Sokhna Diarra:Une benjamine pas si pourrie que ça...

Chap 32: Nouvelles réalités

                  Sokhna Diarra

Debout devant mes valises je les analyse une à une n’en croyant pas mes yeux. Comment est-ce qu’on peut fouiller les affaires des gens comme ça sans aucun scrupule ? S’il y’a une chose que tout le monde sait de moi c’est que j'ai horreur qu’on touche à mes affaires sans ma permission on me taxe même de beugué nii peul comme ma grand-mère.  Mais je m’en fou ce sont mes affaires et personne n’a le droit d’y toucher sans ma permission. Et le fait est que si tu déplaces ne serait-ce que ma bouteille de parfum je m’en rends compte.

Et là aujourd’hui chez mon oncle je me rends compte que toutes mes valises ont été ouvertes et fouillées. Je le sais puisque je les avais rangé moi-même avec l’aide de mes sœurs Rokhaya et Oumy Kalsoum. Vous vous rappelez ? Après la mort de ma mère quand papa voulait que je parte avec lui à Guéoul et que ta Rama m’ait demandé de faire mes valises aussi pour que Tonton Séni(le jumeau de ma mère et père de Djamila) puisse passer les prendre plus tard. Et que sa femme Mbayang avait dit que ma chambre m’attendait déjà.

Cette femme dont je ne connaissais pas encore la cruauté ce jour là. Cette femme et sa fille aînée Assy, oui encore elle, qui ont présenté à une jeune fille de 17ans un homme marié de 30ans qui l’a mise enceinte. Oumy Kalsoum m'a raconté cette histoire et je suis tombé des nues. Elle a été naïve à la limite bête mais quand même elle a toujours été attaché à Assy elle. Franchement, je savais que cette femme n’avait pas de rapports cordiaux avec la famille mais pour moi, c’était juste de petits problèmes entre une femme et sa belle famille. Le classique quoi dans la société Sénégalaise. Et je me disais que comme on était pas très commode comme famille à cause de nos sales caractères, peut-être que c’est pour ça qu'elle ne s’entendait pas bien avec ma grand-mère, Ta Rama et Rokhaya. Pourtant je croyais qu’elle  appréciait bien ma mère. Mais d’après ta Rama je me suis gourée  sur toute la ligne.

Le problème a commencé avec elle il parait. Maman et Tonton Séni ont 15ans d'écart avec Ta Rama. Du coup lorsque cette dernière a eu son Bac ils travaillaient déjà tous les deux et c’est mon oncle qui la prenait en charge mais sa femme ne l’a jamais supporté et comme Ta Rama ne se laisse pas faire il parait que c’était problème sur problème entre les deux. Jusqu’au jour où tonton Séni décida d’arrêter de la prendre en charge et l'a pratiquement mise à la porte. Bon, il lui a pris une location soit disant pour éviter les problèmes mais il a finalement émis l'idée selon laquelle il n’était pas le seul à travailler que Maman aussi devait participer. Pourtant il était bien plus aisé. Enfin bref, des problèmes dont je ne saisis pas vraiment tous les paramètres. Tout ce que je sais c’est que Ta Rama dit toujours que ma mère a été son père et sa mère et que ses relations avec son frère restent toujours platoniques.

Cependant tonton Séni était vraiment très proche de ma mère.  Je me souviens même que chaque Vendredi, il venait manger son Thiéré( couscous africain) chez nous. Et qu’il a même pris en charge le déplacement de ma mère pour Paris lorsqu’on lui a diagnostiqué le Cancer. Ils restaient des heures ma mère et lui à discuter dans la chambre de cette dernière. Peut-être est ce cette proximité qui dérangeait sa femme. Le fait qu’il ne prenait jamais aucune décision sans en parler d’abord à sa jumelle ? Pourquoi est ce qu’elle déteste ma mère ? Je croyais que seule Assy était à l'origine des manigances contre le mariage de Rokhaya ? Est-ce que ma mère était au courant de tout ceci ? Si oui pourquoi je suis ici bordel ? Qu’est-ce que je fou dans cette putain de baraque où on fouille les affaires des gens ? Qu' est-ce qu’ils cherchaient dedans. Une bombe ? De la drogue ? Pfff .

Je suis tellement sur les nerfs là maintenant. Ça commence bien vraiment très bien.

Je suis arrivée de Guéoul hier très tôt le matin après y avoir passé la dernière semaine de mes vacances. Tonton Séni avait une Conférence au Bénin, je ne l’ai pas trouvé à la maison. Mais ça m’arrangeait bien. J’ai dit à sa femme que j’avais beaucoup de courses à faire et elle m’a répondu un oui du bout des lèvres.  Je suis passé chez papa Karim récupérer mon uniforme . Oui c’est lui qui m’a inscrite. Et j'ai embarqué Kenza, sa fille Bejamine avec moi et Akey en direction de Sandaga à la Galérie pour nos pantalons d’uniformes et pour retailler nos chemises. Ba quoi ? Ce n’est pas parce qu’on porte des uniformes qu’on ne doit pas être stylé ( Toulaye KEBE voice). D’ailleurs c’est elle qui nous a fait découvrir cet endroit et les tailleurs vraiment doués qui y sont. Il faut juste trouver un tissu de meilleur qualité que celle de l’école et ils vous font des pantalons à la coupe impeccable. Et les chemises, choisir la plus grande taille pour pouvoir retailler à sa guise. Voilà ce qu’on a fait la journée d'hier avant de glander dans les rues de Sandaga toutes les trois. De toute les façons on ne se reverra pas avant le week-end prochain. Akey est à Saint Michel, Kenza à Mariste et moi à Nourou Tall.