Chapitre 2

13 2 0
                                    


- Je ne te veux aucun mal. Tu dois me faire confiance. Répond-il comme s'il avait lu dans mes pensées.

- Vous... Vous êtes malade. je bégaie d'une voix tremblante.

- Je suis en excellente santé, je t'assure. J'ai besoin de ton aide et personne ne doit être mis au courant.

- Mais vous voulez quoi ? De l'argent ? Je n'en ai que très peu...

- Je ne veux pas de ton argent Cassandre. Il faut que tu m'aides, je suis coincé ici. La haut, on m'a conseillé de venir te voir. Ils disent que tu est une élue et...

- Comment ça une élue ? Là-haut où ? Vous venez d'une région montagneuse ou quoi ?

- Mais non Cassandre, je descend du Royaume du ciel.

Je ne sais pas si c'est à cause du stress mais je ne peux m'empêcher de laisser échapper un fou rire. Il est complètement cinglé ou alors je suis en train de dormir et je suis en plein rêve. Je me pince alors le bras et me rend compte que tout cela est bien réel. J'essuie les larmes qui ont coulés sur mes joues avec la manche de mon pull et reporte mon attention sur lui qui m'observe avec de gros yeux éberlués.

- Vous vous écoutez parler ?

- Oui bien sûr. Je ne suis pas sourd. Dit t'il avec un sourire béat.

- Non mais je veux dire c'est n'importe quoi. Vous dites que vous êtes un ange tombé du ciel...

- Parce que c'est la vérité. Un ange ne peux pas mentir, sinon il finit aux Enfers. Crois-moi.

- Mais je ne peux pas enfin. Comment je peux croire une chose pareille ?

- Parce que tu est une élue...

- Encore ça ? Mais l'élue de quoi ?

- Tu est celle qui a été choisie pour changer le monde Cassandre et pour combattre le mal qui menace cette terre.

J'ai l'impression de me retrouver dans un film sans intérêt à petit budget aux répliques cousues de fil blanc. Ça me donne encore plus envie de rire. Mais je me retiens avec difficulté car j'ai peur qu'à force, je ne finisse pas l'énerver.

- Oui oui, d'accord...

- Tu ne me crois pas Cassandre.

- Absolument pas.

- Pourtant c'est la vérité, Dieu m'a envoyé ici pour faire mes preuves et il m'a demandé de te trouver.

- Dieu ? Mais oui c'est ça !

- Tu ne crois pas non plus au maître Suprême ?! S'exclame t'il d'un air choqué.

- J'ai du mal oui, mais s'il existe, tu lui diras que je le déteste pour m'avoir affublé d'une telle malédiction.

- Tu parle de ton don ?

- Co...Comment le savez vous ? Je le questionne avec surprise.

Car personne, a part ceux à qui j'ai prédit la mort bien évidemment, n'est au courant.

- Parce que je sais tout de toi, tu peux voir la mort.

J'en reste bouche bée. Il me sourit tristement en se rapprochant de moi mais je m'empresse de m'éloigner jusqu'à atteindre le mur de l'arrière boutique. Bravo je suis prise au piège maintenant ! Il se rapproche dangereusement et je recommence à trembler en sentant mon cœur cogner dans ma poitrine. J'en oublie même de respirer lorsque celui-ci s'arrête et colle son front contre le mien. Je peux alors ressentir son souffle sur mon visage mais je n'entend aucun de ses battements de cœur. Je pourrais lui donner un coup dans ses parties sensibles pour le repousser et me barrer d'ici mais je suis complètement paralysée. J'ai l'impression que le temps s'est arrêté. Apeurée, je me laisse faire lorsqu'il prend ma main dans la sienne qui est par ailleurs très chaude pour me la poser sur son torse. Son cœur bat à un rythme régulier en silence. Ce contact me fait un drôle d'effet de déjà-vu et m'apaise en me vidant l'esprit de toutes pensées négatives. Mes frissonnements cessent et je me laisse guider par sa chaleur en fermant les paupières seulement quelques secondes mais qui me paraissait des heures.
Quand je finit par les réouvrir, cet étrange inconnu me lâche la main et me regarde avant de tourner les talons. Je l'observe se diriger vers le bureau et ouvrir le premier tiroir. Étrangement, je n'ai plus peur désormais. Mais ce n'est pas pour autant que je lui fait confiance. Je ne parviens toujours pas à bouger et je me contente d'attendre qu'il dise quelque chose. Il récupère la montre à gousset de la vieille dame que j'avais cacher et l'examine avec intérêt. Lorsqu'il se retourne de nouveau vers moi, une grimace attristée est affiché sur son visage et je ne sursaute pas cette fois quand il s'approche de moi en emportant la montre avec lui.

- C'est Gabriel qui vous la laissé n'est-ce pas ? Il me manque celui-là, c'est vraiment dommage qu'il soit parti... Déclare-t-il en baissant les yeux sur la montre qu'il tient dans la paume de main.

- Gabriel ? Un vieille homme c'est ça ? Vous le connaissiez ?

- Oui bien sûr. Me dit-il en relevant la tête. C'est un ange lui aussi qui n'a pas voulu retourner au royaume.

- Euh... Pourquoi ? Le questionnais-je en faisant semblant de rentrer dans son jeu.

- Parce qu'il est tombé amoureux... Je t'en supplie Cassandre, je ne veux pas tombé amoureux, je ne veux pas finir comme lui et mourrir ! S'exclame t'il en me serrant le bras d'un air paniqué.

Cet homme est aussi perturbé que perturbant. Son regard de chien battu me fait pitié. J'essaye de sourire en me dégageant encore une fois de son entreinte. Il n'a pas l'air davoir conscience qu'il empiète sur ma zone de confort.

- Euh... vous ne tomberez pas amoureux, promis.

- Oh merci Cassandre... il était tellement vieux à la fin. L'amour est si dangereux ! Une vrai maladie !

- Oui oui, très dangereux... je répète d'un ton ironique.

Il m'offre un large sourire et me rend la montre. Je m'empresse alors de la ranger de nouveau dans le tiroir. L'inconnu m'a emboîté le pas et me colle toujours aux basques. J'ai toujours du mal à gober son histoire. Mais le fait qu'il connaissait le nom de l'ancien propriétaire de cette montre m'intrigue. Peut-être qu'il dit bien la vérité ? Ou alors ce vieil homme était aussi un évadé d'asile ouais...

- En faite, c'est quoi votre nom ?

- Raphaël. Cassandre me crois-tu maintenant ?

- Toujours pas, il me faudrait une preuve.

- Très bien, alors j'ai une idée.

- Euh... laquelle ?

- Je sauverai la prochaine personne a qui tu prédiras la mort.

Il s'éloigne de moi d'une démarche enjoué et me demande de le suivre. J'hésite un moment mais je finis par accepter en me rappelant que le poste de police ne se trouve pas très loin de la boutique. Au moins, je pourrais me débarrasser de lui. J'emporte mon manteau posé sur le dossier de mon siège, l'enfile puis referme la porte du magasin derrière nous. Le jour a fait place à la nuit et seuls quelques lampadaires éclairent le trottoir. Nous marchons tranquillement et je suis ravie de ne rencontrer personne. J'ai déjà une mauvaise réputation et il n'y a pas besoin de l'empirer avec cet homme à mes côtés, parfaitement déguisé pour une soirée costumée.
Mais lorsque l'on parvient à la rue perpendiculaire à celle que nous venons de quitter, des racailles nous remarquent et commencent à se diriger vers nous. L'un d'entre eux a un couteau. Je me fige en retenant le bras de Raphaël. Soudain une violente migraine me fait vaciller sur le côté et une vision monstrueuse s'impose dans mon esprit.

L'ange mortelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant