Chapitre 2

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Jules et moi avons passé les deux années suivantes à apprendre à nous connaître, à trainer ensemble et enchainer les soirées pyjamas. Il m'a révélé qu'il avait une attirance pour les garçons. Son orientation sexuelle ne m'a jamais posé aucun problème, c'était mon ami, je me fichais bien d'avec qui il trainait tant qu'il était heureux. Je le prenais tel qu'il était. J'avais bien sûr toujours des contacts aussi fréquents avec Em', mais ceux-ci restaient virtuels.

Le samedi 16 juillet 2075, jour qui changea ma vie, je me réveillai et attrapai mon téléphone. Quatre appels vidéo de Jules m'attendaient. Je le rappelai et de ma voix endormie lui demandai s'il devenait fou. Notre après-midi shopping ne devait débuter qu'à quatorze heures après tout. Il s'écria et se lança très vite dans une longue tirade sur le fait que nous allions être enlevés, ou quelque chose du genre. Je dois avouer que j'ai ri devant son air désemparé. Voyant que son expression restait telle quelle, j'allumai la télévision sur le champ et découvris les nouvelles.

Un bandeau se déroulait en continu « Veuillez préparer vos enfants, les autorités vont venir les chercher pour un tirage au sort OBLIGATOIRE ».

Je regardai Jules, avec qui j'étais toujours en appel vidéo, sans comprendre. Je m'emportai. Mon père était en voyage d'affaires jusque jeudi, qu'allais-je lui dire ? Je remarquai à cet instant qu'il m'avait envoyé un texto me disant que je devais me préparer et y aller, que nous nous verrions très bientôt et de ne surtout pas m'inquiéter. Jules s'exclama qu'il arrivait chez moi, on habitait dans la même rue donc j'hochai la tête positivement, sans voix. Je me levai, me débarbouillai et enfilai un t-shirt blanc sur mon jogging. Il faisait frais pour un jour d'été. J'allai ouvrir à Jules qui entra comme une furie dans la maison, hurlant à plein poumons que nous devions fuir. Je lui rappelai que c'était un tirage mondial, que nous n'avions pas d'autre choix que d'attendre l'arrivée des autorités et d'obtempérer.

J'étais sur le point d'aller me doucher quand la sonnette retentit dans toute la maison. Je courus jusqu'à la porte d'entrée, l'ouvris et me retrouvai cette fois-ci nez à nez avec deux agents. Je les saluai et leur proposai d'entrer. Ils n'entrèrent pas, mais nous ordonnèrent de les suivre. Nous leur obéîmes sans rechigner. Nous nous installâmes sur la banquette arrière d'un van noir aux vitres teintées. Je me souviens que nos grands-parents nous ont toujours répété que de leur temps, les agents avaient des voitures blanches décorées de lumières bleues et rouges, allez savoir pourquoi.


Je mis un texto à mon père.

De : June     À : Papa Poule

Jules et moi sommes en route pour le tirage. Je te tiens au courant de la suite, Kiss Kiss

De : Papa Poule     À : June

Sois tranquille, tout se passera bien ma puce, Love to Love


Dans le van se trouvait déjà Danielle, une fille âgée de dix-sept ans qui habitait dans notre rue également. Elle m'interrogea sur ce que je savais, c'est-à-dire rien. Mais qu'allions-nous devenir ? Ça, je ne le savais pas encore. Si seulement j'avais imaginé ce qui allait nous arriver ...

Je ne peux que SURVIVREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant