Chapitre 9 : Ceux qui suivaient le Prince

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Le groupe de voyageurs se réveilla tôt le matin, sous l'initiative du Prince qui souhaitait prendre la route le plus vite possible. Nora et moi nous hâtâmes de mettre nos bottes et de nous armer avant de descendre à notre tour dans la grande salle, ou le vieux Temnovite, Grygor, nous attendait déjà, l'air totalement réveillé, comme si il n'avait pas fermé l'œil de la nuit. Il portait un lourd sac de toile dans son dos, ainsi qu'un long manteau noir qui frottait le plancher. L'homme les salua froidement, avant de s'adosser à l'un des poteaux de bois qui soutenaient le plafond. Il fixa Nora quelques instants, puis reporta son regard à la porte grande ouverte. On voyait la campagne, et les murs de la Capitale Impériale, puis les fermes éparpillées autour, le tout éclairé par la lumière éblouissante de la fin de l'Aube.

J'étais impatient de partir, de voir du pays, car cela faisait déjà trop longtemps que je pourrissait à Port-Coralin. Et surtout, j'avais une promesse à tenir. La date qu'indiquait la montre que m'avait confiée Jeanne avant de partir, je ne pouvais pas la retarder. Je n'en parlais pas aux autres, car ils n'avaient pas besoin de savoir, mais d'un autre côté, je ne voulais pas paraître louche. Alors parfois, j'avais presque envie de prononcer ces quelques mots. Nora méritait de les entendre, les mots de la vérité, même si elle en connaissait la moitié. Quand je suis parti à mon tour, c'était pour accomplir plus qu'une simple aventure. Et malgré tout, cela restait ce que je désirais le plus au fond de moi. Quand je regardais mon nouveau groupe s'activer autour de moi pour préparer de quoi voyager, je ne pouvais que ressentir un long frisson d'excitation. Mais seulement...

-Tu te chagrine pour peu de choses, murmura une grave et douce voix à mon oreille. 

Je me retourna aussitôt dans un vif élan de surprise. Personne, juste Lorens qui me jeta une moue interrogative en me voyant m'agiter.

-Ne t'inquiète pas non plus pour ça, c'est normal que ma voix puisse se glisser ainsi jusqu'à ton esprit. Ne te sens pas obligé de choisir entre ton désir et ton devoir. L'assouvissement de l'un te mènera sans aucun doute à l'autre, alors poursuis ta quête sans crainte.

Ces mots me firent froid dans le dos, mais j'avais l'impression que ce n'était pas dans le mauvais sens du terme. Je plaquai mes mains gantées à une table et cligna des yeux. Qui venait de me parler à l'instant?! Il ne restait que les souvenirs déjà lointains de ses paroles. J'entrepris de les chasser par un regard vers ma lame. Je l'avais laissé dans l'alcôve qui bordait l'entrée de l'auberge en descendant de ma chambre. Elle avait été soigneusement aiguisée hier matin, et sa vue me réconfortait énormément. 

Nora passa dans mon dos et me fit une tape dans l'épaule.

Les Quinze MédaillonsWhere stories live. Discover now