Entendre le bruit des vagues, fermer les yeux quelques instants.
Alice ne désirait plus quitter cet endroit, elle si sentait bien mieux qu'à Paris. Elle passait ses journées à lire au bord de l'eau, écouter le chant des oiseaux et jouer avec son fils sur la plage. D'ailleurs, Paul semblait lui aussi apprécier ses « vacances prolongées » avec sa maman. Ils se promenèrent un moment, le soleil commençait à se coucher ce qui rendait le paysage encore plus beau. Le petit garçon ramassa quelques coquillages qu'il montra à Alice et demanda à les garder pour les montrer à Marquand lorsqu'ils reviendraient dans la capitale.
En parlant de Marquand, celui-ci l'avait appelé de nombreuses fois mais il était tombé inévitablement sur sa messagerie. Rancunière mais surtout pleine de fierté,
Alice laissait son amant maronner en espérant qu'il flanche. Malheureusement pour elle, Victor lui affirma dans ses récits téléphoniques que le commandant était de plus en plus proche de Léa. Ils sortent ensembles au restaurant, au cinéma... Manquerait plus qu'elle lui fasse un enfant. pensa-t-elle. Cette image l'écœurait.La nuit lorsque Paul est endormit, elle s'isole sur la petite terrasse qui donne sur la plage. Il lui arrive de pleurer... mais jamais très longtemps. Elle le dit elle-même, c'est une femme avec une grande fierté qui ne laisse pas beaucoup de monde entrer dans son intimité. Pourtant, elle avait laissé sa place à Marquand. Il l'avait séduite dès le départ avec son air bougon qui cachait un homme sensible et dévoué et son regard bleu perçant qui devait en faire craquer plus d'une. Elle l'aimait depuis longtemps et ça ne changerait sûrement jamais. En tout cas elle l'aimait plus qu'elle ne le détestait.
Elle se rappelait de leur premier baiser en bas de son immeuble, un moment inoubliable. Elle se rappelait aussi de la fusillade et la frayeur qu'elle avait eu. Elle revoyait les vêtements jetés au sol et Marquand brûlant de désir contre elle qui lui répétait qu'il l'aimait et qu'il serait toujours là pour elle, juste après son procès. C'était leur premier fois ensemble. Elle avait eu si peur de finir en prison, être séparé de Paul et de lui pendant sept longues années, sans parler des sept cents cinquante mille euros d'amandes. Tout ça pour avoir voulu garder Mathieu auprès de son fils qu'elle élève seule désormais.
Des erreurs elle en avait fait mais elle les voyait plutôt comme des épreuves de la vie qui l'ont rendu plus forte.
« Maman? » fit une petite voix endormie derrière elle.
Paul s'était réveillé et frottait ses yeux encore à moitié clos, son doudou à la main.
- Qu'est-ce que tu fais debout mon chéri? demanda-t-elle.
- J'ai fais un cauchemar.
Alice le prit sur ses genoux et mis sa main dans ses petit cheveux bouclés.
- Quand est-ce qu'on rentre à la maison maman? demanda le petit garçon en posant sa tête sur l'épaule de sa mère.
- Demain soir.
Elle était déjà nostalgique de quitter ce bout de plage perdu au milieu des montagnes. Il était temps pour elle de retrouver la pollution, la pile de dossiers sur son bureau... et Marquand.
- Je vais pouvoir montrer les coquillages à papa! s'exclama le petit garçon.
Alice avait tenté d'expliquer à son fils qui était son vrai père mais le petit continuait d'appeler son parrain « papa » en lui disant qu'à l'école, il avait apprit que l'on pouvait avoir deux papas! Trouvant sa réflexion assez amusante, elle ne lui fit plus de réflexion à ce sujet.
- Et il faut aussi qu'on se lève tôt demain pour aller chercher des souvenirs pour papy alors on va aller se coucher mon bébé.
- Je suis pas un bébé! Je suis grand maintenant! J'ai souffler six bougies! dit-il avec enthousiasme.
- C'est vrai, tu es mon petit homme maintenant. Allez mon petit homme alors, on va se coucher!
- J'ai peur maintenant... je peux dormir avec toi maman? demanda-t-il timidement.
- Bien sûr... allez viens.
Alice regardait son fils fermer petit à petit les yeux... il ressemblait de plus en plus à son père mais il avait sans aucun doute la vivacité d'esprit de sa mère. Elle embrassa doucement sa joue et s'endormit à son tour quelques minutes plus tard.