Le Onryō

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Nouvel appartement, nouvelle vie.

Vous êtes bien décidé à oublier toutes ces horribles mésaventures qui vous arrivent récemment pour - enfin - repartir du bon pied ! Vous avez donc emménagé dans cette coquette petite maison, et vous êtes d'autant plus ravi que le loyer était très abordable. Une bonne affaire, vous a affirmé l'agent immobilier, on n'a jamais vu un bien aussi intéressant à ce prix-là !

Votre dernier carton posé à terre, vous savourez enfin le calme reposant de votre nouvel habitat. Tatamis au sol, larges placards à portes coulissantes et rideaux occultants... Vous devez admettre avec le recul que cette nouvelle chambre est un peu oppressante. Mais vous mettez ça sur le coup de la nouveauté, secouez votre tête et commencez plutôt à déballer vos cartons.

Alors que vous arrachez l'adhésif sur le dessus de votre boîte, vous avez l'impression d'entendre un grattement en provenance du placard derrière vous. Vous tournez la tête aussitôt, l'esprit aux aguets : il est fermé, la porte de bois totalement rabattue sur la plinthe le long du mur. Pas de quoi s'inquiéter, en apparence...

Dans le silence oppressant, vous attendez, incertain, de voir si le bruit va se reproduire. Rien, d'abord, ne vient perturber ce silence, avant qu'un nouveau grattement ne se fasse entendre. Vous aviez pensé à un animal - un chat sans trop savoir pourquoi - et vous constatez avec surprise que le bruit provient du haut du placard, et qu'il a fait trembler la paroi...

Vous prenez une inspiration profonde avant de vous lever, vous essayez tout en avançant de vous persuader que ce n'est qu'un oiseau qui s'est perdu dans la maison lors du déménagement. Mais comme toujours, un frisson presque douloureux parcourt votre colonne vertébrale, une chair de poule glaçante recouvre vos avant-bras tandis que vous posez la main sur la porte.

Vous la faites coulisser, très lentement, laissant vos yeux s'habituer à l'absence de lumière à l'intérieur du placard. Le noir profond laisse place petit à petit à une pénombre angoissante. Les étagères sont vides, évidemment, mais le bruit venait du plafond.

Une goutte de sueur dévale votre nuque, vous espérez de tout cœur ne rien découvrir lorsque vous levez la tête mais peine perdue, de longs fils noirs tremblent sous un vent invisible devant vos yeux.

Un buste, une tête, dépasse de votre plafond. Une femme à la peau blanche, hirsute, aux longs cheveux noirs et aux yeux injectées de sang vous observe d'un regard neutre. Sa bouche se tord dans un cri silencieux, ses doigts crispés sont cloués à la plinthe de bois et elle ne cille pas.

Un râle qui semble venir des enfers sort alors de sa bouche, et comme si ce borborygme était un signal, elle se met à tendre ses mains décharnées vers vous, ouvrant la bouche comme pour vous avaler tout entier...

La Librairie YōkaiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant