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des coups j'en ai pris mais je suis pas mort, il faut que j'arrête de me plaindre

𝐞𝐬𝐦𝐞́𝐞

je bande méticuleusement la main droite de ken tandis qu'il bouge dans tout les sens. je viens de désinfecter sa main qui s'est ouverte quand il a frappé ce garçon qui m'emerdait dans la boite. mais comme il est encore complètement bourré il a du mal à suivre.

– tu vas rentrer dormir chez toi ? il me demande.

j'hoche la tête et ajoute :

– j'habite à deux pas d'ici, logique.

il ne semble pas d'accord et il se met à gigoter alors que c'est la troisième fois que je recommence son bandage. je souffle d'avance.

– j'aime pas que t'habite si près parfois. quand je fais soirée tu rentres toujours chez toi.

je fronce les sourcils. pourquoi ça le dérangerait que je ne restes pas dormir chez lui ?

– dis pas n'importe quoi, je ris légèrement. pourquoi tu voudrais que je restes ici ?

silence, il pince ses lèvres entres elles et fronce son nez. il est vraiment trop bourré mais je ne peux pas m'empêcher de penser qu'il est adorable comme ça. c'est pas vraiment le genre de ken de se montrer vulnérable comme ça devant le gens. enfin, vulnérable c'est un gros mot, il est juste complètement éclaté et puis, ce n'est que moi mais quand même. tout à l'heure le garçon a riposté quand il s'est relevé et a poussé ken, il s'est complètement éraflé la joue. après ça il lui a remit une droite et il était par terre. bon, ça nous a coûté notre billet de sorti de la boite à tout les deux mais c'est pas grave.

– bouge pas je vais soigner ton visage maintenant.

– je bouge pas docteur esmée.

je ris devant son comportement, il a les yeux presque fermés et il sourit comme un idiot.

– bouge pas j'ai dis, je répète.

il se calme et reprends son sérieux après quelques crises de rires. au final il reste là, devant moi, à se tenir droit, le visage sérieux. il a le regard rivé sur la porte derrière moi et ça me laisse le droit de l'observer un moment. je ne peux pas m'en empêcher. c'est incroyable ce qu'il est beau, tout les traits de son visage m'attirent. il relève les yeux vers moi, attendant sûrement que je commence à le soigner et nos regards restent en contact. notre échange me vaut un pincement au cœur et je me mords légèrement la lèvre. il ne sait pas à quel point il est irrésistible c'est dingue. mais c'est ken, alors je coupe court :

– 'scuse j'étais dans la lune...

il hoche simplement la tête et ne dévie pas le regard. mes joues se réchauffent rapidement et je me dépêche de soigner délicatement sa plaie. je tiens son menton et passe doucement le coton, sans qu'il ne bronche une seule fois. quand j'ai enfin finis je le lui dis et on se lève, rangeant notre bazar.

– qu'est-ce qui t'as pris de le frapper ce mec ? je lui demande.

– il tenait ton poignet.

je ris légèrement. il dit ça de manière détaché, comme si c'était évident et que c'était une raison suffisante.

– t'aurais juste pu lui dire de lâcher, alors...

– je lui ai dis de lâcher. il m'a énervé.

– j'ai vu ça.

il relève le regard vers moi et dit sérieusement :

– je laisserais jamais personne te toucher esmée.

sa phrase est anodine. n'importe lequel des gars me dirait la même chose. pourtant quand ça sort de sa bouche ça me donne des frissons. je me sens débile d'un coup, j'ai l'impression de revenir quatre années en arrière, quand on s'est vu pour la première fois.

◌ ◌ ◌
flashback

deen me traine par la main dans l'appartement de ses potes. il les as rencontrés par hasard à un open mic, un truc comme ça. j'étais un peu réticente de venir d'abord mais à vrai dire je sais qu'il faut que je me fasse des nouveaux amis, puisque j'ai lâché les derniers qui étaient bien trop cons pour moi. je salue tout le monde et remarque très vite qu'on est bien accueilli. ça me fait instantanément sourire. deen les connait depuis plus d'un an déjà mais c'est la première fois qu'il décide de me ramener, puisqu'il sait que j'ai lâché mon ancien groupe.

– esmée viens voir, il m'appelle.

j'étais en pleine discussion avec un renoi qui s'est présenté au nom d'alpha quand il m'appeler. je me lève et le suit. on arrive devant un groupe de quatre, tous adossés contre le comptoir de la cuisine.

– esmée, je te présente mohamed, hakim, idriss et theo.

– enchanté.

je leur offre un sourire et eux aussi en retour. c'est mohamed qui m'offre le plus grand sourire et il me fait une accolade qui m'étonne au départ.

– ah j'suis grave content d'enfin te recontrer, on a souvent entendu parler de toi tu sais !

– c'est vrai ? je dis en me tournant vers deen.

ce dernier lève les yeux au ciel, ce qui me vaut la même réaction. on continue de discuter avec eux puis j'informe deen que je vais prendre l'air un moment. ils m'informent qu'il faut sortir de l'appartement et prendre les escaliers jusqu'au toit, ce qui m'étonne un peu au départ mais je les écoute. une fois en haut, je devine une silhouette masculine, seule, regardant la ville lumière. je m'avance timidement et toussote pour l'informer de ma présence. quand il se retourne mes lèvres s'entrouvrent toutes seules. tout chez lui était parfait. les traits de son visage, ses yeux, ses lèvres, ses cheveux plutôt longs et même son bouc mal rasé. il était super attirant, là, sous la lumière de la lune. je pensais que ça ne pouvait pas s'améliorer mais il a sourit, et j'ai cru que mes jambes allaient me lâcher, puis il s'est présenté.

– ken, et toi ?

– esmée.

il sourit de plus belle et hoche la tête.

– la fameuse.

– pourquoi tu dis ça ? je demande, amusée.

– t'es la petite protégée de deen. il m'a dit qu'il te ramènerait hier.

– ah, oui...

il m'invite à m'assoir près de lui et ce soir la on a fait connaissance pendant presque toute la nuit. c'est celui que j'ai préféré dès le départ, sans aucuns doutes. mais le mauvais timing dans la vie c'est un sacré bordel.

fin du flashback
◌ ◌ ◌

je reporte mes yeux sur ken et mon regard s'attendrit.

– aller viens je vais te mettre au lit.

– j'aime quand tu dis des trucs comme ça, il dit en riant.

– oh tait-toi et appuie toi sur moi pour m'aider plutôt !

il imite ma voix en répétant ma phrase ce qui me vaut un énième rire. on arrive finalement dans sa chambre et après une bonne dizaine de minutes à lutter pour qu'il se mette au lit, il le fait enfin. je quitte son appartement une fois qu'il dort avec un double des clefs qu'il m'a passé pour ne pas laisser ouvert. une fois dans la rue je souffle enfin. l'alcool que j'avais préalablement ingurgité a bien redescendu et je me met à penser à ce qu'il vient de se passer. je souris sans même y penser, et je secoue aussitôt la tête. c'était une mauvaise idée il y a quatre ans et s'en est toujours une aujourd'hui.

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hei, je vous retrouves avec un nouveau chapitre, j'espère qu'il vous plaira! merci encore pour les commentaires / votes enfin ça a plu direct et je m'y attendais pas du tout ça me fait trop plaisir. vous en pensez quoi pour l'instant?

un et demi / nekfeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant