Rebounds

Chapitre 2: Nate

J'avançais toujours sur le chemin du retour. Plusieurs heures étaient passées depuis mon départ du lycée. Entre-temps, j'avais fait un détour à la supérette pour y acheter quelques provisions puis je m'étais dirigé vers le terrain de basket. Au loin, le mauvais temps s'était levé et d'imposants nuages noirs commençaient à envahir le ciel. Il faisait de plus en plus frais et de plus en plus sombre. Quelques minutes plus tard, les premières gouttes furent suivies de violentes bourrasques de vent. Au fur et à mesure que les secondes s'écoulaient, les gouttes étaient de plus en plus présentes, martelant le sol avec toujours plus de force, formant une mélodie  assourdissante. L'écran de mon téléphone affichait désormais dix-huit heures cinquante, quelques dizaines de notifications diverses et variées, allant d'Instagram à Snapchat en passant par celles de la NBA. Entre les deux, le lecteur de musique affichait "Without Me" de Eminem, à la fois un classique de la culture rap américaine et l'une de mes chansons préférées.
La pluie tombait toujours plus, l'herbe commençait à être gorgée d'eau et les rues se désengorgeaient des derniers passants.
Au loin, j'apercevais les lumières de la cuisine, allumées, perçant vaguement la pénombre, jusqu'à arriver à mes pupilles.
Une fois arrivé sur le pas de la porte, une agréable odeur de cookies venait nous caresser les narines. J'ouvris la porte du bout des doigts et me précipita vers ma chambre. J'aimais bien être seul, même si les membres de ma famille étaient sans aucun doute parmi les personnes les plus sympathiques et agréables de ce monde. Mon père était le PDG d'une énorme entreprise d'informatique présente à l'échelle internationale. Quant à ma mère, elle n'avait pas d'emploi mais elle avait, auparavant, travaillé en cuisine pour plusieurs restaurant cotés. Elle avait un don pour la cuisine et savait manier son art comme personne d'autre ne savait le faire. J'avais aussi un grand frère de dix-neuf ans et un autre frère, quant à lui plus petit, âgé de douze ans.
Ils avaient tous l'habitude de me voir m'enfermer dans ma chambre dès que possible et y rester pendant plusieurs heures, sortant de cette dernière uniquement pour aller en cours, aux entraînements ou aux matchs.

Chaque jour de la semaine qui suivit fut exactement pareil. Une routine était, petit à petit, en train de se créer autour moi. Je détestais la routine. Chaque fois qu'elle s'installait dans ma vie, elle créait des périodes d'ennui excessivement longues et comme l'a dit un grand écrivain un jour: "L'ennui c'est le cancer du temps".
Le vendredi , je finissais les cours à midi et ça me laissait toute l'après-midi pour aller jouer au basket. Je passai la porte quand soudain j'entendis quelqu'un m'appeler: " Eh Hayden ! Attends-moi !". Cette voix me semblait familière mais je n'arrivais pas à lui coller un visage. Au moment où j'allais me retourner, une main sur posa sur mon épaule. C'était la main de Nate, un gars de ma classe. Il était un peu plus grand que moi et il avait la même coupe qu'Odell Beckham JR mais en un peu plus court.
"Qu'est-ce que tu veux ?

- D'après ce que je sais, tu t'es inscrit au club de basket du lycée n'est-ce pas ?

- Oui, et donc ?

- J'ai beaucoup entendu Parler de toi au collège. Je me disais... Et si on allait se faire un petit match, juste toi et moi ? Histoire de voir ce que tu vaux vraiment, me dit-il d'un ton enjoué.

- Tu tombes bien, j'allais justement au terrain pour faire deux ou trois shoots.

- Et bah voilà, j'ai hâte de voir ce que t'as dans le ventre !"

On enfourcha nos skates et on partit en direction du terrain, faisant connaissance durant le trajet:

"Et donc comment as-tu entendu parler de moi, lui demandais-je.

- Bah en fait, au collège j'étais inscrit dans le club de basket de mon établissement et au fur et à mesure que les années passaient j'ai entendu ton nom revenir de plus en plus fréquemment. Les gens disent de toi que tu es le meilleur joueur de ta génération !

- Peut-être qu'ils ont raison mais je n'aime pas que les gens me voient comme ça...

- Et modeste en plus de ça ! En tout cas, j'ai vraiment hâte de commencer à m'entraîner avec toi, me dit-il avec un large sourire.

- Et moi donc !"

Nous venions d'arriver au terrain et, par chance, ce dernier était totalement vide.
Je regardai Nate et lui dit les mots suivants:

" Qu'on soit bien d'accord, je ne vais te laisser aucun répit, la première impression est la plus importante comme on dit.

- Ça me va, je vais en faire de même alors, on verra bien qui de nous deux l'emportera !"

Il prit place sur la ligne marquant le milieu du terrain et je me mis à une cinquantaine de centimètres devant lui.