Le dénouement

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- Puisque je vous dis qu'il s'agit du scooter d'un de mes amis, fulmina Louis à voix basse. Ce n'est pas possible, qu'est-ce qu'il pourrait bien faire ici ?
- Calme toi, cela ne sert à rien de t'énerver, dit la policière en le foudroyant du regard. Nous devons les prendre par surprise et en profiter pour les mettre hors d'état de nuire. Est-ce que tu penses pouvoir maîtriser ton ami en cas de besoin ?

L'adolescent haussa les épaules. Il n'était pas très sportif et ne devait son succès dans le métier de pickpocket qu'à sa souplesse et sa discrétion. Le fait de savoir que sa sœur n'était peut-être qu'à quelques mètres de lui le rendait malade et il n'attendait que le feu vert de Catherine pour bondir vers la cabane. Un hurlement retentit alors et ils se figèrent. C'était le cri désespéré d'une femme.

Catherine lui lança un regard entendu et ils foncèrent vers la porte. Une fois devant, elle ouvrit le battant d'un violent coup de pied avant de se ruer à l'intérieur de la cabane. Louis la suivit, le cœur battant.

Une odeur nauséabonde flottait à l'intérieur. La pluie avait endommagé les murs et l'humidité ambiante avait permis l'apparition d'une mousse d'un vert éclatant. Un matelas marbré de tâches brunes et rouges où était allongée une forme humaine constituait l'unique mobilier de la pièce, faiblement éclairé par une fenêtre crasseuse.

Louis n'en vit pas beaucoup plus car il avait repéré Daegan, à moitié nu, et lui fonça dessus. Il le heurta de plein fouet, l'envoyant valser contre la fenêtre qui se brisa sous le choc. Bien que plus petit et moins musclé que lui, l'adolescent avait l'avantage de la surprise pour lui et il lui sauta dessus. Cependant, son ami reprit ses esprits et ils roulèrent à terre dans un grand fracas. Louis vit trente-six chandelles, sa tête ayant violemment heurté le sol. Une douleur intense lui traversa le bras : un des morceaux de verre de la fenêtre s'était enfoncé dans sa chair, qui se mit à saigner abondamment.

Un coup de feu retentit soudain dans la cabane, leur perçant les tympans. Louis sentit une odeur de poudre avant de réussir à immobiliser Daegan en lui croisant les bras dans le dos. Il était plus mal en point que lui : des petits morceaux de la vitre s'étaient fichés dans son dos un peu partout, le parsemant de taches de sang. Catherine poussa un cri féroce avant qu'un gros BOUM ne se fasse entendre. L'adolescent vit alors l'homme de la photo, à moitié nu lui aussi, s'écraser contre le mur et s'effondrer par terre. Le visage de la policière était luisant de sueur et déterminé. Elle pointa son pistolet sur la tête de Breton.

- Ne bougez plus ou je tire !

L'homme laissa échapper un gémissement, mais ne bougea pas, estimant qu'il valait mieux rester en vie. Catherine fit un signe à Louis, qui se leva du dos de son ami avant de l'amener près de Breton pour qu'elle puisse les tenir en joue facilement. L'adolescent se précipita ensuite vers le matelas où était étendue sa sœur.

Les poignets en sang à force d'avoir lutté contre ses liens en corde grossière, Albane avait le corps recouvert de petites coupures ensanglantées ainsi que des brûlures de cigarettes éteintes. Ses joues noircies laissaient voir des traces de larmes séchés, broyant le cœur de son frère. Il ôta son gilet pour le poser sur elle, ignorant la douleur qui lui transperçait le bras. Il s'attela ensuite à défaire tant bien que mal les nœuds des liens, les policiers ne lui ayant pas rendu son couteau suisse. Ceux-ci étaient si serrés que ses doigts dérapèrent à plusieurs reprises avant de réussir. Albane se releva avec difficulté et le prit aussitôt dans ses bras, évacuant la peur et l'angoisse qu'elle avait vécu en pleurant sur son épaule.

Catherine s'approcha d'eux et jeta un œil à la jeune fille pour voir si elle avait besoin de soins immédiats ou si elle n'était pas en danger. Cependant, elle avait baissé sa garde et Breton, qui avait eu le temps de se remettre de sa chute, se rua sur le pistolet que la policière braquait sur eux. Il lui tordit le poignet pour la forcer à le lâcher. Catherine poussa un rugissement et tenta de dégager son bras, ce qui fit partir un nouveau coup de feu.

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La dernière victime du célèbre tueur à la huitième couleur a été retrouvée vivante tard dans la matinée grâce aux efforts de son jeune frère, qui avait récupéré par erreur le portefeuille du tueur, et d'une courageuse policière. Celui-ci a été arrêté avec son complice et les deux hommes sont actuellement incarcérés en attendant leur procès. Derrière le tueur à la huitième couleur se cachait Jean-Jacques Breton, un homme de 38 ans menant une vie de famille et un travail honnête. D'après les premiers éléments de l'enquête, les violences et les abus qu'il a subit durant l'enfance a conduit au développement d'une obsession sexuelle et de troubles de la personnalité avec une fixation particulière sur les femmes portant le prénom Blanche. Son complice, Daegan Morvan, a avoué être son amant et a participé à la majorité des tortures et viols des victimes de Breton. Certains corps n'ayant pas été encore retrouvés par la police, celle-ci espère pouvoir s'assurer de la coopération de Morvan pour soulager le deuil des familles des disparues.

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Merci d'avoir lu jusqu'au bout ! Cette histoire a été difficile à écrire pour moi car, bien que j'apprécie beaucoup les romans policiers, me mettre dans la tête d'un tueur en série pour lui donner de la crédibilité dans l'histoire a été une expérience assez détestable. Si jamais je teste à nouveau l'écriture d'une histoire dans ce genre, j'essayerai quelque chose de plus soft. J'espère que cette nouvelle vous aura plu ! A la prochaine :)

Le tueur à la huitième couleurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant