Chapitre 14.

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Les médecins m'ont ordonné au moins une semaine d'arrêt de plus et à l'échéance je retournerais à l'hôpital pour évaluer si j'ai besoin de plus de repos. J'estime que de toute manière, je n'aurais pas pu affronter les problèmes des personnes dans mon stage si je n'arrive même pas à gérer mentalement les miens.

Depuis hier soir j'ai l'impression que le monde s'est arrêté. Je n'arrive plus à réfléchir, à penser correctement, à empêcher mon coeur de me faire si mal. Chad est venu hier soir, il a vite compris quand Aiden est sorti en furie de l'appartement et en voyant mon état, alors il m'a dit qu'il lui parlerait. Je n'ai rien répliquer. J'en était incapable.

Je n'ai pas dormi de la nuit, mes yeux sont gonflés et je me traîne dans l'appartement, comme un fantôme. Les autres n'ont pas dit un mot, de toute façon je crois que je me suis bloquée du monde extérieur et je n'entends rien. J'ai reçu un appel de ma mère dans la matinée, puisque Chad a estimé qu'elle devait être prévenue de ce qu'il m'est arrivée, mais je n'ai pas eu le courage de lui répondre. Je n'avais plus envie de penser à ce qui avait pu se passer. Ni l'agression, ni la suite.

Il m'est également impossible de répondre à Gaëlle, qui a du être mise au courant par le biais de l'école.

J'avais également perdu l'appétit, et j'en étais la première étonnée puisque j'adore manger et me préparer des petits plats savoureux. Alors je me contentais de quelques légumes par-ci par-là, sans réelle envie.

Chad était de retour dans l'après-midi mais il ne m'avait rien dit, alors j'ai estimé qu'il ne l'avait pas trouvé. Il était fort pour disparaître. Trop.



Nous sommes maintenant jeudi. J'ai du mal à m'habituer à mon sourcil entaillé et à mes côtes douloureuses, mais cela se calme petit à petit. Cependant, je suis relativement fatiguée et dépourvue de forces, dû au fait que je ne mange pas assez. Je laisse mon esprit s'éloigner dans des films où je n'éprouve même pas d'envie à les regarder, mais ça occupe.

Allongée dans mon lit, mes yeux observent les images défiler sans que je n'ai le temps de comprendre. La porte de ma chambre s'ouvre lentement et je ne prends pas la peine de lever les yeux. Derrière mon écran, je distingue des jambes et en me résignant à l'observer, je regarde Elio. Les bras croisés il me fixe sans un mot. Comme il ne dit rien, je laisse mon regard se reposer sur mon écran mais j'ai maintenant définitivement perdu le fil du film.

-Je vais utiliser ton enregistrement, et émettre mes soupçons à la police.

Mon esprit a complètement décroché du film et je me redresse en position assise, figée. Je cligne plusieurs fois des yeux, ouvre puis referme à répétition ma bouche avant de respirer doucement. Elio a détourné le regard et il attend ma réponse.

-Vraiment ?

Il hoche lentement la tête et je vois sa mâchoire se contracter, ainsi que ses muscles.

-Ca va aller ? Je demande finalement.

-Je n'ai pas envie d'avoir une peine ou sanction, même faible, pour lui avoir pris de l'argent.

Je reste pensive un moment puis ferme l'écran de mon ordinateur dont la lumière me dérange et me place en tailleur.

-Ce sera peut-être jugé en tant que circonstances atténuantes, et puis tu peux plaider le fait que tu es parti pour ne pas porter atteinte à ta vie puisque tu avais connaissance de sa violence.

Elio ne répond rien et ferme un moment les yeux. Je me relève et me place face à lui.

-On sera là. Et je pourrais témoigner en ta faveur, je suis plutôt bien placée maintenant.

LEENAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant