Il y a visiblement des choses qui ne tournent pas rond chez moi. Il faut dire que là dans ma tête, c'est un peu le bordel. Tout se bouscule et s'agite dans mon cerveau. Mais mon corps ne réagit pas. Vouloir s'en sortir et continuer à vomir. Vouloir s'en sortir avec cette envie de se détruire en permanence. Parce que je me lasse de ce petit manège, parce que je veux en voir la fin mais que j'en suis toujours au même point. Elle est là toute la complexité, l'ambivalence de ma situation. Je veux m'en sortir autant que je veux plonger, toujours plus bas.
Mon corps, mon coeur est partagé en permanence. Mais visiblement, c'est toujours la même partie qui gagne, celle de l'annihilation de la personne ingrate que je suis.
Et je voudrais tellement être comme les autres. J'aimerais pouvoir me supporter. J'aimerais réellement croire que je ne suis pas cette mauvaise personne. Cette personne qui se fait du mal mais surtout qui fait du mal aux autres et ce, depuis toujours. J'aimerais tellement y croire. J'aimerais tellement agir pour moi, pour MON bonheur. Je voudrais tellement trouver ce chemin vers l'acceptation de soi, la guérison. Les troubles du comportement alimentaire me pourrissent la vie mais ce sont ces mêmes troubles qui me permettent de mieux me détruire. Parce qu'un jour, j'ai atteint un tel état de dégoût envers ma propre personne que j'ai décidé de maigrir. Changer de corps pour changer de vie. Avoir un corps plus mince, plus envié pour se sentir exister. Et puis se priver pour se faire du mal car, je me déteste. J'ai changé de vie. J'ai changé de vie certes mais pas pour le meilleur. J'ai changé de vie, chaque année je finis dans une chambre d'hôpital, hantée par mes démons toujours plus puissants. Ces démons qui sont devenus chroniques, comme une deuxième peau, une deuxième âme. Ces démons que je hais autant que je les cajole.
Et je me déteste encore plus quand je pense à tous les dommages collatéraux venus à cause de ces démons. Je me déteste quand je pense aux larmes qui ont été versées quand mes proches me voyaient m'anéantir. Je me déteste pour être tombée aussi bas : 46ème au premier semestre d'un concours très sélectif, quarante-trois kilos et toujours insatisfaite. Et je me hais quand l'image de ma sœur vient à mon esprit : dix ans déjà et elle a connu les fléaux de l'anorexie et elle en parle, elle en pleure, elle en souffre.
Au début, je voulais seulement me faire du mal. Au final, j'ai touché ma famille et bien plus encore.
YOU ARE READING
Médecine du Coeur
Non-FictionOn se cherche parfois. On cherche parfois nos rêves. Et parfois, on les trouve. On les trouve au détour d'une rencontre. Et parfois, ça nous explose en plein la face. On échoue, on s'en veut longtemps et pourtant, il y a de belles occasions que l'o...