Chapitre 3 : Le Choix de la Vérité

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« J'éprouve de l'attirance pour un autre homme que toi ! », la fébrilité de ma voix m'alerta sur la violence de mes propos. J'avais lâché une bombe. Une vérité enfouie au plus profond de mon cœur qui risquait de faire voler en éclat le peu de stabilité que cette vie chaotique me procurait.

« J'ai peur, Ryô. Un autre homme est en train de prendre ta place et je ne sais pas comment faire pour l'en empêcher ! », dans un effort surhumain, je pris une grande respiration, et m'appuyant désespérément sur le peu de force morale qui me restait, je révélais enfin ce profond mal-être qui me nouait l'estomac depuis un temps qui semblait frôler l'éternité.

La confidence dite, mon corps se tétanisa d'angoisse. Totalement décontenancée, j'osais à peine glisser mon regard sur mon partenaire. Ryô ne cillait pas. Seule la contracture de sa mâchoire m'indiquait qu'il accusait difficilement le coup. Stoïque, de toute sa hauteur d'homme déstabilisé, il me dévisageait fixement avec une application telle que j'éprouvais une envie subite de me cacher et de disparaître de sa vue. Il fouillait dans mes yeux tourmentés avec âpreté, religieusement, à la recherche de cette vérité qu'il aurait préféré ne jamais entendre.

« Ryô ? », son nom surgit de ma bouche tremblante dans un trémolo difficilement audible. Son mutisme me terrifiait. Je tentais une nouvelle fois de le faire réagir.J'ouvris la bouche mécaniquement mais aucun son ne sortit de ma gorge. J'étais là devant lui, complètement tétanisée, dans l'attente d'une réaction que je devinais implacable.

Les secondes s'écoulaient dans un silence des plus glaçants. Seul un léger bruit de moteurs de voitures qui circulaient régulièrement en bas de l'immeuble résonnait fébrilement à mes oreilles.

« Ryô ? », je prononçais son prénom dans un sanglot étouffé. « S'il te plaît, parle-moi ! Dis quelque chose ! », cette supplication déferla aussi vite que les larmes coulaient de mon regard perdu. « J'aimerai tant que tu nous sauves de ce combat déchirant que je mène contre moi-même ! Aide-nous !», transie par la peur inexorable d'avoir tout anéanti, mes verrous sautaient un par un, laissant libre court à mes craintes les plus intimes et les plus sombres.

Pourtant face à mon désarroi, mon partenaire restait de marbre. Il était physiquement si proche de moi qu'il suffisait que je tende la main pour toucher sa peau, pour glisser ma main dans la sienne afin d'y puiser la chaleur qui sauverait peut-être mon cœur de la froideur de l'instant. Mais son âme, que je devinais torturée et abîmée, ne semblait pas s'accorder sur le bienfait que serait pour moi, ne serait-ce qu'une légère seconde, un court moment de tendresse et de compassion.

"Ryô...", je murmurais encore et encore ce prénom comme une prière libératrice.

Je reculais. Je m'éloignais de lui.J'étais à fleur de peau, vulnérable comme jamais je ne l'avais été dans ma vie de femme. Sous le poids de la tension environnante, je serrais les poings si fort que mes ongles s'enfonçaient vicieusement dans la chair de mes paumes tremblantes. J'avais mal. Si mal. Mon cœur hurlait sa peine dans des battements frénétiques et douloureux. Je ressentais les émotions avec une telle intensité que j'avais cette impression incohérente que mon corps participait à un combat de boxe.

« Menteuse ! », Ryô articula une première fois ce mot de sa voix la plus acerbe.

« Menteuse ! », il le répéta une seconde fois avec lenteur et mépris pour renforcer, sans nul doute,son impact sur moi. Le ton excédé et raillant de son timbre me paralysa instantanément. « Un autre homme, Kaori ? Sérieusement ?Je n'y crois pas une seule seconde ! »

Il se rapprochait de moi, ne détachant pas son regard plein de défi du mien. Il était évident qu'il ne me croyait pas. Il fit encore un pas. Il était maintenant près.Tellement près. Je pouvais sentir la confusion de son corps attiser mienne et j'en étais encore plus bouleversée.

City Hunter : Le Choix d'une vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant