Chapitre 7 ; A l'ombre d'une bougie :

23 2 0
                                    


Nous nous sommes vite habitués à l'odeur de thé qui inondait le devant du comptoir, où le vieux Temnovite nous avait mené. Il ne nous donna pas son nom, mais nous souhaita la bienvenue et nous présenta au couple de taverniers, eux aussi Temnovites. 

-Tiens donc, ça fait longtemps qu'on a pas eu d'étranger à not' tablée! Tonitrua la femme qui tenait trois pintes entre ses bras, tout au fond du comptoir. J'vous sert quoi? Ou vous voulez plutôt une chambre?

Soren s'avança au comptoir, y posa ses coudes en faisant grincer ses plates de métal, puis désigna dans une langue que je ne connaissais pas l'étagère de bouteilles située dans le coin de la pièce. De le poussière semblait recouvrir le verre teinté. Puis ce fut au tour de Nora de s'avancer sans gène. Elle appela le tavernier, un grand homme de large carrure avec une barbe épaisse et un bandeau dans les cheveux qui mastiquait un bâtonnet de regalisse sur un air nonchalant. 

-Belle armure, humaine, siffla-t-il. 

-On prend une table et un peu de votre meilleur thé...et aussi deux chambres jusqu'à demain après-midi. De quoi nous reposer.

-Ça roule

On attendit quelques minutes que le thé chauffe, dans un silence endormi. Moi-même, j'étais fatigué de la journée, et surtout de la soirée. Alors je m'étais accoudé au comptoir, observant le hall de la petite taverne. Il y'avait une entrée, après laquelle se trouvait l'escalier menant à la mansarde. Sous celle-ci, des portes plongée dans l'obscurité devaient mener à des appartements ou des chambres. Le centre était réchauffé par le large foyer entouré de pierres, et une petite annexe se trouvait juste derrière les flammes. Je l'avais vu en passant, et je crois qu'elle était reliée à la pièce du comptoir et semblait contenir toute sorte de provisions et de boissons. Nous avions donc dépassé le feu, mais il faisais toujours assez bon ici. En effet le bâtiment semblait bien isolé, et une étroite ouverture dans le toit appelais l'air du feu à s'élever vers l'extérieur, ce qui nous préservait de l'odeur de la fumée pour ne nous faire sentir que les flaveurs de viandes séchées et de thé oriental. Un délice pour les narines, et le regret que j'avais eu de ne pas goûter autre chose que de la bière dans l'autre taverne s'était déjà évanouit. Ici, tout serait bien meilleur!

Le tavernier apporta les tasses de thé au petit groupe. Lorens refusa poliment sa tasse et commanda la même chose que Soren, et les deux hommes restèrent accoudés là, proche de la source de boisson. On ne savait jamais. Quand à nous trois, nous quittâmes le comptoir pour nous installer à une table à l'ombre de la mansarde, notre tasse de thé à la main. Je laissai le prince s'asseoir contre le mur, puis je me plaçai à sa gauche avec Nora en face de moi. Après nous avoir remercié, Jeremiaz approcha son nez du breuvage fumant. Mais il du s'en éloigner aussitôt, tant la vapeur était brûlante. Nora se redressa, de peur qu'il ne se brûle. Dans une petite toux, il reposa sa tasse et battit de la main.

-Quel sot je fais! Ne vous inquiétez pas, je ne me suis pas blessé.

En effet, le thé était encore bouillonnant. Mais il sentait bon...une odeur que je reconnaissais pas vraiment. Quelque chose proche de la myrtille et de la groseille. J'adorais les fruits rouges. J'allais saisir ma tasse pour souffler dessus, mais une main frêle m'arrêta. Le prince, sous sa capuche, laissait transparaître une inquiétude nouvelle. Il arbora un air perplexe, et plissa légèrement ses yeux gris.

-Chevaliers, une pensée m'est venue à l'instant. 

-Votre Altesse. Prononçai-je en me tournant légèrement de côté sur mon tabouret.

-L'attaque de tout  l'heure...pensez-vous qu'il s'agisse d'un plan?

-Que voulez-vous dire, s'inquiéta Nora.

Les Quinze MédaillonsWhere stories live. Discover now