Chapitre 6

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- Eh ! Miller !!! Réveille-toi !!! Hurla une petite voix aigüe que je reconnus facilement.

- ... Lizzie ?

- Enfin, tu es réveillée ! Tu veux bien me détacher s'il te plaît ? Nous sommes arrivés.

- Tu en es sûre ?

- Oui, ça fait déjà quelques minutes, mais personne n'ose bouger, je ne vois pas pourquoi.

- J'arrive ...

Je détachai ma ceinture de sécurité, à présent, plus personne ne m'appellerait June, car je n'étais plus June, j'étais juste Miller. Je jetai un regard à l'agent qui s'était occupé de moi. Il était toujours endormi, ses joues toujours colorées et il respirait, fort heureusement. Je détachai Lizzie et lui dis de rester à mes côtés. Je m'approchai de l'agent qui en regardant de plus près, faisait deux têtes de plus que moi. Il était brun de cheveux et avait de magnifiques yeux bleus. J'eus un sursaut en découvrant qu'il ne dormait plus mais me fixait, ce qui les firent rire, Lizzie et lui. Je grognai de mécontentement et lui donnai une tape sur l'épaule. On se dirigea vers la porte de la cabine. En l'ouvrant, on vit le corps inerte du jeune gars qui ne tenait pas en place avant le décollage, étalé sur le sol. Son crâne était fissuré, de la cervelle s'était répandue autour de lui. Quelle horreur ! Il était mort. J'hurlai, et Lizzie fit de même. Je mis mes mains sur ses petits yeux si innocents encore. L'agent me dit de retourner dans la cabine en l'attendant, qu'il se débarrassait du corps. J'obéis. Lizzie pleurait et je m'attelais à la consoler.

L'agent revint une quinzaine de minutes plus tard. Il porta Lizzie sur ses épaules, me prit le poignet et nous sortîmes du vaisseau nos gourdes à la main. Nous nous dirigeâmes dans la forêt sans marquer d'intérêt pour les autres passagers. Après une longue marche, on arriva à un point d'eau. On remplit nos gourdes, on but ce qu'on devait, et on s'installa sous un arbre. Lizzie et moi observions les fleurs qui recouvraient le sol telle une divinité. Nos yeux s'écarquillaient à chaque fois que l'on en trouvait une qui se différenciait des précédentes. Sur Terre, ça devait faire une vingtaine d'années qu'il n'y avait plus la moindre trace de flore. Il restait des parcs, et quelques arbres plantés par des écologistes que l'espoir rendait aveugles. J'en faisais partie, avant. Pendant que Lizzie gambadait aux alentours, je me rendis compte que le jeune agent était de nouveau en train de me fixer, ce qui me mit légèrement mal à l'aise. Quand il le remarqua, il détourna les yeux. Il finit par briser le long silence entre nous :

- Je suis désolé, pour ton père.

- Oh, toi aussi tu étais au courant. Génial.

- Il m'a chargé de m'occuper de toi, encore heureux que j'étais au courant.

- ...

- Je m'appelle Archie Parker.

Je levai les yeux pour regarder le beau brun qui me donnait enfin son prénom, main tendue vers moi. J'attrapai sa main et me présentai à mon tour. On parla ainsi de nos anciennes vies respectives. Soudain, je vis Lizzie s'éloigner et se diriger vers des ombres. Je me levai, prête à la défendre d'une quelconque menace, et je vis Jules et Em' serrer la petite dans leurs bras. J'étais rassurée que ce ne soit qu'eux, mais encore en colère face aux événements de la veille. Archie me tira le poignet, m'incitant à me rasseoir. Apparemment, il avait tout suivi car il me chuchota : « Ne leur en veux pas, ils n'avaient pas d'autres choix. Pour la confiance, avec le temps, elle reviendra. ». Ses paroles ne m'adoucirent guère. Je m'éloignai et passai la journée à faire connaissance avec le reste du groupe qui était aussi sorti du vaisseau. 

Un garçon super orgueilleux me tournait autour. Il s'appelait Will, et ne m'intéressait pas du tout. Pendant la soirée, alors qu'on était tous installés autour d'un gigantesque feu de camp, il demanda à me parler. L'inconsciente que j'étais le suivit. Il me plaqua contre un arbre brusquement, je tentai faiblement de me dégager, mal à l'aise, mais en vain. Quand, enfin, je compris ses intentions, les larmes me montèrent aux yeux que je fermai sur le champ, il me dégoûtait au plus haut point, mais j'étais tétanisée et impuissante. L'ivresse, la plus stupide des « excuses » qui auraient pu être données ne pourrait même pas être utilisée, nous ne possédions pas une seule goutte d'alcool. Alors qu'il commençait à retirer mes vêtements, et que je me promettais de me venger un jour, Archie surgit et son poing atterrit dans le visage de Will. Il était bien décidé à anéantir cet ignoble individu et surtout pas prêt à lâcher sa proie. Ces prunelles bleues si pacifistes il y a quelques heures, reflétaient à présent la haine. Une fois que Will fut rué de coups, Archie l'acheva, à l'aide de son couteau suisse.

Archie regarda une dernière fois le corps sans vie de ce salaud de Will, me prit par la main et m'emmena dans notre cabine. Je tremblais, Archie venait de tuer quelqu'un, et il ne s'en inquiétait pas le moins du monde. Il me dit assez durement : « Demain, je vais t'apprendre à te battre, ce sera comme ça et pas autrement, n'essaie même pas de discuter. Il faut que tu sois plus forte que ça, Miller, tu ne peux pas te faire agresser et rester sans réaction ! ».

J'acquiesçai encore tremblante, et nous retournâmes près du feu, main dans la main.

Je ne peux que SURVIVREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant