier. Plus d'amis. Plus de Mao.La fin de la semaine n'était même pas arrivée que nous faisions, ma famille et moi, nos cartons pour quitter cet enfer. Mon enfer.
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Unique, The Escape of Hope (Tome1) |en pause momentanément|
Teen FictionInae est pas comme les autres, et cela va la conduire a une vie difficile où elle se fait rejetter. Mais un jour elle se fait enlever par une "secte" qui dit aider les surnaturels. Mais est-ce la vérité ? Elle ne le sait pas, comme tous les autres...