Le Gashadokuro

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Vous le savez pourtant, qu'il ne faut jamais écouter vos amis lorsqu'ils vous donnent des idées de raccourcis. Oui, mais.

Oui mais vous étiez fatigués et il se faisait tard, alors pour attraper le dernier train vous avez coupé à travers champs, sautant par dessus un minuscule cours d'eau pour vous éclairer à la lumière de votre téléphone portable.

Vous marchez avec précaution, éclairant vos pas au fur et à mesure que vous avancez entre les mottes de terres de ce terrain vague. La brume s'est levée, donnant une ambiance presque fantomatique à votre environnement.

Pas besoin de se raconter des histoires qui font peur pour frissonner, un petit tour par le terrain vague après minuit et vous êtes refaits.

Vous faites taire les voix dans votre tête prédisant votre mort imminente et continuez votre route, mais pour autant rien ne dépasse : les mains sont rentrées dans les manches et le cou est bien enfoncé dans votre veste histoire de ne pas laisser prise.

À qui ? À quoi ? Les voix dans votre tête sont de moins en moins dociles.

Et ce silence ! Vous tueriez pour ne plus l'entendre. Vous respirez presque un peu plus fort pour briser cette atmosphère pesante, gardant un œil averti sur le sol.

Un son brise l'air et vous tire de votre concentration alors que vous trébuchez. Vous n'êtes pas certain, à vrai dire, une sorte de claquement qui a résonné au loin. Vous vous arrêtez et éclairez le paysage derrière vous pour la forme : rien ne sort du nuage de brume qui vous entoure. Vous avez presque envie de crier pour vérifier qu'il n'y a personne mais vous auriez trop peur de donner encore plus de détails sur votre position au cas où quelqu'un serait à vos trousses.

"Qui serait à vos trousses ?" vous hurle intérieurement la raison, mais l'heure de laisser parler la raison est passée depuis bien longtemps.

Vous enfoncez un peu plus la tête dans votre manteau et faites un autre pas en avant.

Gachi gachi.

Vous en êtes sûr cette fois-ci, un cliquetis sinistre s'est fait entendre derrière vous. Vous ne bougez plus, terrifié à l'idée de faire un pas de plus : impossible pour vous de définir ce bruit et c'est d'autant plus terrifiant.

Un claquement, un cliquetis, le bruit du bois contre le bois ? Toujours immobile, vous attendez que le bruit se répète mais rien ne vient.

Vous prenez une profonde inspiration et repartez au pas de course, quoique ce soit : cela n'augure rien de bon. Le bruit se répète. Plus près ? Vous pensez mais vous n'êtes pas certain. Chaque bosse devant vous vous déstabilise, vous fait trébucher mais vous ne perdez pas de vue votre objectif : partir d'ici. Vous ne pensez même plus à la gare ou à rentrer chez vous, vous voulez juste partir. Ne plus être ici.

Un nouveau trou dans le sol vous fait définitivement chuter, tomber dans un bruit sourd qui vous paraît étouffant. Un long silence le suit, vous n'entendez plus que votre respiration haletante, votre coeur qui rugit dans votre cage thoracique.

Gachi gachi.

Ce même bruit, ce même claquement étrange qui cette fois-ci vous immobilise complètement. Vous n'osez pas vous relever, encore moins tourner la tête pour tenter d'apercevoir ce qui semble vous poursuivre.

Alors que vous plantez les avant-bras dans le sol, vous sentez quelque chose vous saisir par la taille et vous tirer en arrière avec violence.

Une nouvelle fois dans la nuit, gachi gachi.

La Librairie YōkaiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant