Partie 11.

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Guillaume regardait Aurélien qui était complètement silencieux devant lui et qui le regardait avec les yeux écarquillés. Est-ce qu'il l'avait fait beugué ?

« Orel ? Ça va ? » lui demanda-t-il en passant une main devant ses yeux.

Aurélien sembla sortir tout à coup de sa torpeur et il vit du doute dans ses yeux.

« Un monde parallèle ? Vraiment ?

— Oui, tout à fait.

— Et dans lequel toi et moi... balbutia Aurélien en faisant un geste évasif entre leurs deux poitrines. Où on est ensemble ? En couple ?

— Oui, depuis près de quatre ans. Après cet accident dont je t'ai parlé, celui à cause duquel, ou grâce auquel, ça dépend de comment on voit la chose, j'ai arrêté de boire.

— Qu'est-ce qu'il s'est vraiment passé ? Pourquoi on... demanda Aurélien avant de s'arrêter et de rougir. Enfin... pourquoi on... est sortis ensemble après cet accident ?

— Tout simplement parce que j'ai failli y rester. Et ça m'a fait réfléchir à la valeur des choses dans ma vie. Des choses... et des gens. Je te considérais comme mon meilleur ami depuis la première. Enfin ta Première. J'étais déjà en Terminale à l'époque. Et tu m'as plu dès la première fois où j'ai posé les yeux sur toi. Même si je ne le savais pas encore à ce moment-là. Je savais juste qu'il y avait quelque chose qui me poussait à aller te parler, faire ta connaissance... Je voulais en apprendre plus sur toi, Orel. T'avoir dans ma vie. »

Aurélien rougissait graduellement à mesure que Guillaume faisait son récit et Guillaume sourit tendrement à cette vision adorable.

« Et... ensuite... du coup ? balbutia Aurélien, d'un air timide. L'accident ?

— Y avait un mec qui t'avait mal regardé lors d'une de nos soirées en boîte de nuit avec les mecs, il y a quatre ans. Claude, Mathieu, Abblaye, Seydou. Ce sont nos potes dans mon monde aussi. Je me suis énervé contre ce mec et on est allés se battre sur le parking de la boîte. À un moment donné, t'es arrivé et tu m'as empêché de le frapper plus encore et ça m'a tellement rendu fou que tu ne voies pas que je faisais ça pour toi que je me suis cassé sans demander mon reste. Je t'ai pas attendu et de toute façon, les gars t'auraient empêché de me suivre, expliqua Guillaume en haussant les épaules. J'avais beaucoup trop bu, j'étais beaucoup trop énervé, et j'ai eu un accident de la route. Je me suis réveillé trois jours plus tard à l'hôpital. »

Aurélien avait les larmes aux yeux et semblait pendu à ses lèvres. Guillaume lui offrit un petit sourire réconfortant, un peu gêné de le faire pleurer.

« Et après, Guillaume ? Qu'est-ce qu'il s'est passé après ? demanda Aurélien d'une voix tremblante.

— Je me suis réveillé et tu dormais près de moi, ta main serrée autour de la mienne. Les gars sont entrés, Mathieu a appelé l'infirmière... Ils m'ont dit que tu étais resté les trois jours entiers à me veiller sans dormir et que tu venais seulement de tomber de fatigue. On m'a embarqué pour faire des examens avant même que tu sois assez réveillé pour me voir en bonne santé et quand je suis revenu, les mecs nous ont laissé tous les deux seuls dans la chambre.

— Et c'est là que...?

— C'est là que tu as éclaté en sanglots et que tu m'as traité de tous les noms possibles et imaginables pour avoir osé te faire une frayeur comme celle-là, oui, dit Guillaume dans un sourire moqueur. Puis... reprit-il plus sérieusement, un fin sourire sur les lèvres. C'est à ce moment-là que tu m'as dit que tu étais amoureux de moi et l'avait sans doute toujours été.

— Et... comment t'as réagi ? demanda Aurélien en rougissant, impatient de connaître la fin de l'histoire.

— Je t'ai embrassé. » dit Guillaume en louchant sur les lèvres du plus jeune en face de lui, ayant tout le mal du monde à se retenir.

Aurélien le regardait à présent le visage cramoisi, les yeux écarquillés. Guillaume le vit jeter un bref coup d'œil à sa bouche avant de se reprendre et de détourner le regard.

« Tu me crois ? demanda-t-il, le souffle court.

— Est-ce que tu mens ? demanda seulement à son tour Aurélien.

—Non, c'est la vérité.

— Alors oui, je te crois. Je pense que ça peut arriver, ça peut être vrai, dit Aurélien en réfléchissant. Et... j'en suis profondément désolé, Guillaume. Parce que... je ne peux même pas commencer à m'imaginer arriver dans un monde où plus personne ne me connaît. Mais... je ne suis pas ton Aurélien. Dans ce monde, on ne s'est jamais croisés, jamais rencontrés... Je ne vois pas ce que je peux faire pour toi...

— Aurélien, je t'aime, s'exclama Guillaume.

— Je ne suis pas lui, dit Aurélien tristement dans un murmure.

— Bien sûr que si. Tu es le même. Il n'est jamais trop tard pour réparer une erreur, hein ?

— Je ne peux pas... Je suis déjà en couple... Je... balbutia le plus jeune en baissant les yeux et en secouant la tête.

— Ne me dis pas que tu l'aimes, Orel. Je sais qu'il est mauvais pour toi, il est toxique !

— Qu'est-ce que tu racontes, Guillaume ? dit Aurélien lentement en fronçant des sourcils. Tu ne le connais même pas...

— J'ai pas besoin de le connaître Orel, pour voir ça. On ne se blesse pas au poignet et à la cheville juste en se cognant contre un meuble. Les mecs ont en parlé, je sais quel genre d'homme c'est...

— C'était un accident, rien de plus... balbutia Aurélien de plus en plus mal à l'aise.

— Arrête de mentir pour le protéger, Orel ! Ce n'est pas un mec pour toi, il ne te mérite pas ! s'écria Guillaume en attrapant son avant-bras brusquement. Je suis sûr que c'est pas tout ce qu'il t'a fait, hein ?! Tu peux me le dire, Orel. Je suis là, moi.

— Lâche-moi, Guillaume...! Tu me fais peur...! »

Guillaume lâcha soudainement Aurélien en voyant son regard terrorisé et les larmes qui commençaient à couler sur ses joues. Il le regarda le souffle court alors que le plus jeune ramena son bras contre son torse, maintenant qu'il l'avait lâché.

« Orel, s'il te plaît... parvint-il à articuler. Je suis là... »

Il crut lire dans son regard effrayé Et tu ne devrais pas, avant que le plus jeune ne s'enfuit en courant en direction de la sortie du petit bar. Guillaume se leva pour le rattraper mais se résigna en voyant qu'il avait déjà disparu a travers la foule et en se rappelant qu'il ne savait pas où il habitait. Il avait tout fait foirer. 

Je ne t'oublierai jamais, Part I.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant