Rebounds

Chapitre 3: Duel

Nous jouions depuis près d'une demi-heure, peut-être même depuis plus une heure.
Parfois les gens passaient à côté de nous, s'arrêtant quelques instants pour nous regarder jouer, se remémorant sûrement leurs souvenirs de jeunesse. D'autre fois, des filles de notre âge nous regardaient jouer et nous nous donnions tout les deux à deux cents pourcents pour les impressionner, comme n'importe quel jeune l'aurait probablement fait. La balle frappait le bitume d'une manière frénétique, créant ces doux sons que je connaissais tant. Malgré ma légère avance, ni l'un ni l'autre n'avait l'avantage sur son adversaire. Nate était un joueur exceptionnel dans un sport exceptionnel. Les actions s'enchaînaient rapidement, nous laissant peu de répit et nous savions l'un comme l'autre que le perdant de ce duel serait celui qui s'épuiserait en premier.
Pour la première fois depuis que j'avais emménagé ici, je me sentais pleinement vivant. Les émotions envahissaient mon corps et mon esprit, en partant d'une simple euphorie en début de match, passant par une joie légère et douce jusqu'à appercevoir un début de bohneur que je puis presque effleurer du bout des doigts. Nate me coupa court dans ma réflexion et sorti son plus beau dribble pour me passer, finissant sur un dunk sec et brutal. Lors du court instant où nos regards se croisèrent, j'eu cru appercevoir un sourire sur son visage. Un immense sourire qui témoignait probablement du plaisir qu'il prenait dans cette confrontation. Parfois, des concours se créaient entre nous comme celui qui manquerait un shoot à trois point en premier. Tout cela me rendait heureux, je me sentais léger et j'avais l'impression qu'à ce moment même, tout était possible. Nous aurions pu continuer encore tout l'après-midi mais malheureusement la pluie commençait à tomber, ammenant avec elle la pénombre et ses démons agités, nous contraingant à nous quitter sur un match nul. En tout cas une chose était sûre: j'avais hâte de commencer les entraînements et de jouer avec Nate.
Même si j'avais du mal à faire confiance aux gens, même si j'avais l'habitude d'être froid et distant avec les gens, j'avais envie de passer plus de temps avec lui et, pourquoi pas, devenir son ami.

Le lendemain, je m'assis à ses côtés dans pratiquement tous les cours. Nous passions nos heures à discuter, à en apprendre plus l'un sur l'autre. Lui venait de la Caroline du Nord, moi de l'Idaho et nous étions tous les deux ici, au lycée, dans l'Oklahoma, tout deux à mille cinq-cents kilomètres de notre ville de naissance.
Lui et sa famille avaient déménagé car ils ne se plaisaient pas dans leur ancienne ville, tandis que mes parents et moi avions déménagé à cause du travail de mon père. Le sien était avocat et possédait son propre cabinet depuis plusieurs années, le mien était PDG d'une grosse entreprise oeuvrant dans la fabrication de pièces pour le secteur aérospatial.
Nate était quelqu'un de drôle et d'intelligent. Ses connaissances étaient spéctaculaires, allant des lois jusqu'à la médecine en passant par tous les savoirs inutiles qui existaient. Il possédait une ample culture musicale, cinématographique ou encore littéraire. Il était tout simplement stupéfiant.
Il était déstiné à devenir un grand homme plus tard, de par ses connaissances mais aussi grâce son talent inné pour le basketball. Son plus grand rêve était de jouer en NBA, et il avait clairement les moyens de le réaliser. Au lycée, tout le monde croyait en lui. C'était quelqu'un de populaire mais souvent il préférait rester seul. On n'était peut-être pas si différents lui et moi.

À la fin de la journée, il me proposa qu'on rentre ensemble:
« Je te promets que ça ne me dérange pas, je dois rejoindre mes parents pour une visite immobilière vers chez toi. Je vais bientôt déménager, on sera bientôt voisins. »
Il arborait le même sourire joyeux que celui que j'avais apperçu hier pendant le duel. Un sourire sincère et rempli d'ondes positives. Il me semblait, si je ne me trompais pas, que c'était le premier véritable ami que je me faisais depuis maintenant bien trop longtemps. J'avais hâte de voir ce que le futur me réservait et j'espérais ne pas être déçu.