Point de vue du DF, père de June
Cela faisait deux jours, deux jours que ces deux cents jeunes gens avaient quitté la Terre vers un autre monde. Ma petite June me manquait terriblement. N'ayant aucun moyen de communication avec le vaisseau, rien ne pouvait m'assurer qu'elle était toujours en vie. J'espérais seulement qu'Archie Parker remplirait sa mission et s'occuperait bien d'elle, comme il me l'avait promis. J'avais mis en place tout ce qui était possible et imaginable pour elle, j'étais allé jusqu'à sélectionner ses meilleurs amis volontairement afin qu'ils l'accompagnent dans son périple.
Peu de temps après le départ du vaisseau, j'avais finalement montré mon visage à la population terrestre et avais été ensuite obligé de m'enfermer chez moi, là où personne ne pourrait me trouver. J'étais retourné sur la Côte d'Azur, où nous avions vécu avec ma femme.
Lorsqu'elle avait grandi, June m'avait demandé comment sa mère était morte, je lui avais répondu que le DF l'avait tuée, pour ne pas avoir à me justifier sur ce sujet qui était assez sensible. Maintenant qu'elle était au courant de mon rôle politique, elle devait me haïr. Ma femme s'était en réalité suicidée quand elle avait appris que j'étais le DF. Je n'avais rien pu lui dire avant que je sois certain qu'elle en garderait le secret. J'avais pensé qu'une fois que l'on aurait eu notre premier enfant, elle ne dirait rien par peur des répercussions sur ce dernier. J'avais raison, elle aimait bien trop June, et n'aurait jamais risqué la sécurité de notre fille, mais la sienne, c'était une autre histoire. Je l'avais surestimée, je pensais qu'elle serait capable de supporter une révélation aussi lourde. Mais mon secret, au final, elle l'avait emporté dans sa tombe. J'étais un monstre. Certes, je ne faisais pas partie d'une secte satanique, mais je n'en avais pas besoin pour ne mériter que la mort. J'avais celle de ma femme bien-aimée sur la conscience, et je ne pouvais m'en prendre qu'à moi-même. Malgré tout, j'avais tout fait pour que June ait une enfance heureuse. Sa solitude lors du départ d'Emmanuela m'avait touché au plus haut point. J'aimais, aime et aimerai toujours ma fille plus que tout au monde.
Sur Terre, c'était le chaos. L'oxygène manquait, les heures s'écoulaient et le ciel nous asphyxiait davantage. J'étais assis dans mon fauteuil, face à la vitre qui donnait sur l'avenue. Des mères affolées criaient après des médecins, les pères transportaient les enfants évanouis. Je souhaitais les aider, mais je devais rester de marbre, et ne pas être atteint. C'était mon rôle et en aucun cas je ne devais l'oublier. Alors que mon regard vitreux se perdait dans cet orchestre désordonné qu'étaient la vie et la mort sur Terre, je vis une petite fille, âgée d'environ cinq ans, s'écrouler. Ni une, ni deux, je courus vers cette enfant qui me rappelait ma petite June. Elle ne respirait plus. Une larme s'échappa du coin de mon œil, et je l'essuyai d'un revers de la main. Je me relevai, titubant tel un alcoolique à la recherche de son essence de vie, et m'enfermai à nouveau chez moi. Je me laissai à nouveau tomber dans ce fauteuil. Je n'étais qu'un bon-à-rien, pendant toutes ces années, j'aurais dû m'atteler à sauver notre planète, au lieu de croire que la Terre allait « guérir » sans aucun effort de l'espèce humaine. Les preuves étaient toutes là, comment avais-je pu être aussi naïf ?
Soudain, je ressentis une douleur dans la poitrine qui me fit hurler et tomber au sol. Je rampai comme je le pouvais, sans but réfléchi. Mes poumons étaient écrasés dans ma cage thoracique, ils me brûlaient. L'air était lourd, mes paupières le devenaient. Je fermai les yeux, ne les rouvrant plus jamais, une seule pensée en tête :
« Je t'aime June. »
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Je ne peux que SURVIVRE
AventureLe ciel était en train de tomber ... - Pour découvrir le pourquoi du comment, il vous faudra lire. En espérant que cela vous plaise !