Chapitre 2 / (Nouvelle Version)

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*

— C'est pas à moi ! Dis-je par réflexe.

Mes joues virèrent au rouge écarlate.

— Heu, je n'ai rien lu Lucie, j'ai juste vu cette feuille sous mes fesses et l'ai tiré de là-dessous. Mais je n'ai rien lu, dit-il en me regardant, attendant sûrement une réaction de la part.

Je n'avais jamais ressenti autant de honte et de gêne en aussi peu de temps.

Je me précipitai vers mon voisin trop curieux et attrapai la feuille pour la froisser et la jeter à la poubelle.

— Tu le jettes ?

— Oh rien d'important, j'ai retenu ce qui était écrit dessus. Hum... Tu accepterais de remettre ce verre à plus tard ? Je suis pas très en forme aujourd'hui.

Matthieu se contenta de hocher la tête puis après m'avoir souri, il prit la direction de chez lui. Ce n'est qu'en entendant les deux portes se refermer derrière lui que je lâchais le plus long soupir que mon corps pouvait retenir.

*

Me rappeler cette scène était presque de la torture. Quelle honte. Quelle horreur. Je n'avais su réagir correctement.

Après avoir eu mes résultats et presque mis Matthieu à la porte, je filais au laboratoire d'analyse médicale. Il me fallait quelques explications avant de fuir au fin fond de la cambrousse.

Face à moi, Coraline, gamine d'à peine vingt ans, m'expliquait à moi, vieille fille célibataire, ce qu'était un foutu déni de grossesse.

Elle sortait tout juste de la puberté avec ses cicatrices d'acné à peine disparues sur son front, son regard très enfantin, ses cheveux bruns ramenés en deux petits chignons de chaque côté de sa tête ronde. Coiffure que je ne réussirais jamais à reproduire sans ressembler à la princesse Leia ou à Puca. Cependant, vu son âge, je ne suis pas sûre qu'elle ait connu l'une ou l'autre.

Elle m'avait donc expliqué de fond en comble ce qui s'était passé dans mon corps ces six derniers mois. Je refusais tellement d'avoir un enfant que celui-ci s'était plus ou moins caché honteusement dans mon ventre, et ma découverte à ce jour qui entraînerait l'arrivée de tous les autres symptômes de grossesse auxquels j'avais échappé; à moi les pipis incontrôlables, le ventre rond, les jambes gonflés, les seins énormes, les ballonnements, les vomissement, les chaleurs, les boutons, les maux de dos et tout le tralala.

Et surtout, fini les beuveries, Microbe avait échappé de justesse à toutes les conneries qu'il aurait pu chopper avec mon alcoolisme.

En rentrant chez moi, j'avais pris grand soin d'éviter toutes possibilités de croiser mon sublime voisin, en longeant presque les murs et retenant quasiment ma respiration comme s'il pouvait l'entendre.

J'étais soulagée d'arriver dans mon appartement et de claquer la porte. Bob me toisa d'un regard insistant.

— Quoi ? Si tu n'étais pas parti forniquer avec la chatte du voisin on en serait pas là, espèce de queutard.

Mon ingrat de chat éternua de mécontentement puis me tourna le dos, se dirigeant vers sa gamelle en se dandinant fièrement. La voyant vide, il miaula dans ma direction.

— À vos ordres Majesté je vous apporte ça ! lui dis-je de mon ton le plus sarcastique possible.

Tout en maugréant, je lui servis un bol de sa pâté au saumon, Monsieur avait des goûts de luxe pour un chat vivant la majorité du temps dans la rue.

MICROBE / Nouvelle VersionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant