The Lion's Head ☾ Orelgringe

Trèfle.

Londres, année 1950.

La guerre est terminée depuis déjà plusieurs années, le débarquement de Normandie fut un véritable succès dirigé par le général Eisenhower. La capitale anglaise a repris ses activités. Aurélien, un jeune normand, résistant lors de la guerre, s'y exile pour y faire fortune. En seulement cinq ans, il a su s'élever dans l'échelle sociale créant une mafia française au sein de Londres, tout cela avec le jeu. Le poker, un jeu de carte prisé par les dandies, faisait fureur dans les pubs.

Hélas, Londres fut en proie à de nombreux bombardements lors de la seconde guerre mondiale detruisant tout sur son passage. Les ouvriers grouillaient les rues, Guillaume en faisait parti. Vie misérable et travail exécrable, rongé par la pauvreté, il était devenu un de ces ouvriers qui volaient pour survivre. Mais il avait une particularité qui le distinguait des autres miséreux : il était particulièrement intelligent et bon aux jeux. Il usait de ses talents en plus du vol pour gagner sa vie.

Tous les jeudis soir, il allait faire le tour des plus grands pubs où l'on pouvait jouer au poker pour pouvoir gagner un peu d'argent.

Un jeudi alors que Guillaume terminait son service, il fut interpellé par un de ses collège ouvrier, Antoine Valentinelli. C'était un jeune homme qui avait fuit la France en Guerre avec le basané pour une vie meilleure. Tout comme Guillaume, il avait une vie secrète la nuit permettant d'arrondir ses fins de mois. Il chantait la nuit et jouait du piano, du jazz dans les pubs ou bien les clubs.

Il posa une main sur l'épaule de Guillaume avant de lui chuchoter dans l'oreille :

« Ce soir, j'ai un plan de malade pour toi. Dit-il le sourire aux lèvres indiquant qu'une grosse somme était mis en jeu.

— Quoi donc ? Demanda le plus vieux.

— Je chante au The lion's head et devine qui, il y a ce soir au tournois de poker ? Guillaume secoua la tête pour exprimer son ignorance sur le sujet. Aurélien, chef de la mafia française, joueur de poker d'exception et surtout blindé au as.

— Putain de merde. Laissa échapper Guillaume en enlevant son chapeau pour s'essuyer le front.

— Language ! Cria un ouvrier anglais derrière, un vieux rabougri qui n'aimait qui avait compris les mots du français.

— Ce soir, on y va et obligé tu joue contre lui. Je serai ton passeur qui tu as besoin de tricher. Continua Antoine en remettant ses bretelles sur les épaules.

— Parfait à nous la grosse somme.

—Par contre, il va falloir faire gaffe. C'est un mec de la mafia et on peut très vite finir avec une balle dans la tête. Ses hommes sont des putains de machines, il paraît. Je me suis renseignée. Il y en a un que l'on appelle Diamond Claude qui possède un réseau tellement vaste qu'il peut te retrouver et te poursuivre jusqu'à fin fond de la campagne anglaise. Un autre que l'on appelle Skread pour sa discrétion mais aussi pour son œil de lynx, il sait trouvé n'importe quelle supercherie. Aussi, Abblaye, un homme des plus désagréables. Il s'occupe des comptes de chacun et sait parfaitement utiliser l'arme à feu comme personne. Et enfin, Aurélien, pro du bluff et possède une intelligence des plus effrayantes. Son charme est tel que les femmes tombent dans ses bras en un claquement de doigt.

— On risque donc gros... En conclus Guillaume en se mettant à marcher vers la sortie du chantier.

— Exactement mais j'ai pu avoir l'aide des musiciens, les Van Laekan.

— Des Belges ? Guillaume fronça des sourcils en disant ses mots.

— Parfaitement. Ils sont aussi dans le coup, ce sont des très bons amis. Expliqua finalement Antoine.

— On est trop, le plan va foirer. C'est mort. Répondit le plus vieux en mettant ses mains dans les poches.

— Écoute, c'est des gros poissons. On peut pas agir seul, comme d'habitude. On va devoir être plusieurs sur le coup et je te préviens, Roméo et Angèle, c'est les meilleurs.

— Je te fais confiance. Tu as l'air de t'y connaître.

— Et pas qu'un peu ! Antoine adorait se vanter. Il avait un assez grand ego. On se retrouve ce soir à 21h dans la rue qui donne sur l'arrière salle du The Lion's head. Costume, bretelle, cravate et casquette. Comme d'habitude.

— Tu vas me donner des ordres de comment je dois m'habiller ? Et puis quoi encore. Guillaume échappe un rire sincère. Tu sais bien que j'ai une classe naturelle folle.

— Toujours !  »

Ils se séparent après avoir longuement discuté sur le plan de ce soir. C'était la soirée qui pouvait changer leur vie. Tout reposait sur le bluff et l'intelligence de Guillaume pour gagner la partie, de la discrétion d'Antoine et de la coopération du frère et de la sœur Van Laeken. Tout devait s'exécuter comme dans l'horlogerie. Chaque rouage devait en pousser un autre pour faire sortir l'oiseau de sa cage et ainsi l'argent de ce Aurélien.