Le vent faisait frémir l'herbe, les buissons et le feuillage des arbres, qui avaient réussi à se hisser au sommet de la forêt de pierres. De hauts promontoires, aux falaises abruptes et impitoyables, s'élevant de la végétation telles des sentinelles s'envolant vers les cieux, baignaient dans un océan de brume. Surplombant les géants de roche, des montagnes flottantes, ondoyant lentement au gré des vents, façonnaient le paysage à leur guise.
Au sommet de l'un des nombreux pics karstiques, au cœur de ce lieu de légendes, un oiseau aux allures de rapace, perché sur sa branche, lança un cri qui résonna dans toute la vallée. Porté par la brise, l'écho porta son appel au-delà de l'horizon. L'oiseau, un magnifique rapace au plumage plus noir que les ténèbres, guetta un instant les environs, puis plongea dans l'ombre d'un arbre. Il se posa sur le sol rocheux, devinant l'absence totale de prédateur sur le promontoire. Passant outre les rameaux d'un épais buisson, il pénétra dans un petit espace débroussaillé, où la végétation faisait place à un nid de branches, de feuilles et de plumes. À l'abri des regards et des dangers, confortablement installé au centre du nid, reposait un œuf. Sa surface, plus lisse que du verre, brillait, comme recouverte d'étoiles. Sa couleur changeait en fonction de la luminosité : à l'ombre, la coquille semblait blanche, et à la lumière, elle devenait noire.
L'oiseau sautilla jusqu'à son nid et frappa doucement l'œuf de la pointe de son bec. Il donna trois coups successifs, à deux reprises. Il attendit quelques secondes et soudain, deux timides coups lui répondirent. Un second rapace, ailes déployées, fondit en piqué jusqu'à eux. Il se posa dans le nid et, comme son congénère, tapa la coquille. Il reçut lui aussi une faible réponse.
L'oisillon était prêt à sortir de son œuf. Mais pour que sa coquille se brise, une seule condition, la plus importante, devait se réaliser : la mort de l'un des deux parents.
Si le futur rapace était un mâle, son père périrait. S'il était une femelle, c'était sa mère qui disparaîtrait. Et ainsi pourrait continuer leur descendance...
L'un des oiseaux poussa soudain un cri suraigu. Il percevait un danger. Soucieux de protéger son petit, le rapace ayant donné l'alerte partit se poster sur la branche d'un arbre, afin de mieux voir quelle était la menace, tandis que le second se blottissait contre son œuf. En scrutant le ciel, l'oiseau aperçut deux imposants prédateurs, survolant la forêt de pierre. Ils n'avaient ni peau, ni plumes, ni pelage, et leurs ailes semblaient incroyablement rigides. Leur revêtement gris se confondait avec la brume, mais l'immensité de leur ombre laissait deviner leur taille considérable. Leurs réacteurs et leurs moteurs ne produisaient pas le moindre son, mais leur puissance était largement perceptible, et leur seule présence venait perturber ce lieu pourtant si calme.
L'oiseau se dissimula sous les branches. La venue de ces engins volants ne signifiait qu'une seule chose : la chasse allait pouvoir reprendre...
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Aura de Feu - Tome 3 : Le déclin [Édité]
Ficção CientíficaPartir. Loin. Longtemps. N'est-ce pas lâche d'abandonner ainsi ses amis, sa famille ? Elyne ne veut pas quitter la Terre, mais le temps presse : son Aura, ainsi que celle de Théo, se meurent. L'unique moyen pour l'empêcher de dépérir est d'aller tro...