soixante-et-un.

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Je cours à travers la ville plongée dans un épais nuage gris mêlé à la température glaciale de ce mois de janvier. Mes membres sont engourdis, mon souffle est cours. Je dois être rouge comme une tomate en ce moment. Je ne sais pas depuis combien de temps je cours. Je sais juste que j'ai couru jusqu'à ne plus être sur la voie rapide, ça doit donc faire un petit moment déjà. Je m'enfonce toujours plus dans les petits quartiers, à la recherche d'une maison en particulier. Ayant oublié mon téléphone dans la voiture de ma mère, je vais devoirs me débrouiller sans et me servir de ma mémoire pour trouver l'arrivée de ma destination. Bizarrement, le coin où je me trouve est désert et je ne peux donc demander d'aide à personne.

« Quelle journée de merde. »

Je souffle puis continue à marcher en m'aidant du paysage que j'ai déjà vu quelques fois auparavant. Ma respiration est encore saccadée et chaque souffle expiré me fait mal à cause du froid. Après de longues minutes, ou bien une petite heure, j'arrive enfin à ma destination. Je suis là, tremblant de froid mais aussi d'appréhension devant cette maison. Je prie intérieurement pour qu'il soit là. J'en ai besoin plus que tout.
Je m'avance jusqu'à la porte d'entrée et sonne. Après quelques secondes, c'est une femme d'une quarantaine d'années qui vient m'ouvrir.

« Oh, Donghyuck ? Elle dit, surprise.

-Bonjour madame, est-ce qu'Eunho est ici ?

-Il est allé chez Haejoon aujourd'hui, pourquoi ? Tu veux que je lui dises de rentrer ?

-Non, non merci... C'était... Je passais juste par là. Mais c'est bon, je le verrai une autre fois.

-Très bien... Tu es sûr que ça va...? Tu veux entrer ? Boire quelque chose de chaud ? Tu as l'air d'avoir froid...

-Merci beaucoup, mais tout va bien. Bon, à bientôt madame ! Passez une bonne journée. Pas la peine de dire à Eunho que je suis passé.

-D'accord... Bonne journée, à bientôt, la prochaine fois Eunho sera là ! »

Je lui sourit puis elle ferme la porte en me saluant. Quand je me retrouve dos à la maison je n'ai qu'une envie: pleurer, hurler, peut importe tant que ça peut faire disparaître toute la haine et la peine qui sont en moi. Mais je ne peux pas. Je me l'interdit. Alors je continue à marcher, accélérant toujours plus le pas. Je commence à courir sans trop savoir où je vais. Je dois avoir l'air fou face aux rares passants mais je m'en fiche. Ce n'est pas eux qui passent la pire journée de leur vie. Ce n'est pas eux qui doivent souffrir à cause de chaque décisions qu'ils prennent. Voilà que je me met à tous les haïr, c'est gens qui n'ont aucune idée de ce qu'est cette douleur à laquelle ont ne peut échapper. Cette douleur consumante, carbonisante. Alors que je cours encore plus vite, je les vois me détailler du regard, me juger. N'ont-ils que ça à faire ? Observer un adolescent de 16 ans se démener, à bout de souffle, au bord des larmes ? Aucun d'eux ne viendrait m'aider. À vrai dire, c'est tant mieux, je ne veux pas de leur aide. Je ne veux pas de leur hypocrisie.

Mes jambes m'ont mené ici, à cette maison ou tout a commencé. Là où je l'ai rencontré, là où nous nous sommes redécouverts, où nous nous sommes, pour la première fois, embrassés. Je n'hésite pas et cours jusqu'à la porte d'entrée où je toque comme si ma vie en dépendait. Je dois le voir, je dois voir mon meilleur ami, je dois me sentir soutenu.

« Donghyuck ? Qu'est-ce que-

-Où est Minjae ?

-Entre, il est en haut. »

La mère de Minjae me fait entrer en vitesse, semblant se rendre compte de mon état actuel. Je monte en vitesse puis toque à la porte de Minjae. Il arrive rapidement puis l'ouvre et en l'espace d'un millième de seconde je me laisse tomber dans ses bras en pleurant à chaude larmes. Je m'étais interdit de pleurer, du moins, jusqu'à ce que j'arrive ici. Je m'en fiche maintenant, cette maison est l'endroit où je me sens le plus protégé. Ma mère ne pourra pas venir ici et me malmener comme elle l'a fait chez Minhyung. Elle ne pourra plus me traiter ainsi, plus jamais, je ne le permettrai pas.

purple sweater // markhyuckOù les histoires vivent. Découvrez maintenant