Chapitre 1

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Le bruit constant des voitures. L’agitation de ces êtres grouillant dans les rues, que l’on appelle « humains ».  Le moindre petit détail venant de New York impressionnait Zovah. La jeune islandaise, n’étant pas habituée à la mégapole, s’y est installée pour vivre son rêve américain.

Depuis son plus jeune âge, la jeune femme est attirée par ce pays idyllique. Plus elle grandissait, plus elle sentait qu’elle devait y aller. C’était comme un appel ; c’était évident. Donc dès qu’elle eût 18 ans, elle partit de Kopavogur et s’envola pour l’Amérique.

                                ***


Zovah marchait lentement, tenant maladroitement son sac sur son épaule.

Peu de temps après son arrivée, il y a une semaine exactement, elle avait rejoint l’établissement spécialisé dans sa passion, où elle s’était inscrite quelque temps plus tôt. Elle avait peiné à en trouver un qui pouvait l’accepter, dû à sa nationalité européenne et son niveau d’anglais correct. Celui-ci était bon mais insuffisant pour certaines académies.

Elle avait donc rejoint son école, non sans peine, et avait commencé à suivre les cours d’arts de celle-ci. Car Zovah, plus tard, voudrait être dessinatrice.
Tout le monde l’avait plus ou moins bien reçu mais la jeune femme était toujours seule. Personne n’avait cherché à socialiser avec elle. Beaucoup se moquait même de son accent ou lui demandait des mots offensants et déplacés dans sa langue natale. L’attitude des « jeunes adultes » blessait fortement l’islandaise. Elle avait l’impression d’être une bête de foire. Un simple divertissement… Mais elle tenait bon. Elle voulait absolument réaliser son rêve.

La brune avait la tête baissée, une mèche de cheveux cachant une partie de son visage. Elle évitait de se faire remarquer.

Elle marchait pour rejoindre la seule amie qu’elle avait ici. Enfin, « amie » est un trop grand mot. C’était plutôt l’unique personne qui avait daigné lui parler sans l’embêter. D’ailleurs, Zovah se souviendra toujours de leur rencontre…

« L’islandaise marchait doucement pour aller dans son prochain cours. Elle renifla, essayant de retenir les larmes qui menaçaient de s’écraser sur ses joues. Des idiots lui avaient encore demandé des insultes dans sa langue d’origine.

Elle soupira quand quelqu’un lui tapota l’épaule.

- Excuse-moi… Tu es bien la nouvelle élève qui vient d’Islande ?

Zovah ferma les yeux quelques secondes. Sûrement une personne qui voulait savoir comment dire « va te faire foutre »…
La jeune femme rouvrit les yeux, s’efforça d’étirer ses lèvres,, puis se tourna vers son interlocuteur.

C’était une fille de son âge avec un sourire rayonnant.

- Hum… Je suis Lizzie Stone. Nous sommes dans la même classe.

- Je vois qui tu es.

Zovah avait répondu de manière très franche sans vraiment le vouloir. Dès qu’elle s'en rendit compte, elle plaqua ses mains sur sa bouche et bafouilla de piètres excuses.

- Haha ne t’inquiète pas. Ce ne doit pas être facile pour toi d’être interpellée pour des broutilles.

- Jà- Euh, oui !

Lizzie lui sourit doucement. Son accent était toujours aussi mignon et ne cessait de l’impressionner. Elle l’avait déjà entendu lors d’oraux ou dans de simple cours.

- Je sais que ça va te paraître impoli mais… Comment dit-on « Tu as l’air extraordinaire » en islandais ? C’est pour un projet.

-Eg… Enfin, je…

Zovah baissa les yeux, déçu. On allait encore profiter de sa capacité à maîtriser deux langues. Mais elle allait quand même y répondre. C’est mieux de l’aider pour un devoir que de divulguer des insultes à de pauvre gars en chaleurs.

- C’est « Þú lítur ótrúlega út ».

- Oh ! Et bien Zovah, Þú lítur ótrúlega út.

La jeune islandaise releva la tête brusquement. Certes, elle était agréablement surprise. Elle ne pensait pas que sa langue natale allait être utilisée pour un compliment.

- Ce… N’était pas pour un projet ? demanda la brune à Lizzie

- Si. Mon projet est de devenir amie avec toi.

Zovah ressentit une vague de chaleur envahir son cœur et sentait déjà les larmes de joie sincère lui venir au coin des yeux. »

En repensant à ce récent souvenir, l’islandaise sourit. Elle était certaine d’avoir trouvé une véritable amie.

The Heartbreaker Où les histoires vivent. Découvrez maintenant