Son choix Marquand l'avait fait dès le premier jour. Il avait eu d'autres conquêtes, certes, mais elles ne rivalisaient jamais avec Alice. Oui, avec Léa tout fonctionne comme il faut. Oui c'est une femme simple comme il le voulait. Mais non, ce n'est pas celle qu'il aimait. Malgré ses efforts pour se mentir à soi-même tout le ramenait à sa juge. Qu'est-ce qu'elle lui avait fait? Il n'en savait strictement rien. Ce qui était le plus drôle dans l'histoire c'est qu'il n'y avait rien qui les prédestinait à finir ensemble. Ils étaient plutôt compatible pour des incompatibles.
- Tu m'as l'air un peu ailleurs ce soir. fit remarquer Léa à Marquand
Il était assis au bord du lit, pensif. Alice avait raison, il avait joué avec le feu en se mettant avec Léa et peut-être que le jeu lui paraissait amusant mais désormais ça ne faisait plus rire personne. Léa se méfiait d'Alice car elle était parfaitement au courant de son importance dans la vie de Marquand. Plus elle était loin de lui et plus il devenait irritable et indifférent. D'ailleurs, en voyant sa tête à son retour dans l'appartement, elle comprit très vite sans avoir à lui demander quoi que ce soit. Rien n'avait l'air de le sortir de ses pensées, pas même ses baisers. Il l'a repoussait presque ce qui l'a mit dans une colère noire.
- Tu penses encore à ta juge c'est ça?! Tu te fou vraiment de ma gueule Fred! cria-t-elle dans tout l'appartement.
- Calme toi Léa.
- Alors là tu peux courir! J'en ai marre de vivre à côté d'un mec qui pense à une autre tu vois. Pourquoi t'as accepté que je m'installe chez toi si tu l'aimes encore? Je me serais débrouillé pour aller ailleurs. Et ne me dis pas que je suis folle ou je ne sais quoi parce-que c'est loin d'être le cas, je vois ce qu'il se passe et je préfère partir plutôt que de te voir retourner dans les bras de ta nana. dit-elle en rejoignant la porte.
- Tu comptes aller où comme ça?
- À l'hôtel. lança-t-elle sèchement.
Il resta quelques minutes sur le pas de la porte. Tout son être lui criait de rejoindre Alice et il finit par céder. Qu'avait-il à perdre? Au pire elle serait un peu plus en colère contre lui. Ce qu'il n'espérait pas.
Lorsqu'il arriva devant la porte il fut surprit de trouver Monsieur Nevers dehors, en panique, qui préparait la voiture de sa fille pour une raison inconnue.
- Monsieur Nevers? fit Marquand en s'approchant de lui.
Il n'eut pas le temps de dire quoi que ce soit qu'Alice débarquait avec Paul dans les bras, les yeux humidifiés par les larmes.
- Fred? Écoute j'ai pas le temps de te parler là. dit-elle en allongeant Paul sur les sièges.
Le petit ne bougeait pas, il semblait être dans un sommeil très profond.
- Qu'est-ce qui ce passe? demanda le commandant.
- Il faut que j'emmène Paul aux urgences.
- Quoi?
- Il s'est mit à convulser dans mes bras, je comprends pas ce qu'il lui est arrivé!
- Je vous emmènes.
- C'est pas la pe...
- Paulo est aussi mon filleul. Restez avec lui derrière et moi je vous conduis aux urgences. dit-il sans laisser le choix à Alice.
De toute façon il n'y avait pas de temps pour discuter de ça, Paul était malade et c'était la priorité pour tout le monde.
Dans la voiture Alice ne quittait pas son petit garçon des yeux qui semblait terriblement faible tout comme Marquand qui regardait fréquemment dans le rétroviseur.
Dès l'arrivée aux urgences le petit fût pris en charge par des médecins, Alice et Marquand patientèrent dans les couloirs.
- Il était malade, j'aurais dû rester avec lui aujourd'hui! J'aurais peut-être vue quelque chose!
- Alice ne commencez pas à culpabiliser, votre père était avec Paulo de toute façon. Et puis qu'il soit avec ou sans vous, ça n'aurait rien changé. dit-il en lui caressant délicatement le dos.
La juge ne le disait pas mais la présence de Marquand l'aidait beaucoup. Après une heure trente à attendre dans les couloirs, elle se laissa aller dans ses bras et ferma les yeux.
- Madame Nevers? fit un médecin devant eux.
Alice ouvra à nouveau les yeux et se leva d'un bond.
- Oui. Comment vas mon fils docteur? demanda-t-elle, inquiète.
- Bien, nous l'avons mis dans une chambre.
- Et vous... vous savez pourquoi il s'est mit à convulser?
- Un pic de fièvre mélangé à un petit état grippale peut donner des convulsions chez les enfants. Par précaution nous avons fait des examens approfondis pour écarter la piste de l'hémorragie cérébrale. Tout est négatif. Vous pourrez rentrer dès demain matin si il ne se passe rien de nouveau dans la nuit.
- Merci docteur. Je peux le voir?
- Bien sûr, chambre vingt-deux.
Afin de laisser son intimité à Alice et à son filleul, Marquand se mit à l'écart et observa la scène à travers la vitre de la chambre.
Le petit garçon dormait, des électrodes étaient branchés sur son torse et relié à une machine indiquant son rythme cardiaque. Malgré tout cette agitation autour de lui, il avait réussi à garder son doudou près de lui. Il était adorable comme ça.
- Tu m'as fais une jolie frayeur mon amour... dit-elle en caressant délicatement sa joue.
Sentant la présence de sa maman, Paul ouvrit les yeux quelques secondes et se rendormit aussitôt.
- Repose-toi mon bébé, je suis là... Et ton parrain aussi est là. chuchota-t-elle en tournant la tête vers la vitre. Il est toujours là.
Alice finit par sortir de la chambre et elle trouva Marquand endormit sur ce vieux siège en plastique très peu confortable en face d'elle. Il était adorable. Elle s'approcha doucement de lui en tapotant sur ses épaules pour le réveiller. Il sursauta et se releva brutalement.
- Excusez-moi je ne voulais pas... enfin... Vous pouvez prendre ma voiture et rentrer chez vous, dormez, je rentrerais en taxi avec Paul.
- Hein? Non... dit-il en se frottant les yeux. Je reste avec vous et Paulo.
- Vous êtes sûr? insista la juge.
- Oui. C'est vous qui devriez dormir, vous avez une petite mine. fit remarquer Marquand à Alice
La juge se releva et réalisa qu'elle avait effectivement besoin de sommeil.
- Venez. fit Marquand en lui laissant de la place pour qu'elle s'assoit.
Elle s'installa sans broncher sur le siège à côté de son commandant puis il lui fit signe de poser sa tête contre lui. Elle hésita un instant puis se laissa guider par la fatigue qui l'a prenait et posa délicatement sa tête sur son torse.
- Merci d'être là. dit-elle tout bas.- Vous savez que je ferais n'importe quoi pour vous.