Racines (My Hero Academia fanfiction)

Le cas Kanshitai

Le garçon à l'alter de démembrement avait profité d'un moment d'égarement pour filer en douce en dehors de l'entrepôt. Il n'aimait vraiment pas rester dans le groupe de son père adoptif, et puis il avait l'impression de gagner en liberté, même si cela n'était qu'une sensation éphémère.

Il avait plusieurs fois tenté de s'échapper de cette manière, mais à chaque fois son kidnappeur trouvait le moyen de le retrouver. Et disons qu'après ses punitions n'étaient pas très... agréables. A moins d'aimer le fait de ne plus avoir le contrôle de son corps.

Un frisson de dégout lui traversa l'échine. Il repensait encore à ses dernières humiliations qui devenaient de plus en plus fréquente et surtout de plus en plus poussé. A croire que son "père" avait peur qu'il ne le quitte, et cette peur était carrément justifiable selon Kanshitai, car il voulait bien évidemment quitter au plus vite l'emprise de cet homme. Sérieusement, qui aurait envie de rester avec cet être vil et manipulateur?

Quelques images sombres ressurgirent dans sa mémoire. Ces images correspondaient à sa vie dans les laboratoires secrets où de nombreux autres enfant avaient été sujets d'expérience sur la compatibilité des alters, à savoir comment réagissait l'alter d'origine face à un autre alter qu'on implantait. L'objectif ultime des scientifiques étant de pouvoir fusionner deux alters manuellement pour n'en former qu'un, il avait été plus ou moins réussi avec Kon, le seul qui pouvait utiliser son alter d'origine, les racines, avec celui qu'on lui avait implanté, la guérison.

C'était une des raisons pour laquelle Kanshitai rageait : parce que Kon se trouvait des excuses complétement stupides pour ne pas utiliser ses deux alters fusionnés en même temps. Il avait la certitude que Kon ne se rendait pas compte de la chance et du potentiel qu'il avait. S'il fallait lui ouvrir les yeux par la force, il le ferait sans hésiter.

Oh oui il rageait contre son frère adoptif, mais en même temps il n'enviait pas sa situation. Kon ne s'en rendait sûrement pas réellement compte, mais il était la cible du plus grand vilain de tous les temps, celui qui faisait trembler héros comme vilain à la simple évocation de son nom. Déjà qu'il n'aimait pas qu'on braque son regard sur lui, il n'aurait pas supporter cette tension insurmontable de devenir la proie d'un puissant et influant prédateur. Prédateur qui n'hésiterait pas à envoyer ses meilleurs chasseurs pour retrouver sa propre création.

Kanshitai n'aimait pas son "père", c'était un fait absolu, mais il pouvait l'apprécier que pour une chose : son envie de protéger Kon de son créateur All For One, qui l'utiliserait pour de mauvaises intentions. Ce garçon à l'alter de racines méritait mieux que ça, et puis il n'avait tout simplement pas la carrure et le tempérament pour être un vilain. Ni même pour être un héros. Pourquoi son père continuait à croire que ses deux fils adoptifs allaient devenir de parfaits héros? N'étaient-ils pas des rebus de la société? Quelle personne aurait envie d'être sauvé par une immonde créature issu d'un laboratoire? Cette homme avait perdu la tête pour croire ça.

Le jeune garçon au fabuleux alter d'amélioration des sens allait bientôt devoir rejoindre la célèbre école des héros alors que lui-même n'aspirait qu'à une vie de tranquillité sans combat où sa vie ou celles d'autres personnes pouvaient être et sans caméra pour le suivre dans ses moindres faits et gestes. Il se demandait même comment faisait le fameux All Might pour supporter ça sérieusement, sans compter le lourd poids des responsabilités qui devait peser sur lui en tant que le numéro 1 des héros et le symbole de la paix.

Kanshitai, dos au mur du bâtiment abandonné, laissa doucement tomber sa tête en arrière, songeur. Il s'imagina une vie en tant que sans alter. Qu'est-ce qu'il aurait aimé pouvoir échanger cette vie à la place de sa vie actuelle. Ne plus avoir de lien avec l'incident du laboratoire, ne plus avoir ses alters qu'il détestait. Ne plus voir ses bras et ses jambes qui pouvaient se démembrer en retirant simplement les fils qui les maintenaient sur son corps. Cet alter de démembrement, il ne l'avait pas eu de naissance. On lui avait douloureusement implanté après l'avoir torturé pour que ce fameux alter puisse bien s'intégrer à son corps. Qu'est-ce qu'il avait envie de gerber en repensant à ça. Des frissons de terreur commençaient même à parcourir son corps, mais il prit le temps de fermer ses yeux et de reprendre une respiration plus douce afin de se calmer.

Il aurait tellement aimé avoir eu à la place de son alter de démembrement l'alter de régénération de cet idiot de Kon. Mais bien sûr, le fait de pouvoir combiner les racines avec la guérison pouvait être largement plus utile que de n'avoir qu'un simple alter de soin de base. Mais Kanshitai ne pouvait tout de même pas s'empêcher d'être jaloux de son petit frère adoptif, c'était un sentiment naturel entre frère non?

Kanshitai se mit à émettre un petit rire nerveux. Jaloux d'un petit moins que rien? Et puis quoi encore? Jamais Kon ne pourrait lui arriver à la cheville, pourquoi devrait-il s'inquiéter de lui? Et même, est-ce qu'il devait aussi absolument s'inquiéter POUR lui? C'était le job de leur "fabuleux père" que de s'occuper des fesses de ce faiblard, n'est-ce pas?

Il ouvrit de nouveau ses yeux, faisant légèrement briller les lignes et contours qui dessinaient une forme de radar. Il activait son alter d'amélioration de la vue à chaque fois qu'il se calmait et ouvrait de nouveau ses yeux, c'était une habitude qu'il avait eu dans les laboratoires, quand il devait faire face à ses peurs et montrer qu'il était loin d'être inutile, qu'il pouvait lui aussi protéger ses camarades de cellule. Il le savait que c'était plutôt ridicule comme fonctionnement mais cela avait au moins eu le mérite de le rassurer quand il était en proie au danger.

Kanshitai contempla de longues secondes durant les nuages en perpétuel mouvement qui avaient des formes que l'on pouvait interpréter différemment selon le point de vue. Un coup c'était la grande mâchoire rempli de dents d'un monstre, un coup c'était le corps long et fin d'un serpent, un autre coup c'était un oiseau battant des ailes, ou un cheval galopant dans le ciel. Bref, les nuages étaient une sources inépuisables d'inspiration pour n'importe quel esprit.