Chapitre 8

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« Oh, Cassie... murmure-t-elle »

Je touche son visage. Elle a beaucoup changé, c'est pour ça que je ne l'ai pas reconnue tout de suite. L'entendre parler de sa petite sœur, dernière gagnante de la Course, et qu'elle m'ait appelée par mon prénom, voilà ce qui m'a fait la reconnaître.

« Elia, oh Elia... je chuchote.

- Mais... Mais qu'est-ce que tu fais là ? Je ne savais pas que tu avais gagné la Course ! Oh ma petite Cassie, je suis si fière de toi ! s'exclame-t-elle.

- Moins fort s'il te plaît, je... Ce n'est pas tout à fait ce que tu crois. Dis, je continue, tu ne connaitrais pas un endroit tranquille pour qu'on puisse parler un peu ? Juste entre nous. »

Sans hésiter, Elia nous propose d'aller chez elle, à trois pâtés de maisons du Refuge. Nous sommes tous silencieux. Il n'y a que trois rues à traverser, mais le chemin paraît long. Nous ne croisons personne. Elia fait quelques signes de main et quelques sourires à des gens qu'elle semble connaître, mais ils ne lui adressent pas la parole. Je me demande si elle est appréciée ici, comment se passe sa nouvelle vie de l'autre côté du Mur, loin de sa famille et de ses amis d'enfance. J'ai milles et une questions à lui poser. J'ai des dizaines de milliers de choses à lui raconter. Pendant tout le chemin, Mac passe son bras autour de moi. Je me demande s'il joue toujours son rôle d'amoureux pour mieux passer aux yeux des habitants.

Nous arrivons assez rapidement chez Elia. Elle vit dans un immeuble gigantesque. J'ai une drôle d'appréhension quand elle nous parle de prendre un ascenseur pour monter à son étage, mais je comprends qu'on n'a pas trop le choix. Il y a des caméras de surveillance dans les escaliers, et ce serait un peu étrange que des habitants de la Ville ne prennent pas l'ascenseur alors qu'ils sont censés y être habitués. Je prends mon courage à deux mains et me force à monter dans la cabine étroite, suivie de près par mes amis. Elia jette un coup d'œil assez insistant en direction des boutons qui permettent de choisir l'étage. Elle sélectionne le huitième. Elle ne parle pas. Je suppose alors qu'il y a un micro ou une caméra sur ce panneau. Peut-être même bien les deux. Pour une première fois en ascenseur, je suppose que ça a été. La tête m'a un peu tournée et mon estomac aurait bien voulu se vider, mais je suis arrivée au bon étage, en vie et entière. Elia nous a ouvert la porte le plus vite possible, pour que personne ne pose de question sur notre identité. Ou peut-être qu'elle ne voulait pas croiser qui que ce soit.

« Faîtes comme chez vous, nous dit Elia en refermant la porte derrière nous. »

Je m'avance la première dans l'appartement. C'est bien plus petit que chez Olivier, et bien plus moderne. Elia doit gagner beaucoup d'argent avec son métier, en tous les cas elle doit en avoir assez pour s'offrir tous les appareils électriques qui existent. Je m'approche d'une fenêtre. Son appartement donne directement sur la Grande Place de la Ville. C'est un endroit mythique pour nous, les Banlieusards, parce qu'elle est située entre le Refuge et le Palais du Président du Système. C'est immense. Je me dis que je n'irais jamais m'y promener, ce serait bien trop dangereux aujourd'hui, et je n'aurais jamais l'occasion de venir vivre de ce côté-ci du Mur. Je finis par quitter ma fenêtre et m'installer sur une chaise, accoudée à la table en plein milieu de la pièce à vivre. Mes amis me rejoignent les uns après les autres.

« Vous voulez boire quelque chose ? J'ai du café, de l'eau... il doit me rester un peu de jus de fruit aussi, je ne sais pas ce que vous aimez, dit-elle en se tournant vers John et Liza.
- Un café, ça ira très bien, je la rassure. »

Elle hoche la tête. Elle a l'air stressée. Elle doit se poser tellement de questions sur nous, sur ce qu'on fait ici, tous les quatre, en plein milieu de la Ville et probablement en toute illégalité. Elle se demande sûrement comment on a pu réussir à entrer. Mac, en face de moi, m'adresse la parole en fronçant les sourcils :

Le Refuge - SauvetageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant