Catherine

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- Attends, c'est décousu. Recommences depuis le début s'il te plaît, lui demanda un policier dont le visage était tendu.

Louis n'en menait pas large. Les policiers avaient vite compris qu'il était celui qui avait déposé le portefeuille sur le comptoir et l'avaient prié de les accompagner pour qu'il leur explique son histoire. Il avait tout d'abord refusé, puis accepté lorsque Catherine Rocher, la policière noire qui l'avait interpellé, lui disant qu'il n'avait rien à craindre et qu'ils étaient là pour l'aider. Cependant, elle s'était fait rapidement évincé de la pièce, le laissant avec deux hommes qui étaient loin d'être aussi bienveillants qu'elle.

L'adolescent soupira puis raconta une nouvelle fois son histoire en acceptant de leur révéler qu'il volait occasionnellement pour aider Albane à boucler les fins de mois. Il les supplia de ne pas le dire à sa sœur, mais les policiers ne comptaient pas le laisser s'en aller sans prendre en compte ce paramètre. Louis les vit sortir de la pièce pour délibérer à son sujet et l'angoisse qui l'étreignait monta encore d'un cran. Qu'est-ce qu'il avait cru en venant voir la police ? Qu'ils allaient prendre le portefeuille sans l'embêter ? Il aurait du écouter Daegan et s'autoriser une réflexion jusqu'au week-end avant d'agir. Les deux policiers revinrent dans la pièce et le plus âgé, Paul, lui indiqua qu'il était désormais en garde-à-vue. Ils avaient besoin de lui pour entendre à nouveau son témoignage à propos du portefeuille ainsi que de le mettre en examen pour vol.

- Non ! cria Louis. J'ai voulu vous aider pour retrouver cette femme disparue, mais je n'aurais pas du.

Il se précipita vers la porte de la pièce, mais l'autre policier lui barra la route et le força à se rasseoir sur sa chaise. Le chapelet d'injures qu'il débita par la suite n'arrangea pas son cas et l'adolescent fut menotté avant de subir une palpation pour vérifier qu'il ne possédait rien de dangereux sur lui. Son couteau suisse lui fut retiré ainsi que son téléphone portable et il fut ensuite mené dans une petite cellule froide sans qu'il n'ajoute un mot de plus pour vingt-quatre heures de garde à vue. Les policiers lui avaient demandé les coordonnées de sa sœur, mais il avait refusé de les leur donner. Il préférait que sa sœur se dise qu'il était allé dormir chez un copain, même s'il prévenait d'habitude, plutôt que de courir le risque de divulguer son activité de pickpocket. Heureusement pour lui, la cellule était vide et Louis s'installa sur le banc, ayant à présent de longues heures devant lui pour réfléchir à la bêtise qu'il venait de faire.

- Louis, tu es là ?

La voix de Catherine résonna dans la cellule, sortant l'adolescent de ses pensées. Il jeta un regard colérique vers la femme qui se trouvait derrière les barreaux avant de tourner la tête vers le mur sans répondre. La policière avait un air désolé mêlé de pitié sur le visage, ce qui augmenta sa colère.

- Je suis navrée de ce qu'il t'arrive, dit-elle. Que s'est-il passé pour que tu te retrouves en garde à vue ?
- Vous n'avez qu'à demander à vos raclures de collègues, cracha Louis.
- Je n'obtiendrais rien d'eux, je ne suis plus autorisée à m'occuper d'affaires sur le terrain, grimaça-t-elle. Mais étant dans les bureaux, je pourrais peut-être faire quelque chose pour toi si tu m'expliques la situation. J'aimerai t'aider, tu sais.

Louis se sentit touché malgré lui. La plupart des gens se fichaient bien de ce qu'il pouvait arriver à sa sœur et lui, et même Albane manquait parfois de temps pour lui entre ses divers petits boulots et son petit copain. Même Daegan était souvent trop occupé pour faire attention à lui et l'adolescent se sentait très seul. C'était la première fois qu'on lui témoignait autant d'attention et une sincère volonté de l'aider. Il tourna la tête pour regarder la policière en face. Son visage rond et sympathique lui plu suffisamment pour qu'il accepte de lui répondre. Louis allait cependant la tester pour savoir si elle était digne de confiance et s'il pouvait vraiment lui parler de ce qu'il s'était passé.

Le tueur à la huitième couleurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant