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– Tu devrais lui parler, tu sais..., insiste Justine.

Ta meilleure amie te donne un léger coup de coude avec un regard insistant quand il passe à côté de vous deux. Tu te retournes en rougissant et tu tritures ta fourchette.

– Mae..., soupire-t-elle en secouant ses cheveux blonds mi-longs. Je suis sûre qu'il est à fond sur toi.

– Bien sûr que non, tu rétorques aussitôt. Lâche-moi un peu la grappe avec ça. C'est juste un béguin idiot.

– Oui, enfin, tu l'aimes quand même depuis la troisième, et on est en première. Il serait temps de te décider, non ?

– S'il te plaît, Ju, n'insiste pas.

– Okay, okay...

La blonde lève les yeux au ciel, au cas où tu n'avais pas compris son avis sur le sujet, et tu enfournes une nouvelle bouchée de pâtes dans ta bouche.

Tu n'y peux rien, toi, si tu n'arrives pas à lui parler – fichue timidité ! Mais si ce n'était que ça... À chaque fois que tu le vois, ton souffle se bloque, ton cœur tambourine si fort que tu as l'impression qu'il est audible de tous et tes jambes te lâchent. Comment veux-tu aligner deux mots dans un état pareil ?

De toute manière, une relation entre vous deux serait stupide. Tu ne sais pas mentir et le secret que tu caches est trop gros pour que tu le supportes plus de quelques jours.

Tu refermes machinalement ta main sur la montre à gousset passée au bout d'une chaîne autour de ton cou. Tu caresses du bout du doigt les gravures du vieux métal et le beau fermoir, puis ta main arrive sur le discret bouton situé juste en-dessous de la boucle, rond et lisse. Et instantanément, tu te détends.

– Eh, je te rappelle que ça, ce n'est qu'une alternative, s'exclame Justine en te faisant les gros yeux. Papa n'est pas content parce que tu l'as utilisé beaucoup plus que recommandé ces derniers temps.

– Désolée, tu marmonnes en triturant tes indomptables cheveux noirs et frisés. J'aimerais m'en passer mais je n'y arrive pas...

– Je sais, mais tu en fais un usage excessif. C'est censé t'aider, par t'enchaîner encore plus dans ta timidité. Fais attention, il pourrait te l'enlever si tu continues.

Tu pousses un cri et quelques têtes se tournent vers vous.

– Qu'est-ce qu'il se passe ? demande un élève.

– Sérieux, c'est pas déjà assez bruyant comme ça ?! grogne un autre en te fusillant du regard.

– Vos gueules, connasses ! braille une fille à la table d'à côté.

Tu devrais balbutier des excuses mais tu rougis et automatiquement, tu enfonces le bouton de la montre. Un geste discret que les autres ne remarquent même pas et pourtant, te voilà évaporée.

À l'endroit où tu étais il y a deux secondes, Justine soupire. La scène est revenue cinq minutes auparavant, juste avant que tu ne cries. Pourtant, contrairement à d'habitude, tu ne réapparais pas dans les secondes qui suivent.

Justine fronce les sourcils. Son téléphone vibre et elle le déverrouille.

De : Papa

À : Juju

Salut ma puce, j'espère que je ne te dérange pas. Il faut juste que j'aie une conversation avec Mae. Ne t'inquiète pas, elle sera à l'heure pour les cours suivants. Bonne journée.

La Montre à GoussetOù les histoires vivent. Découvrez maintenant