La lune baignait de sa lumière les terres sombres et humides du marais interdit. Un chasseur attendait patiemment derrière un chêne moussu, un fusil à la main qu'il tenait avec détermination.
L'homme portait un long manteau en peau de bêtes sauvages et dont il était très fier.
Il entendit un bruit provenant d'un tronc mort à moitié englouti par le sol du marécage et des plantes grimpantes.
Deux oreilles au pelage roux dépassèrent du tronc et l'homme esquissa un sourire carnassier et s'approcha à pas feutrés de sa proie.
Le renard ignorant la situation funeste qui s'approchait dangereusement de lui, continua de tourner autour de l'oiseau mort, au fumé divinement alléchant.
Il décida alors de bondir sur sa proie pour s'en repêtre quand il comprit trop tard qu'il s'agissait d'un piège qui venait de se refermer sur lui.
Sa patte arrière gauche était coincée dans des dents métalliques qui lui lacerait la peau et le faisait souffrir atrocement, il poussa de longs cris de souffrance désespérés.
C'est alors qu'apparut dans l'ombre, une immense silhouette devant lui.
L'homme regardait souffrir avec délectation l'animal qui venait chaque soir à la tombée de la nuit, dévorer les poules de la ferme de son père.
Il laissa tomber son fusil sur le tapis de mousse à ses pieds, sortit son coutelas de son ceinturon et regarda une dernière fois l'animal apeuré avant de saisir sa tête et d'enfoncer son arme dans le cou du renard.- Je t'ai enfin eu sale vermine, tu ne nous causeras plus de tourments !
Dit-il sur un ton victorieux en bombant le torse.
Il sortit son couteau de l'animal qui laissa déverser un flot de sang fumant au contact de l'air frais du matin.
L'homme abandonna derrière lui le cadavre du renard et prit le chemin du retour pour rentrer chez lui, en sifflotant.
Au fur et à mesure que ce dernier avancait dans le bois du marais, il avait l'impression que ce dernier se refermait sur lui, il commença à paniquer puis les ténèbres l'emprisonnèrent.Au moment où il crut que sa dernière heure avait sonné, les ténèbres se dissipèrent et il remarqua qu'il était toujours à l'endroit où il avait tué le fameux animal.
Au-dessus de la dépouille du renard ensanglanté, se tenait une femme de blanc vêtue, aux cheveux longs et argentés, avec un teint d'albâtre. L'apparition était sans aucun doute la plus belle chose que cet homme avait pu voir dans sa vie.
Elle prit le renard avec délicatesse dans ses bras, le sang venant souiller la blancheur immaculée de sa longue tunique blanche, elle poussa alors un cri de souffrance à vous glacer le sang.
Elle tourna son regard vers le responsable de sa peine et leva sa main en direction de l'homme qui se retrouva alors subitement emprisonné dans des racines épaisses et tortueuses.La femme d'albâtre se leva et marcha dans sa direction.- Comment avez-vous pu me prendre mon enfant ?! Il était doux et inoffensif et vous me l'avez pris ! Pourquoi ! Pourquoi avez-vous fait cela ?! Elle baissa son regard plein de larmes en direction du renard inanimé, un sanglot dans la voix.
Cela n'a plus d'importance maintenant... Voyez-vous, dans cette partie de la forêt je suis la protectrice, la gardienne, et je ne pourrai tolérer qu'un de mes enfants ne meurt de la main de personnes comme vous...- Madame, si j'avais su que cet animal était à vous jamais je n'aurais...
- Silence ! Je ne veux pas vous entendre une seconde de plus...
Elle prit une profonde inspiration avant de reprendre.
Vous savez... J'ai toujours eu un faible pour l'ironie, alors voyez-vous j'ai pensé que le fait de subir à votre tour ce que je viens de vivre serait un juste retournement des choses.
Je vais donc vous transformer en l'animal qui a causé votre perte ce soir quand vous avez choisi de le tuer de sang-froid....Elle posa le cadavre sur le sol humide et s'empara de l'arme encore couverte de sang, elle commença alors à psalmodier une incantation semblant venir du fond des âges :
Vulpisa homines
Par la magie du sang tes os se tordent.
Oculum ad oculus
La fourrure d'un renard noir;
Per magica mutare sanguinistu properas !Des bouillonnements douloureux à l'intérieur du chasseur se firent sentir qui poussa des hurlements de terreur et de douleur face à ses organes, et à ses os qui se brisaient à l'intérieur de son corps.
Dans un dernier cri qui ressemblait plus à un glapissement, il se changea en un renard à la couleur de l'obsidienne. L'homme emprisonné dans le corps d'un renard s'enfuit dans la nuit sous les rires de victoires de la sorcière qui venait de le maudire.
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