Trauma

Chapitre 3

Une nouvelle journée commençait, je faisais le même cycle matinale, déjeunant de simples tartines, m'habillant du même jean et de la même blouse... rien ne changeait, ma vie était encore si plate. J'avais si hâte qu'un événement change cette dernière, la rendant pour une fois intéressante et atypique, que je ne sois plus aussi banale. Je voulais être spéciale, et Keith voulait être normal, chacun avait ses propres rêves et désirs et des fois on désirait des choses que d'autres ne voulaient pas. Les filles aux cheveux lisses aimeraient avoir une chevelure bouclée, les enfants voudraient être adultes alors que les adultes veulent redevenir des enfants. Personne ne se satisfaisait de ce qu'il avait, tel était la psychologie humaine. Moi, j'étais heureux de tout ce que j'avais, sauf le fait que ma vie était ennuyante et que je passais inaperçu aux yeux des gens. J'avais une grande famille, je venais de Cuba, j'étais aimé et apprécié de tous, mais cela ne me suffisait pas.

Je voulais que quelque chose bouleverse cette vie dont certain rêve sûrement mais dont moi, je ne désire pas un seul instant.

J'arrivais assez vite à l'hôpital. Sur la façade de ce dernier était écrit comme quoi la journée où les patients allaient dans le jardin intérieur avait été déplacée à aujourd'hui à la place de jeudi pour cette semaine. Je fronçais alors les sourcils puis entrais dans le bâtiment lugubre, personne n'était à l'intérieur de ce dernier à part le personnel qui s'occupait de l'accueil.

- Oh Lance, m'interpella une jeune femme dénommée Romelle qui servait de secrétaire et qui travaillait au côté de Katie, enfin de Pidge. Part chercher Keith, c'est aujourd'hui la journée extérieur si tu n'avais pas encore vu.

- Merci Romelle, je vais le chercher de suite, disais-je en lui souriant légèrement avant de partir vers le troisième étage.

Cette fois j'avais décidé de prendre les escaliers, un peu de marche ne faisait de mal à personne et surtout pas à quelqu'un comme moi. Je voyais les allées passaient devant mes yeux avant que je n'arrive enfin à celle où la chambre trois-cent-vingt-deux se tenait. Je me dirigeais alors vers celle-ci en accélérant le pas de plus en plus, ayant hâte de retrouver Keith, ce patient si spéciale et si passionnant. Une fois devant sa porte je la poussais et je le découvris debout devant cette dernière, dans sa robe de chambre verte pomme à m'attendre.

Je lui disais un simple bonjour puis je le vis partir, menottes toujours posées sur ses poignées, les enchaînant l'un à l'autre. Il devait être au courant de ce qu'il allait vivre aujourd'hui car je pouvais déjà le voir se diriger vers l'ascenseur. Je le suivais donc, juste derrière lui et je remarquais enfin qu'il était plus petit que moi de environ cinq centimètres. Je faisais un mère-soixante-dix-sept, il devait faire à peine le mètre soixante-dix, le dépassant de peut-être de quelques centaines de millimètre. J'appuyais alors sur le bouton de l'ascenseur sortant de ses pensées ringardes puis rentrais dans ce dernier au côté du malade. Je vis que sa mèche était encore devant son visage, cachant sa beauté à tous. Mes doigts se positionnaient donc devant ses yeux et j'attrapais cette dernière en lui souriant bêtement avant de la mettre sur le côté.

- Il faudra penser à la couper Keith, tes cheveux sont beaucoup trop longs, lui disais-je en mimant de couper sa chevelure noire.

- Ça ne me dérange pas de les avoir si longs, fait comme tu veux, marmonnait-il avant de sortir de l'ascenseur en voyant que nous étions arrivé au rez-de-chaussée.

Je passais donc ma main sur son bras et le tenais avec fermeté, voyant que le personnel de l'hôpital psychiatrique avait encore peur de lui. Je ne les comprenais toujours pas, je n'avais pas lu le carnet après c'était vrai, et je me rendais de plus en plus compte que j'avais vraiment bien fait, sinon je serais sûrement devenu comme eux, à être autant effrayé d'un gamin perdu comme Keith. Le noiraud me suivait donc à contre cœur, désirant marcher seul sans se faire tirer par ma prise, mais il n'avait pas d'autre choix que de faire avec et de prendre sur lui pendant un moment.