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C'est le ventre gonflé, tiraillé par l'afflux de nourriture que j'écris ces mots. Des mots d'espoir. Des mots de guerrière. Parce que j'avoue d'une voix claire et nette que j'avance. Et je n'ai pas honte. Pas honte de dire que je me bats. Je place mes points pour faire reculer cette maladie vicieuse. Je m'accroche. Parce qu'on ne devrait pas avoir honte de dire que l'on veut s'en sortir. Je mérite de m'en sortir. Je le mérite car je suis humaine. Humaine comme toute autre. Tout le monde mérite d'être heureux. En tout cas, je le pense. Alors pourquoi me priver de quelques parcelles de joie. Les larmes me viennent quand je pense à cet amont de calories que j'ai ingéré mais, se faire du bien passe d'abord par l'alimentation. Ce ne sont pas seulement des chiffres que j'avale mais, des bouts de vie. Dans le monde de l'anorexie, on parle de « kilos de vie ». Et c'est vrai. Tous ces kilos enlevés, c'est des lambeaux de vie que la maladie m'a arrachés. L'anorexie me vole tellement. Elle me vole des instants de jeunesse, des éclats de rire. Elle me vole de la liberté sous sa forme la plus belle. Elle me prive de l'autonomie de jouir pleinement du soleil, de la vie à l'extérieur. Elle m'éloigne de mes plus belles passions. Elle me bloque, elle me sature et elle finit par m'insupporter. Penser au chiffre sur la balance demain matin me fait monter les larmes aux yeux mais j'essaye de surpasser cette douloureuse épreuve. Après tout, manger est normal pour 95 % de la population sur Terre. Alors pourquoi pas moi ? Je ne sais pas de quoi sera fait demain. Peut-être que quand je me retrouverai seule, sans pilier, sans raison extérieure pour me battre, mes démons referont surface. Mais aujourd'hui, à l'heure où ces mots s'affichent sur mon écran d'ordinateur, j'ai envie de chasser cet intrus. Cet intrus vicieux qui s'est insinué depuis bien trop longtemps dans ma tête. Ce soir, j'ai envie de crier haut et fort que je suis suffisamment puissante, habile, courageuse pour enrayer ce fléau qu'est l'anorexie. Pour mon copain, pour ma famille. Pour moi tout simplement.

Aujourd'hui était un joli jour. Joli parce qu'il faisait beau. Joli parce que j'ai souri. Joli parce que j'ai avancé CONTRE la maladie et non pas POUR cette maladie. Parce qu'aujourd'hui, il était là. Et qu'il a été ma force. Son regard amoureux m'a ramenée vers la terre ferme. La force de son amour m'a poussée à lutter. Parce qu'il y croit et que j'ai envie d'y croire. Pour lui. Pour moi. Pour notre couple. Pour souder nos deux coeurs, nos deux corps, nos deux âmes.

Parce qu'on se tire tous les deux. Parce que peut-être que grâce à cet élan, on s'élèvera jusqu'aux étoiles. Peut-être qu'à nous deux, on finira par réaliser nos rêves.

Peut-être que finalement, je l'aurai ma médecine.

Médecine du CoeurWhere stories live. Discover now