1 - Chloé et les nouveaux élèves

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Si Chloé devait se trouver une qualité en dehors de belle, extraordinaire, fabuleuse, absolument merveilleuse et inexorablement surprenante, se serait sans doute aucun acharnée.

Certainement même.

Que ce fut les menaces arbitraires d’appeler son maire de père qu’elle proférait à longueur de journée, sa main semblant magnétisée à son téléphone, quand quelque chose ne se passait pas comme elle le désirait. Ou alors sa lubie de rabaisser, provoquer et insulter ses camarades de classe, prête à tout pour assouvir ses fins. Allant parfois jusqu’à afficher un illusoire respect pour tromper, leurrer et abuser des autres en prenant pour carte maitresse le haut statut social que connaissait sa famille. Ou encore ses manières ridiculement hautaines, ainsi que le point d’honneur qu’elle mettait à n’apprécier rien de ce qui était fait par quelqu’un d’autre qu’elle-même, démontrant subséquemment qu’elle se situait bien au-delà de toutes les autres individualités qu’elle dénommait affectivement la ‘’populace’’.

Chloé Bourgeois était une véritable acharnée.

(Surtout quand il s’agissait de servir ses intérêts.)

Du point de vue des autres, c’était une enfant pourrie-gâtée, arrogante et condescendante. De plus, qui pensait que le monde lui était acquit.
Elle en était d’ailleurs tellement persuadée qu’elle forçait les gens à l’aimer. Parce que c’était ce qu’ils devaient faire. Mais de toute façon, le point de vue des gens ne situait qu’entre 0,1 et 0,2 sur l’échelle d’estimation que la jeune femme avait instaurée depuis son plus jeune âge.

Chloé Bourgeois était un brin perfectionniste.

C’était aussi une grande maniaque du contrôle. Elle détestait quand quelque chose, aussi microscopique fut-il, perturbe le train-train quotidien qu’elle s’efforçait de maintenir dans sa grande vie, qu’elle jugeait parfaite.
Tout était plus propice pour Chloé quand elle l’avait décortiqué au préalable, passé ensuite au scanner, analysé de fond en comble et établie des limites strictes.

Si c’était possible, elle contrôlerait la manière de se comporter des gens, leurs attitudes, leurs mimiques. Même leurs manières de respirer.

La jeune femme blonde, aussi critiquée et exécrée par la ‘’populace’’ fut-elle, ne prenait pas toutes ces caractéristiques comme des handicaps. Au contraire, c’était grâce à sa détermination, sa force de caractère, son acharnement, que Chloé parvenait toujours à avoir gains de cause. Elle savait ce qu’elle voulait, et peu importait comment l’obtenir. Elle n’avait jamais été douée dans l’évaluation des dommages collatéraux.

Chloé Bourgeois était fidèle à sa devise.

L’argent c’est le pouvoir. J’ai de l’argent, alors le pouvoir c’est moi.

C’était peu dire, elle s’admirait. Elle n’avait jamais aimé personne comme elle s’aimait elle. Et elle n’aimerait jamais personne avec la même intensité qu’elle s’aimait elle-même.

Chloé Bourgeois s’aimait.

Elle aimait également son très cher lycée, situé dans la belle ville de Paris qu’elle affectionnait selon son humeur du moment. Elle n’aurait su dire ce qui lui plaisait tant dans son école, il y’avait tant de chose. Cependant le fait qu’elle savait qu’en ce lieu rien n’échappait à son influence, et accessoirement celle de son père, lui procurait un plaisant sentiment de supériorité qu’elle n’hésitait pas à exploiter au gré de ses convoites. C’était comme aller à l’école sans vraiment y aller. Elle savait que personne n’aurait osé la défiée dans ses zones de prédilections. Même pas les professeurs, ceux-là même qui faisaient comme si « Mlle Bourgeois » était une élève appart de la classe.

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