Chapitre 4 : Le Choix de Survivre

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La nuit avait été cruelle et cauchemardesque. En l'espace de quelques heures, j'avais perdu mes rêves, mes envies et mes belles illusions sur un avenir que j'espérais aimant et bouillonnant de belles promesses.

Allongé sur son lit, Mick dormait dans sa chambre.Je le regardais se reposer, depuis le pas de la porte, à la fois médusée et terrifiée par les événements obscurs qui s'étaient déroulés la veille. J'avais honte. Tellement Honte. Je me sentais littéralement dévorée par une culpabilité des plus malsaines et complètement écrasée par le poids de ma propre détresse.

Le professeur était gentiment passé ce matin pourvoir l'ampleur des dégâts et soigner les blessures de l'Américain.J'étais d'abord surprise, mais je dois bien l'avouer, assez vite soulagée de constater que Kazue ne l'accompagnait pas. Elle était en déplacement à l'étranger et, suite à la demande de Mick, le docteur avait promis de ne l'informer de l'incident qu'à son retour.Je ne fis aucun commentaire. Les longues explications et les révélations fracassantes ne faisaient pas partie de mes priorités du moment.

Au cours de l'examen, j'appris quand même que Ryô était passé, au cours de la nuit, au cabinet pour se faire soigner.Paré dans son légendaire mutisme de professionnel, il n'avait lâché que quelques détails sur son altercation avec Mick. Je comprenais, à présent, beaucoup mieux le calme déroutant du professeur. Depuis son arrivée, il ne m'avait posé aucune question sur les véritables circonstances de l'affrontement entre les deux hommes. Dans un silence quasi religieux, il s'était empressé d'ausculter son patient. Et sans aucune émotion, il m'avait énoncé un semblant de diagnostic. Nombreuses contusions sur l'ensemble du corps, hématomes,œil droit tuméfié et trois côtes cassées. Des blessures somme toute banales pour des tueurs professionnels.

« L'Américain s'en sort plutôt bien considérant la puissance de son adversaire », m'adressa-t-il d'une voix blanche lorsque je le raccompagnais à la porte de l'appartement. «Préserve-toi Kaori. Il n'est jamais bon de se trouver au milieu d'un duel de nettoyeurs ! »

Il tapota alors légèrement sa main sur mon bras droit dans un geste qu'il trouvait sans doute amical et rassurant.Mais moi, j'étais agacée. Je me sentais jugée. Ces paroles m'avaient touchée si durement que j'avais la certitude qu'elles allaient résonner et empoisonner mon esprit encore longtemps. Je ne lui avais rien répondu. Je l'avais simplement regardé partir avec soulagement.

Mick grogna légèrement et bougea dans son lit,rattrapant alors toute mon attention. Je sortis de mes lugubres pensées avec une gueule de bois des plus corsées. Je ne saurais dire depuis combien de temps j'étais là, à le contempler de mes yeux vides et à l'observer à la dérobée.

Depuis mon réveil, je ressentais ce besoin viscéral, presque vital, d'être auprès de lui. Je me doutais bien que la culpabilité me pousserait à prendre soin de lui au-delà de toute raison et qu'elle m'encouragerait, en quelque sorte, à me laver de cet égoïsme et de cette naïveté qui nous avaient conduits à cette lamentable situation.

Mon cœur se serra. Il cognait si fort dans ma poitrine.

Comment réparer toute cette douleur ? Comment arrêter cette odieuse hémorragie de sentiments ?

De quel droit avais-je mêlé mon ami à mes problèmes de couple-fantôme ?

Je soufflais de tristesse et d'angoisse.

Sans le vouloir, Mick était devenu le dommage collatéral de cette relation calamiteuse que j'entretenais depuis tant d'années avec Ryô. Hier soir, Mick Angel avait plus que souffert physiquement, il avait essuyé une terrible douleur morale aussi. Se faire casser la gueule par son meilleur ami pour une femme qui prétend ne pas vous aimer est un acte d'une violence inouïe !

City Hunter : Le Choix d'une vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant