Chapitre 1-2

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Gardant le silence, le chef de service arrêta sa course après s'être avancé jusqu'à la porte.

— Bonne soirée, Oscar, conclut-il toujours dos à moi. N'oublie pas, réunion à dix-huit heures.

Puis le silence revint comme avant que Léonie ne fasse irruption dans le centre d'appel. Mes pensées reprirent là où elles s'étaient arrêtées et mon regard se replongea dans le clignotement régulier de la messagerie du numéro.

Le douze-quarante-six. Une suite de quatre chiffres qui, vraisemblablement, pouvait être mémorisée sans trop de difficultés.

Mes amis me taquinaient souvent sur mon manque de patience avec les autres. Que ce soit par des élèves ou d'autres acteurs de mon école, j'ai très vite hérité de l'étiquette de l'impatient. C'était mérité, je l'étais au sens premier où l'on pouvait l'entendre : je voulais tout et maintenant.

J'avais conscience de ce défaut, mais la nature m'avait fait ainsi. Je n'aimais pas attendre, encore moins quand ce que je désirais n'allait pas dans mon sens. Heureusement pour moi, je n'eus encore aucun ennui à cause de cela ! Peut-être que mes camarades de classe étaient simplement assez mâtures pour ne pas m'en tenir rigueur. Puis nous avions tous nos petites parts d'ombre... Mais je leur en étais reconnaissant. Ils me supportaient.

Et j'étais d'autant plus agaçant lorsqu'il s'agissait de monsieur Paul.

A moitié perdu dans mes pensées, je supprimais les individus qui n'avaient pas tenté de nous appeler plus d'une fois. Je n'aimais pas ce procédé, certains parmi eux avaient très certainement besoin d'aide, mais les consignes étaient là. Seuls les numéros qui avaient insisté allaient être conservés et révélés, pour que nous puissions les rappeler.

L'anonymat s'arrêtait ici. Ce n'était que lorsqu'un infortuné semblait en danger que nous devions dévoiler son identité afin de l'aider. Les autres messages étaient supprimés. Nous ne pouvions nous permettre d'ignorer d'autres appels pour des personnes qui se portaient bien. Le but était simplement d'optimiser au mieux le temps que nous consacrions à l'association.

J'y venais tous les soirs aux alentours de dix-sept heures, après que mes cours soient terminés. Plus souvent en ce mois d'août.

Pourquoi ne pas servir une bonne cause quand je n'avais rien à faire de mes journées ?

Cela me donnait l'impression de servir à quelque chose en attendant la rentrée. J'allais bientôt entrer en deuxième année de classe préparatoire et espérais intégrer ensuite une école de physique appliquée. Les horaires étaient difficiles mais j'adorais ce que j'étudiais. Cela me prenait beaucoup de temps, certes, mais j'insistais vraiment pour venir au centre. J'en ressentais profondément le besoin.

Epluchant les appels manqués, je vis qu'un seul individu avait essayé de nous contacter à plusieurs reprises. Quatre fois, exactement. Je tirai alors un morceau de papier pour y griffonner les date et heure auxquelles il nous avait contacté.

Je sortis rapidement de la salle et interceptai un de nos secrétaires qui passait justement par là.

— Excusez-moi.

L'homme se tourna, un sourire presque timide dessiné sur la bouche. Nous ne nous connaissions que de vue, même si je devais logiquement l'avoir déjà croisé dans l'enceinte du bâtiment.

— Oui ?

— Je peux vous confier ce papier ? demandai-je. Je vais devoir le rappeler.

Le jeune homme prit le morceau de feuille dans ses deux mains.

— Il a tenté d'appeler plusieurs fois ?

— Oui, oui. Quatre fois.

— D'accord, dans ce cas. Je vais faire de mon mieux pour le retrouver.

Je le remerciai alors d'un ton presque inaudible. Heureusement, tout le monde n'était pas comme le chef de service. Les bénévoles débordaient de générosité !

Si l'association comptait aujourd'hui près de cent-sept membres, nous étions que seize participants lorsque j'avais rejoint le projet. Les fondements étaient déjà posés, mais nous n'avions pas encore tous ces services que nous pouvions désormais proposer — des réunions anonymes, une cantine, un centre d'appel, un psychologue, et bien d'autres encore. Nous ne cessions de nous développer.

— Je te souhaite une bonne soirée, alors, Oscar.

— Bonne soirée.

Puis il s'en alla aussi rapidement qu'il était venu.

Il connaissait mon prénom ? Si Léonie était passée au même moment, j'étais persuadé qu'elle m'aurait fait une réflexion sur lui, ou peut-être sur le fait que mes joues soient devenues rouges.

J'aimais beaucoup ce que dégageait ce garçon. Il semblait être d'une extrême gentillesse. Puis il était surtout très beau. Ses cheveux blonds coiffés en épis au-dessus de sa tête lui donnaient un air enfantin, à l'inverse de sa mâchoire carrée qui donnait à son visage un aspect plutôt adulte. 

Un garçon charmant qui avait le cœur sur la main ; cela prouvait encore que l'homme idéal existait toujours bel et bien.

Dix minutes que j'étais arrivé ici, et je n'avais toujours pas commencé mon service. Il fallait que je travaille un minimum avant de devoir mettre mon activité de côté afin d'aller à cette fichue réunion. Encore un discours inutile du vieux directeur qui ne fera certainement pas avancer les choses.

Je pressai mes doigts sur les tempes, tentant de faire passer ce mal de crâne qui persistait, et fis demi-tour pour retourner sur ma chaise. Ce n'est qu'à ce moment que j'aperçu l'écran jaune verdâtre du téléphone qui était allumé.

Un infortuné venait de composer notre numéro.


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Merci  d'avoir lu !! La palette des personnages se remplit doucement. Que veut la personne qui est en train d'appeler ? 

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Carrés Blancs [SOUS CONTRAT D'EDITION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant