Confidence . . .

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La porte d'entrée claque et les pas du petit garçon se font largement entendre dans l'escalier, suivi par ceux de son Pipou. Il appelle sa mère dans tout l'appartement jusqu'à la rejoindre dans sa chambre.
- Coucou, maman, dis le garçon en sautant sur le matelas alors qu'elle lit un livre.
- C'était bien votre soirée, mon bébé, demande t'elle.
- C'était super, Pipou m'a emmené chez un ami qui a un restaurant et j'ai fait ma propre pizza, raconte t'il.
- C'est super ça. Allé, au dodo, il est tard, dit-elle en serrant son fils dans ses bras après avoir aperçu Fred accoudé au montant de la porte.
- Bonne nuit, maman, chante t'il en embrassant sa mère. Bonne nuit, Pipou répète t'il en passant devant lui.
- À demain, mon Paulo, répond-il en lui ébouriffant les cheveux.
Alice lui offre un large sourire mais il reste posté à l'entrée de la chambre.
- Bonsoir, mon amour, l'acceuille t'elle.
Il sent une exagération dans le ton de sa voix, un sourire malicieux et une humeur bien trop gaie après la mission qui lui a été confiée : faire parler Ada.
Il s'avance le regard suspicieux, méfiant.
- Comment s'est passé votre soirée entre hommes, feint-elle de s'intéresser.
Il s'en doutait, elle évite le sujet, elle détourne l'attention pour le duper mais il n'est pas si naïf. Il s'asseoit à ses côtés en secouant la tête pour signifier son désaccord.
- Ne me prend pas pour une trompette. Je t'écoute.
Elle simule un étonnement d'incompréhension.
- Mais il n'y a rien à dire, mon amour, insiste t'elle en s'approchant de lui en roulant des hanches telle une lionne en chasse.
Elle l'enlace et s'apprête à le bousculer en arrière quand il arrête son mouvement en la repoussant.
- C'est si grave que ça, Alice s'inquiète il avec sa moue d'enfant qui la fait craquer. Il est pas gentil, il a un casier, ils ont couché ... c'est quoi ?
- Mais non, ne t'inquiète pas, mon chéri. Elle a un petit copain, c'est tout. C'est de son âge et non ils n'ont pas couché, si tu veux tout savoir, précise t'elle. Ils n'en sont qu'au stade du flirt, tu n'es pas si vieux, le taquine t'elle.
Il pousse un soupir de soulagement en mettant la main sur son coeur.
- Oh putain, tu m'as fait peur, se rassure t'il. Rien de grave alors, conclut-il en se penchant sur elle avant d'interrompre son élan à la vue de son visage, crispée.
- Alice . . . Qu'est-ce que tu me caches, devine t'il.
- Mais rien, Fred. T'es pénible, s'agace t'elle. Allé, viens te coucher, j'ai envie de toi, le charme t'elle en le tirant à elle.
Il met son poids en arrière pour ne pas basculer.
- J'y crois pas, s'exclame t'il, tu me fais le coup du câlin pour m'amadouer ! T'es sérieuse ? N'essaie pas de m'arnaquer. Je le vois à ta tête qu'il y a autre chose.
Elle lève les yeux au ciel en soufflant. Elle n'a pas à faire à n'importe qui, comment pensait-elle pouvoir le berner.
- Bê en fait ... Son petit copain ... c'est le fils de quelqu'un qu'on connaît ... commence t'elle prudemment.
Il l'encourage à poursuivre d'un signe de tête, impatient.
- Qu'on connaît ... c'est-à-dire ?
- On travail avec ... Il s'appelle Amaury ... Amaury Solanas, avoue t'elle en faisant la grimace.
- Quoi, hurle t'il en se levant d'un bond. T'es sérieuse ? Solanas ?
Elle se lève aussi pour tenter de le calmer.
- Chut, ne t'énerve pas, mon amour.
Il la rejette et fait les cents pas dans la pièce.
- Oh putain, je rêve. Le fils Solanas, il manquait plus que ça. La progéniture de notre pire ennemi, rage t'il.
- Mais Ada ne sait pas qui est son père, Fred. Elle l'a croisé à la brigade quand elle te cherchait. Elle sait qu'on travaille ensemble, que c'est un peu tendu mais elle ne sait pas que ...
- Que c'est un pourri, qu'il veut te faire sauter, qu'il te met la pression pour cacher ses magouilles, s'énerve t'il. Je vais me les faire, le père ET le fils.
- Mais arrêtes de crier, Fred. Les enfants pourraient t'entendre.
- Hé bé comme ça, le ton sera donné et l'affaire classée, poursuit-il.
Elle s'agace face à ce comportement impulsif. Elle va devoir jouer de sa patience pour lui faire entendre raison. Elle s'approche de lui, pose ses mains sur sa taille pour le maintenir face à elle.
- Écoute moi, mon chéri, commence t'elle. Nous avons été adolescents, comme elle. Tu sais pertinemment que si on lui interdit de le voir, elle fera exactement le contraire. Ne serait-ce que par esprit de contrariété. Elle a du caractère, elle ne se laissera pas faire.
- Elle a de qui tenir, boude t'il.
Elle accepte ce pic en prenant sur elle, ne manquant pas d'y répondre en d'autres circonstances. Elle poursuit son explication.
- Elle est amoureuse, Fred, c'est son premier copain. Ça ne durera pas, hélas pour elle mais heureusement pour nous. T'en a eu qu'une toi, de copine ?
Il opine de la tête, conscient qu'elle n'a pas tort.
- On doit donc faire avec, être patients, conclut-elle. Et qui sait, ca pourra peut-être aplanir les tensions avec Solanas.
Il semble sceptique.
- Expliques ...
- Bê, soit il décide de calmer ses attaques par rapport à son fils, pour ne pas être mal vu ni critiqué. Soit Amaury pourrait être un atout pour nous, s'il vient à prendre confiance, se dévoiler ...
- Mouais, pas faux, avoue-t-il, pensif.
Elle tient le bon bout, elle clôture sa logique. 
- Le hasard fait bien les choses, ce n'est pas anodin si nos enfants se sont trouvés, optimise t'elle.
Il sourit, l'oeil brillant, fier.
- Elle est trop forte, ma ptite femme, dit-il en s'approchant d'elle pour l'enlacer, manifestement calmé et inspiré.
Derrière son dos, elle roule des yeux, consciente d'avoir échappée à une catastrophe nationale.
- Il va falloir quand même continuer ces réunions entre filles, hein, pour rester à jour, programme t'il. On reste "aware", mon chaton. 
Elle opine du chef, encore sous le coup de la tension.
- C'est ça, "aware", confirme t'elle.
Il défait son étreinte, satisfait et détendu, elle moins. Elle espère avoir vu juste dans ses prévisions et ne pas attirer les foudres de ce sang chaud. Il se met au lit, elle décide d'aller voir les enfants, surtout vérifier qu'Ada n'a pas entendu cet échange sensible.
Lorsqu'elle revient après quelques minutes, il s'est endormi comme un loire, comme assommé par la chute de pression.

Après avoir rencontré Amaury, écouté ses craintes concernant son père et l'avoir ramené chez lui, froidement remercié par Solanas, le couple s'est momentanément vu confier la garde du jeune homme.
- C'est ça que tu appelles " être un atout", râle t'il. Le gosse s'incruste carêment dans notre piole et toi tu dis rien, déplore t'il.
Elle conçoit s'être laissée emporter par la situation.
- Tu avoueras quand même, mon amour, qu'Amaury s'est confié à nous sur les problèmes de son père et que le temps qu'il gère ses affaires, il ne s'occupe plus des nôtres, se félicite t'elle.
- Et la contrepartie, c'est se coltiner Junior, demande t'il.
Elle perd patience face à cette mauvaise volonté.
- Vois le verre à moitié plein plutôt qu'à moitié vide, lui conseille t'elle.
Il souffle, bougon.
- Encore un de tes dictons, râle t'il.
- Il n'y pas si longtemps, tu en redemandais, le taquine t'elle.
- Les femmes ont été créés pour apprivoiser les hommes, c'est ça, la provoque t'il.
- C'est ça, mon amour, répond-elle en s'approchant plus près de lui pour l'enlacer.
- Et comment compte tu t'y prendre, Mme la poète. Car, c'est pas pour faire mon pessimiste mais on s'organise comment avec une bête de plus dans l'arche de Noé ? 
Elle rit, amusée par ses comparaisons imagées.
- Parce qu'il est hors de question que l'animal en rute soit à proximité de la chambre de ma fille donc je vais faire le guet sur le canapé, propose t'il.
Elle a un sursaut de surprise.
- T'es pas sérieux là, s'exclame t'elle. Oohhh non, Fred.
Elle tourne en rond d'agacement.
- T'es pénible, quand même. Mais ma foi, c'est toi qui voit, boude t'elle. Paul dormira avec moi, Amaury prendra sa chambre et Ada restera dans la sienne puisque tu veilleras à son innocence, ça te va ?
Il aquiesce, manifestement satisfait. Et lorsqu'il s'avance pour l'embrasser, elle tourne les talons.

Le soir venu, il prend place à son poste de surveillance nocturne, s'agite sur le cuir du canapé, engendrant un couinement sourd. Il entend alors un bruissement, une porte s'ouvrir et le parquet craquer. Il se met aux aguets, prêt à bondir sur l'adolescent vicieux mais tombe nez à nez avec sa femme. Elle rigole en comprenant sa déception.
- T'es pas possible, se moque t'elle. T'as pas fini de t'agiter comme ça, je t'entend depuis la chambre, le réprimande t'elle. Tu es bien installé, au moins, le taquine t'elle.
Il fait la grimace.
- Ben .. pas vraiment en fait, avoue t'il. 
Il se rasseoit sur le canapé.
- Le cuir, ça colle, c'est froid, ça fait du bruit ...
- Ça, je te confirme, rit-elle.
Il la tire vers elle, dénoue le lien de son peignoir de soie fleuri pour entrevoir sa nuisette au bord dentelé. Il glisse ses mains sur sa taille, en profitant pour caresser son ventre et ses hanches. Il pose ensuite sa tête entre ses seins. Elle lui ébouriffe ses courts cheveux poivre et sel. Elle lui tire une poignée, le forçant à relever la tête.
- Bonne nuit, mon amour, dit-elle en lui offrant un baiser.
Puis elle retourne se coucher, le laissant pantois.

Ce n'est que le lendemain qu'il aura gain de cause. Assis dans son fauteuil à la brigade, il se plaint de courbatures. Sa procureur, compatissante et aux petits soins, le soulage de ce mal en lui massant les épaules. Après une interruption de Djibril et un interrogatoire peu convainquant, il se lance.
- Ça m'a bien émoustillé ton ptit massage dans mon bureau, la flatte t'il.
Encore installés à la table de la salle, elle se tourne pour lui lancer un regard circonspect.
- T'es pas sérieux, lui demande t'elle.
Il sourit sans répondre.
- Tu disais aimer mes fantasmes, nan, lui murmure t'il. Donc je les exprime librement, ajoute t'il avec un large sourire.
Elle plisse les yeux, l'air charmeur.
- En effet, confirme t'elle. Et ...
Il se réjouit qu'elle le suive dans ses idées.
- Et... ça te dit d'aller faire un ptit tour aux archives, la provoque t'il.
Il n'attend pas la réponse, ses yeux parlant tout seuls, se lève et ouvre la porte pour la laisser passer. Elle s'engage dans le couloir, il vérifie qu'ils ne sont pas observés et l'emmène vers la porte de son antre secrète. Il ferme à clé derrière eux et la saisit par le bras dès chose faite. Il la plaque contre la première étagère et commence à l'embrasser passionnément tout en faisant balader ses mains sur son corps. Il défait les boutons de sa chemise rouge et la lui ôte pour atteindre sa poitrine pulpeuse qu'il empoigne de ses mains impatientes. Du bout des doigts, il relève sa jupe fourreau jusqu'à ses cuisses, la recule jusqu'à la table pour l'y asseoir avant de se placer entre ses jambes. Elle déboutonne sa chemise et caresse le torse hâlé et imberbe de son amant.
Elle glisse sa main sur ses fesses, à même la peau et baisse son pantalon afin de libérer l'objet de son désir. Leur union est aussi euphorisante que cocasse, furtive mais euphorisante. Ils reprennent rapidement leurs esprits, après avoir atteint le sommum du plaisir charnel. A peine sortis, ils croisent Kadiri qui a une nouvelle information. Il était moins une pour qu'ils soient démasqués, gênant mais stimulant. Ils échangent un regard soulagé et complice. L'enquête reprend.

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⏰ Dernière mise à jour : Jun 21, 2019 ⏰

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Pour Elle Saison 16 épisode 9Où les histoires vivent. Découvrez maintenant