Chapitre 4 /Jaddi/

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- Sois sage, et n'oublie pas que cette fois, tu as rendez-vous chez l'allergologue ! 

Jaddi enfila son blouson en grognant. Son Eastpack sur le dos et ses baskets aux pieds, on aurait presque dit une adolescente normale. Presque. Si on oubliait le fait qu'elle vivait dans une maison en plastique assemblé, que le toit était en tôle, et qu'elle devait voler pour subvenir au besoins de sa famille. Presque. 

Enfin, la vie est belle, et pour Jaddi, aujourd'hui encore plus. Car aujourd'hui est un jour spécial :  elle a enfin 16 ans ! Enfin, 16 ans et 1 jour. Hors sa mère lui promettait depuis quatre ans que le jour de ses seize ans, elle aurait enfin un piercing au nez. De plus, depuis six ou sept ans, les scientifiques avait découvert un moment de faire cicatriser immédiatement les plaies. Donc, le futur piercing de Jaddi serait tout de suite parfaitement adapté à son nez. Mais sa mère, préférant sacrifier sa maison, avait tout de même tenu à envoyer sa fille faire un test d'allergie au produit cicatrisant... 

La journée se déroula normalement. Jaddi eut droit à deux avertissement oraux, pour chewing-gum introduits en classe. Le soir, elle alla chez l'allergologue, qui l'informa qu'outre son allergie à la poussière, elle allait parfaitement bien. Elle se fit donc percer le nez, se retrouvant avec un petit anneau argenté sur la narine gauche. 

Elle sortit de chez la pierceuse, heureuse, lorsqu'elle apperçut un transpaérien de police. La curiosité l'emporta sur la raison, et, se cachant derrière une voiture posée, non loin de là, elle vit une femme, sa petite fille et son petit garçon se faire trainer à l'intérieur du véhicule. Jaddi aurait pu retourner chez elle, et effacer cette vision de son esprit, mais elle adorait les romans policiers, et ne tolérait pas l'injustice. 

Or, de toute évidence, ces deux jeunes enfants n'avaient commis aucun délit. Au moment où le transpaérien décolla, elle s'accrocha aux portes arrières, par le poignée, et resta accrochée jusqu'à l'arrivée au centre de détention, où elle se coula sans bruit derrière une déchiqueteuse proche. Deux policières sortirent les prisonniers du camion, et pénètrent dans la grande bâtisse sombre. 

Juste avant que la porte ne se referme, Jaddi se glissa dans l'interstice en pensant : «  Enfin une vie digne d'un roman ! » Les portes se refermèrent, et un cliquetis sonore retentit. Les portes  du centre de détention étaient scellées jusqu'à la prochaine cargaison de criminels.


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