Chapitre 01 : Apportez moi son coeur

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Joséphine manqua de s'écrouler et sa dame de compagnie se tourna pour la soutenir, de justesse. Elle la remercia d'un geste de tête et déglutit doucement. Était-elle sûre de faire ce qu'elle allait faire ? Blanche était devenue monstrueuse mais elle s'apprêtait à relâcher un monstre sur le royaume à son tour ...

Le Chambellan sortit de la pièce. Il avait l'air contrarié. La reine mère, si on pouvait l'appeler ainsi, savait que son plan n'était pas parfait mais le Chasseur était la seule solution à laquelle elle avait pensé. Il s'arrêta à sa hauteur. Il sentait la poudre et le parfum.

"Félicitations, dit-il doucement, vous avez libéré un criminel atroce. J'espère que vous réalisez que vous nous condamnez tous."

Elle cligna des yeux et déglutit doucement. Joséphine avait toujours trouvé que Rosenberg était du genre à dramatiser et, honnêtement, elle espérait avoir encore raison.

"C'est tout ? C'est aussi simple que cela, Chambellan ?"

Il haussa les épaules et émit un reniflement plein de dédain. Il l'avait toujours pris pour une illuminée. Une sotte. Il hocha la tête.

"Vous êtes la Reine Mère, on ne peut rien refuser à Madame, surtout pas après les événements tragiques du mois dernier ... même si Madame a rapidement retiré ses habits de deuil."

Rosenberg avait raison, elle ne portait plus le noir. Elle ne l'avait porté qu'une fois, pour la mise en terre de son époux. Enfin, plutôt, d'un cercueil vide puisque son corps n'avait jamais été retrouvé. Elle ne l'avait jamais aimé, comme une femme aime son conjoint, mais elle savait qu'il était un bon roi, bien que très exigeant. Elle n'avait jamais vraiment eu l'occasion de refuser sa demande en mariage.

Comme pour lui donner tort, elle tira un éventail noir de son réticule et le déplia devant le bas de son visage. Il jurait horriblement avec sa belle robe dorée, garnie de volants et de broderies violettes. Rosenberg leva les yeux au ciel. Elle l'insupportait et elle le savait. Elle venait d'utiliser la carte de trop. Mais elle avait besoin du Chasseur.

"Je ne peux plus rien faire pour vous, Madame. J'espère que vous saurez vous débrouiller avec lui."

Joséphine déglutit derrière son éventail et hocha la tête, lui faisant signe de partir.

Quelques minutes plus tard, on conduisit devant elle l'individu le plus impressionnant qu'elle avait jamais pu observer. Haut de plus de deux mètres, l'homme qu'elle avait devant elle était une masse de muscles sauvage, liée par de nombreuses sangles. Il portait la tenue noire des prisonniers condamnés à mort, qu'il avait laissé ouverte sur son torse, montrant une peau couverte de cicatrices en partie cachée par sa toison noire. Ses cheveux étaient longs et crasseux, sa barbe épaisse et fournie et ses yeux verts comme les forêts touffues de sa région natale. Son visage aussi était martelé de quelques cicatrices, dont une balafre impressionnante qui traversait toute la partie droite de son visage, de part en part de son œil.

On le força à s'agenouiller devant elle et il frémit. Elle ne savait pas comment mais elle avait la sensation que c'était un frisson d'excitation et non de peur.

Nerveux, le capitaine qui avait exécuté son transport tapotait du bord des doigts l'extrémité des chaînes qui avaient été attachées à sa camisole.

"Laissez-nous seuls."

Les trois gardes, le capitaine et sa dame de compagnie s'insurgèrent tout de suite à cette idée, la trouvant ridicule et dangereuse. En entrant dans la cabane, le capitaine avait déjà limité la progression de l'homme qui aurait voulu se rapprocher encore plus de la Reine Mère.

Evilly Ever After | Saison 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant