Freluquet vient de rentrer.
<L'Anguille> Ah, c'est pas trop tôt !
<L'Anguille> Je commençais à m'ennuyer tout seul.
<L'Anguille> Alors, quelle est la pêche du jour ?Louis sourit en voyant son ami Daegan lui sauter dessus dès son arrivée sur leur chan IRC privé. Il était rentré une dizaine de minutes plus tôt et s'était aussitôt branché sur son vieil ordinateur portable, dont la ventilation couvrait presque les notes de la musique qu'il avait lancé. Le Dinosaure avait été acheté d'occasion il y avait deux ans pour une somme modique et s'était montré lamentable d'un point de vue performances, mais Louis n'avait pas les moyens du meilleur matériel. Tant qu'Internet et du traitement de texte basique fonctionnait, cela lui convenait très bien.
<Freluquet> Je n'ai pas eu beaucoup de chance aujourd'hui, mais j'ai réussi à faire les poches d'un type qui ne regardait pas où il allait. Plutôt bizarre d'ailleurs...
<L'Anguille> Bizarre ?
<Freluquet> Il était ordinaire, mais il ne cessait de cligner des yeux et semblait ailleurs. Ce n'était pas une cible très difficile.
<L'Anguille> Et quel est le contenu du porte feuille ?
<Freluquet> 2sec, je regarde.Louis attrapa sa veste élimée derrière lui et sortit l'objet du délit. Le fameux portefeuille était en cuir noir patiné brillant à la lumière de l'écran et bien bombé sous la pression des papiers et de l'argent qui s'y trouvait. En l'ouvrant, une liasse de papiers jaunis tombèrent sur les genoux du garçon, qui les mit de côté avant de vérifier la quantité d'argent qu'il contenait. Il réussit à en tirer une quarantaine d'euros, sans parler du portefeuille qui pourrait lui rapporter une dizaine d'euros supplémentaire d'occasion. Louis répondit succinctement à Daegan avant de continuer à explorer le contenu. La carte d'identité indiquait que le propriétaire était un certain Jean-Jacques Breton, habitant en banlieue et ayant une quarantaine d'années. Le garçon découvrit alors que derrière la carte d'identité se cachait une autre carte, ce qui faisait gonfler la poche dans laquelle elle était contenue. Il eu du mal à l'enlever, mais une fois qu'il l'eut dans les mains, Louis en resta stupéfait.
<L'Anguille> Alors ?
<L'Anguille> Qu'est-ce que tu as trouvé ?
<L'Anguille> Hé Freluquet, réponds !
<L'Anguille> Tu es mort ?
<Freluquet> Non, j'ai trouvé quelque chose d'étrange... il y a une deuxième carte d'identité derrière celle du propriétaire. Je viens de faire une recherche internet et il s'agit de celle d'une femme qui a disparu il y a un mois. C'est flippant.
<L'Anguille> Quel est le nom du propriétaire du portefeuille ?
<Freluquet> Jean-Jacques Breton. Ça te dit quelque chose ?Louis commençait à avoir peur. Lui qui avait volé de l'argent dans l'espoir d'aider sa sœur à boucler la fin du mois, il se retrouvait à présent en possession d'un indice qui pouvait aider la police pour retrouver Blanche Gineste, la femme disparue : une carte d'identité dans un portefeuille qui n'aurait pas du la contenir. Cependant, l'adolescent ne voulait pas mettre les pieds dans un commissariat, car cela l'aurait contraint à expliquer comment il était entré en possession du portefeuille et Louis refusait que sa sœur soit mise au courant de son activité de pickpocket. Il lui avait toujours dit qu'il faisait de la distribution de prospectus, bien moins rémunératrice, et il ne souhaitait pas que son mensonge soit découvert. Son téléphone se mit alors à sonner.
- Daegan ? Qu'est-ce qu'il se passe ?
- Tu es certain que c'est bien le portefeuille de Breton que tu as ?La voix de son ami tremblait comme s'il était très agité. Louis fut surpris, Daegan étant toujours très calme et prompt à blaguer, mais il en passa outre.
- Oui, c'est bien son portefeuille. Il a peut-être du ramasser la carte de Gineste en vue de la donner à la police... je ne sais pas quoi faire.
- Ne va pas voir la police, dit vivement son ami. Tu risques de te faire arrêter pour vol et de passer au moins deux jours en garde-à-vue.
- Mais... commença Louis.
- Tiens-tu à ce qu'Albane le sache ? Tu sais ce qu'elle pense des voleurs.Louis soupira. Sa sœur haïssait les voleurs depuis que l'un d'entre eux s'était pris à une de ses amies, puis à elle-même, en leur volant leur sac. Le sien contenait sa paie du mois et ils avaient passé des semaines catastrophiques à essayer de se nourrir comme ils le pouvaient sur leurs maigres réserves. Daegan parvint à le convaincre d'attendre sa venue le week-end prochain avant de prendre une décision à propos du portefeuille et l'adolescent raccrocha en ayant une vive sensation de malaise. Gineste avait probablement des amis et de la famille pour qui elle comptait et il lui semblait cruel de ne pas contacter la police, même anonymement, pour qu'elle puisse essayer de la retrouver rapidement.
Cependant, la situation dégénéra dès le lendemain. Albane ne travaillait pas ce jour là et Louis la retrouva toute tremblante lorsqu'il rentra de l'école sans même avoir fait de prospection. C'était inhabituel car, bien que sa sœur eut un caractère doux et calme, elle avait apprit dans la douleur à ne pas se laisser marcher les pieds suite à sa dernière relation, où son ex la traitait comme une moins que rien. Albane soupira lorsqu'il lui demanda ce qu'il s'était passé.
- Un homme étrange a sonné à la porte aujourd'hui. J'ai ouvert avec la chaînette comme d'habitude et il m'a posé tout un tas de questions bizarres, en me demandant plusieurs fois si je n'avais pas retrouvé un portefeuille qui lui appartenait. J'en ai eu vite marre et je lui ai claqué la porte au nez, mais il a tambouriné contre la porte en disant qu'il savait que je mentais et qu'il viendrait le récupérer par tous les moyens. J'ai cru qu'il allait casser la porte, mais il a finit par s'en aller. Ça te dit quelque chose ?
Louis déglutit. Il devait s'agit du fameux Jean-Jacques Breton qui était à la recherche de son bien. Comment avait-il fait pour le retrouver ? Avait-il été suivi après le vol ? L'adolescent sentit son malaise augmenter : il avait pensé au portefeuille toute la journée et pensait à aller voir la police en dépit de ce que Daegan lui avait dit sur le risque d'être placé en garde à vue. Mais si ce dernier commençait à venir harceler sa sœur, il lui restait deux solutions : soit rendre le portefeuille et faire comme si de rien n'était, soit aider la police à retrouver cette jeune femme disparue.
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Merci d'avoir lu ce premier chapitre jusqu'au bout ! Louis est dans les ennuis jusqu'au cou... et n'est pas près d'en sortir. Que va-t-il lui arriver ? La suite demain ! N'hésites pas à m'encourager avec un vote et/ou un commentaire :)
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Le tueur à la huitième couleur
Misterio / SuspensoJeune adolescent pickpocket à ses heures pour aider sa sœur à finir les fins de mois, Louis mène une vie plutôt paisible malgré son activité peu reluisante. Cependant, il ne s'attendait pas à ce que le porte-monnaie qu'il venait de voler appartienne...