BREGAN JACKSON

《 6 》

Affalé sur le canapé, Bregan regardait infiniment les images numériques défiler sous ses yeux. Cela devait bien faire une bonne semaine qu'il n'était plus allé en cours imposé face au monde. Ashley n'était plus. Elle avait joué un rôle depuis le début. Elle avait porté un masque. Il se sentait trahi.
Ama, quant à elle, s'était inquiété de son état, essayant à plusieurs reprises de pénétrer dans son cocon qu'il avait créée. Peine perdu. Bregan avait été aussi silencieux qu'une carpe et avait fermé la porte à clé; comme l'avait été Ashley dans les vestiaires à ses questions muettes.

Depuis ce jour, il n'avait plus eu de ses nouvelles pour avoir une quelconque explication car au fond de lui, il espérait de tout coeur qu'il y avait une raison à tout cela même s'il y croyait de moins en moins à force que le temps passait.
Pour Mike, c'était pareil. Il n'avait plus eu de ses nouvelles. Lui aussi avait disparu de la population même si, en fin de compte, c'était Bregan lui même qui s'était réellement isolé.

Dehors, la nuit commençait déjà à tomber et à pointer le bout de son nez alors qu'il n'était qu'à peine 17h 30. L'hiver était déjà tombé sur la ville. Il ne manquait plus que la couverture blanche recouvrant le pays.

Tout les occupants de la maison avaient disparu pour prendre plaisir au cinéma. Lui, il était resté, mangeant le dernier plat préparé devant un vieux film en noir et blanc qui passait à la télé. En terminant son assiette, il prit un élan surhumain pour se lever et débarrasser son assiette avant de venir s'habiller chaudement pour affronter le froid de l'hiver.
C'était à son tour d'aller faire les courses cette semaine.

Après avoir traversé le froid dans les rues sombres de la ville. Bregan vit enfin la supérette dans son champ de vision et trotina rapidement pour atteindre la source de chaleur qu'était le bâtiment. Il était vraiment sensible au froid.

Après avoir traversé les portes électriques et s'être emparé d'un panier d'un vert délavé, Bregan débuta sa promenade entre les rayons du magasin à la recherche de nourriture qui lui semblait convenable. Sur ce point, sa famille d'accueil lui faisait au moins confiance.

Bregan commença dans les rayons frais, attrapant majoritairement des plats préparés dans des boîtes plastiques toutes aussi différentes les unes aux autres. Même si le contenu n'était pas seine, c'était plutôt comestible ces trucs là.

Après une longue balade entre les rayons du magasin, en tournant à une intersection, le blondinet tomba nez à nez avec Mike et laissa échapper un couinement de souris tandis que son panier rencontra le sol. Il avait tenté de le rattraper mais en vain, tout avait fini par se répandre sur le carrelage froid de la superette. Plusieurs clients s'arrêtèrent ou d'autres apparurent, intrigués et avertis par le bruit sourd des aliments contre le sol. Heureusement, tout était en plastique ou en boîte de conserve donc aucun dégât très grave. Pas de verre cassé. 
Bregan jura en se précipitant pour ramasser ses courses un peu éparpillés dans l'allée. Il ne donnait pas cher de l'état des plats préparés. Il allait expliquer tous ça en rentrant.

- Pardon. Je ne voulais pas te faire peur, s'excusa Mike en aidant le blondinet à remettre ses courses dans le panier qui se remplissait de plus en plus à chaque fois que les deux jeunes hommes ramassé les paquets.

Bregan ne répondit qu'avec un haussement d'épaule en soulevant son panier après que celui ci soit rempli. Il n'avait pas spécialement envie de parler aujourd'hui. Pas contre Mike bien évidemment. Mais le jeune homme n'était pas dans son assiette et ne voulait pas partager sa souffrance à la seule personne qu'il considérait encore comme son ami, par peur d'être un trop gros poids lourd pour les larges épaules de Mike. Il ne voulait pas le faire fuir, pas lui.

La tête baissé, Bregan essaya de s'échapper en lâchant un simple salut et se dépêcha de dépasser le jeune homme en face de lui pour rentrer rapidement chez lui et s'enfermer de nouveau dans sa chambre pendant une semaine. Mais son camarade vit les choses autrement. Il lui attrapa son bras en regardant le blondinet avec détermination.

- Je dois te parler.

Bregan resta muet et immobile face au brun. Il attendait.

- En privée..., précisa plus doucement son camarade en jetant des coups d'oeil furtif autour de lui.

De quoi attiré sa curiosité.

C'est après avoir payé ses courses que Bregan suivit son ami dans les rues plus que sombres et peu éclairés de la ville. Bregan détestait traîner dans ce genre de lieu. Qui dit qu'il n'y aurait pas un délinquant du lycée qui debarquerait par magie à ses côtés pour le torturer jusqu'à ce que mort s'ensuive.

- Ici, c'est bien, informa le brun en s'immobilisant en plein milieu de la rue.

Bregan déposa alors ses sacs de courses au sol en s'étirant les bras et les doigts pour faire disparaître la douleur qui naissait à cause du poids des aliments. Mike lui avait proposé plusieurs fois son aide mais Bregan avait gentiment décliné sa proposition.

- Bon. Qu'est ce que tu voulais me dire ? Ce n'est pas que je n'aime pas ta compagnie, au contraire. Mais ma famille va s'inquiéter...

Un jour, il devrait vraiment arrêter de mentir. Surtout face à quelqu'un dont il aimerait qu'il se passe plus qu'une simple amitié.

Soudainement, sans que Bregan se rende compte que son camarade se soit approché, le jeune homme se sentit partir en avant et percuter le torse de Mike. Puis vint s'enchaîner une vive douleur dans sa nuque. Il lui fallu de longues secondes pour comprendre ce qui se passait tandis qu'il sentait ses forces le quitter.
Mike le mordait.