Chapitre 4

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21 octobre ~ Violette

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21 octobre ~ Violette

— Celle-ci.

Je me fie toujours à l'œil aguerri d'Otis. Il sait me conseiller lorsqu'il s'agit de style vestimentaire. Avec son allure bobo chic, il possède un goût prononcé pour les vêtements et devine à coup sûr les nouvelles tendances. Alors, quand il m'assure que la robe rouge convient mieux que la verte, je devrais l'écouter. Néanmoins, le doute m'emporte.

— Elle n'est pas un peu trop... ?

Aguicheuse.

Voyante.

Vulgaire.

— Tu veux pécho ou quoi ?

Le stress commence à monter. D'ici quelques minutes, je rejoindrai le fameux Luis, qui n'est finalement qu'un inconnu parmi tant d'autres. Ensuite, je ne contrôlerai plus rien et c'est bien ce que j'appréhende. Cela fait vingt ans que je n'ai pas eu de rapport intime avec un homme, la machine manque d'huile. Je ne veux pas avoir l'air d'une cruche lorsque nous passerons à l'horizontale.

— J'ai déjà du mal à comprendre pourquoi un mec de vingt-sept ans veut se taper une meuf de quarante balais, mais alors si tu n'y mets pas un peu du tiens... il ne secouera pas la queue comme un gentil toutou.

Comparaison graveleuse j'écoute !

— Trente-neuf... chuchoté-je.

— OK, trente-neuf. N'empêche qu'il pourrait choisir une fille de son âge. Si ça se trouve, il est moche comme un pou.

— Ou alors il cherche l'expérience d'une femme mûre, suggéré-je, sûre de moi.

Mon meilleur ami explose de rire.

— Dis celle qui a couché avec deux mecs en quarante ans, se moque-t-il ouvertement.

OK, j'avoue.

Je ris avec lui de ma bêtise. Soudain, il se positionne derrière moi face au miroir en pied. Il redresse une mèche de mes cheveux blonds qu'il attache avec une pince.

— Dieu t'a offert des pommettes formidables, ne les cache pas. Tu te rappelles de ce que disait ma grand-mère ?

Mamie Carla était une perle. Comment pourrais-je l'oublier ?

— Ne perd jamais de vue tes objectifs, disons-nous à l'unisson. Ils ont tendance à s'évaporer lorsqu'on ne les cultive pas.

J'ai mis longtemps avant de comprendre le véritable sens de ces mots. Aujourd'hui, ils ne sont que trop véridiques.

Il faut que je réalise l'objectif 7 de cette fichue lettre que nous avons rédigée il y a vingt-cinq ans.

Une certaine mélancolie nous embaume tous deux pendant que nous repensons à cette femme au cœur d'or partie bien trop tôt. Otis aimait sa grand-mère plus que tout au monde, peut-être même plus que ses parents. C'est elle qui l'a encouragé à se lancer dans une carrière professionnelle de boxeur alors que tout le monde tentait de l'en dissuader. Pour ça, il lui en sera éternellement reconnaissant.

La solitude des poissons rougesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant