Je ne peux que SURVIVRE

Chapitre 4

Soudain, je ressentis de violentes douleurs au crâne. J'essayai péniblement de me lever mais retombai rapidement à genoux à cause des nombreuses secousses que subissait l'habitacle qui m'était toujours inconnu. Quelqu'un secoua mon épaule avec vivacité, je le reconnus à sa voix, car nous étions plongés dans le noir. C'était Jules. Il me demanda comment j'allais et m'expliqua que l'agent qui l'avait accompagné nous avait assommé afin de s'assurer que nous ne tenterions pas de nous échapper. Nous nous trouvions dans le coffre du van, et j'avais toujours mal à la tête. Heureusement pour moi, j'avais toujours une trousse de secours dans la poche avant de mon sac de voyage. J'avalai un cachet d'aspirine à l'aide d'une gorgée d'eau provenant de ma gourde. J'attrapai mon téléphone et fus surprise d'avoir un minimum de réseau. Je mis un message à Em'.

De : June   À : Em' la Plus Belle (elle s'était nommée de la sorte sur mon portable avant son départ)

Em' ! J'ai été tirée au sort pour leur connerie. Je vais te tenir au courant de ce qu'il se passe. Là, ils m'ont enlevée avec Jules, il nous reste environ quatre heures de route avant d'arriver je-ne-sais-où. Je commence à avoir peur, j'en parle à mon père ?

De : Em' la Plus Belle   À : June

June, j'ai moi aussi été choisie. Malgré la faible résistance que j'ai manifestée, ils vont m'emmener aux States. À mon avis, on va se croiser là-bas. N'en parle surtout pas à ton père, tu vas l'inquiéter alors que vous vous revoyez dans même pas cinq jours. Ça doit être une mauvaise blague, on sera vite de retour chez nous. Sois tranquille, tout va bien se passer, ma belle ! À très bientôt, je monte dans un avion...

De : June À : Em' la Plus Belle

Alors, on se voit bientôt. Tu as raison, je vais juste lui dire que s'il me cherche, je serai chez Jules. Je déteste ça, lui mentir ! Bisous

Je dis ce que je devais dire à mon père et j'attendis patiemment aux côtés de Jules qui, je le sentais, était extrêmement paniqué. Je commençais aussi à me demander ce qui allait nous arriver, mais je ne laissais pas les émotions me submerger au risque de faire augmenter le niveau de stress de Jules.

Quelques heures plus tard, les portes du coffre s'ouvrirent sur les deux agents et la nuit étoilée. Je m'étirai, et avant que je ne puisse saisir mon sac, l'agent qui s'était occupé de moi l'attrapa. Je lui demandai avec le sourire le plus faux du monde de me le rendre, mais il me rit au nez, et m'emmena en sac à patate, c'est-à-dire tête en bas avec comme seul appui son épaule. Quel arrogant, celui-là ! A nouveau sur la terre ferme, il me chuchota qu'il avait également été choisi par le DF, qu'il serait le seul agent à nous accompagner et qu'il n'avait que dix-sept ans. Choisi ? Ce n'était donc pas un hasard si j'étais là, moi aussi ! Mes yeux s'arrondirent de surprise et il rit à nouveau. Au moment où j'allais lui demander des explications, Jules arriva avec son gardien. Ils nous firent entrer dans une salle, cette fois-ci bien plus remplie que la précédente.

Il devait y avoir au moins cent cinquante jeunes. Ils regardaient tous dans le vide, les larmes aux yeux. Une petite fille accourut et s'accrocha à ma jambe. Je la pris dans mes bras. Nos deux vigiles nous expliquèrent la situation plus en détails. Le ciel nous tombait sur la tête, au sens propre, conséquence de nos actes polluants. Nous, nous étions là car nous allions monter dans un vaisseau qui, grâce à une courbe spatio-temporelle, allait atterrir (ou selon moi, s'écraser) sur une planète peuplée apparemment d'une faune et d'une flore plus abondantes, sur laquelle il nous serait possible de vivre. Sur Terre, il ne restait que quelques espèces animales et le peu de flore encore présente était génétiquement modifiée. Nous allions recréer l'humanité, car tous allaient mourir étouffés par le ciel. J'étais abasourdie. J'eus une pensée pour mon père, je devais absolument le contacter ! J'allais le faire quand soudainement, une voix que je ne connaissais que trop bien résonna dans mes oreilles.