Chapitre 23

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Je me levai à grande peine. Je cherchais des yeux mon sac de survie. Je ne le vis pas, où était-il ? Je tremblais encore. J'avais des égratignures partout. Je n'avais pas de blessures graves, seulement une plaie au bras qui ne semblait pas trop profonde. Je pris dans mon sac de quoi me faire un bandage. J'avais eu de la chance, je n'avais rien de cassé. Puis je me souvins de la fille. Elle était allongée quelques mètres plus loin, immobile. Je me précipitai vers elle. Heureusement elle respirait encore.

-C'est comment ton nom ? lui demandai-je.

-Ma... Manon, chuchota-t-elle.

-Tu peux te lever tu penses ?

-Je vais essayer, me répondit-elle.

Elle prit appui sur le sol, je lui tendis la main et je la soulevai d'un coup. Elle poussa un cri et faillit retomber, je la retins par la taille.

-Ma jambe !

Merde, pensai-je. La jeune fille ne semblait pas pouvoir s'appuyer dessus. Je réfléchis, le mieux à faire maintenant était de rejoindre les autres... Mais comment ? Bon je verrai ça plus tard. Je regardai le chrono de la montre qu'on nous avait donné. Il indiquait 6 jours 23h 57 min et 35 secondes. Ok. Je sortis le plan, 250 km, ouah je n'avais pas intérêt à traîner. Je fixai la croix rouge de départ sur la carte. On ne devait pas être très loin. Le problème c'est que j'avais beau lever les yeux, je ne voyais que de gigantesques arbres autour de moi. Très pratique pour se repérer surtout que la forêt entière était constituée d'arbres. Je regardai à nouveau le plan, il devait bien y avoir quelque chose qui ferait la différence. Oui, j'aperçus une rivière en amont vers le nord. Parfait c'est là que tout le monde devrait aller. En effet comment survivre sans réserve d'eau ? Je m'emparai de ma boussole, je la posai sur le plat de ma main. L'aiguille tourna avant de se stabiliser indiquant le nord, droit devant moi.

-Tu ne vas pas m'abandonner hein ?

Je me retournai vers Manon, des larmes coulaient le long de ses joues. Si je la laissais ici elle ne survivrait pas longtemps.

-Bien sûr que non. Viens monte sur mon dos.

J'étais consciente qu'ainsi j'avancerais beaucoup moins vite mais je n'avais pas le temps de fabriquer un brancard improvisé. Nous allions prendre du retard il fallait juste espérer que les autres aient attendu. La jeune fille monta sur mon dos, je calai donc mon sac devant moi et je commençai à marcher suivant la flèche rouge de ma boussole.

Cela faisait maintenant plusieurs heures que j'avançais, la fille sur mes épaules. J'avais dû faire plusieurs haltes pour me reposer. Il faisait une chaleur atroce. Je comprenais maintenant l'équipement léger prévu par Simon. D'après le plan je ne devais plus être loin. J'espérais juste arriver avant la tombée de la nuit.

Pour une énième fois je dû faire une pause. Je ne pouvais pas continuer, mon dos me faisait horriblement mal. Je m'assis et je m'appuyai contre un arbre. Manon fit de même. Je me laissai le temps de souffler. Je suais à grosse goutte. C'est fou ce que la chaleur peut fatiguer. Je m'autorisai à fermer les yeux.

6 jours 10 heures

Lorsque je les rouvris la nuit tombait. Merde. A cette heure-ci ils devaient tous avoir atteint la rivière. Je me levai, repris la fille sur mon dos et nous repartîmes. Je ne voyais presque rien et je manquais de tomber tous les dix mètres. Je me répétais en boucle que nous allions bientôt atteindre la rivière. La jambe de la fille semblait s'être aggravée. Elle se plaignait en permanence d'avoir mal. J'avais bien des antidouleurs mais je préférais les préserver pour des cas plus graves, par précaution. Puis c'est alors que je vis de la fumée s'élever entre les arbres. Ouf ! J'accélérai le pas, ils avaient dû camper près du fleuve pour la nuit. Au moins ils étaient encore là. Puis j'entendis le bruit de l'eau agitée, l'écoulement d'un ruisseau proche. Je me fiai au bruit et je débouchai devant la rivière. Elle était bien plus grande que je ne l'imaginais, large et tumultueuse, infranchissable à pied. Je marchais le long de la rive en direction de la fumée. Nous y étions. Je distinguai d'abord une tente puis deux, puis trois, plus d'une dizaine au total. Ils y étaient tous arrivés. Je me mis presque à courir. Ils ne me virent sans doute pas arriver car ils ne se retournèrent pas lorsque je m'approchai.

Ma Pierre de luneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant