À l'aube de ses quarante ans, Violette Fleury déprime. Psychologue dans une unité Alzheimer, elle sent que sa vie lui échappe. Son plus gros problème : sa libido inexistante alors qu'elle ne souhaite qu'une chose, devenir maman. Toutes ces histoires...
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21 octobre ~ Violette
Otis adore Le seigneur des anneaux. Il a tenté plusieurs fois de m'initier à ce prétendu chef d'œuvre du septième art, sauf qu'à mon humble avis, ça ne casse pas trois pattes à un canard. Je trouve ça long. Interminable, même.
Un peu comme ce que je m'apprête à vivre avec mon match Tinder.
Quand Luis pénètre dans mon appartement, fiévreux et exalté, je joue à la fille impatiente qui ne veut pas perdre de temps avec les préliminaires. C'est surtout que... je n'ai jamais eu l'envie de lécher autre chose qu'un esquimau.
La glace, bien sûr.
Pas les bonhommes qui vivent en Arctique.
C'est pour cette raison tout à fait légitime que je choisis de le débarrasser au plus vite de ses vêtements et de simuler avec ferveur mon désir de faire l'amour contre le mur du couloir de l'entrée.
Parce que d'une certaine manière, c'est plus proche de la sortie aussi. Je n'aurais qu'à le pousser vers la porte.
- Merde... ronchonne-t-il tout à coup. J'ai oublié les préservatifs dans ma boîte à gants.
Une vague de déception traverse son doux visage, alors que pour moi, c'est une véritable aubaine. Il est hors de question qu'il quitte cet appartement pour retourner chercher des capotes dans sa Fiat.
- T'inquiète, je prends la pilule, si ça peut te rassurer.
Il pose ses mains sur mes épaules, les caresse du bout des doigts et penche la tête sur le côté. Il paraît peu convaincu par mon excuse bidon.
C'est une véritable impasse. Je n'aurais jamais dû choisir un médecin, en fait. Il est sur le point de me sortir le bon vieux discours sur l'importance de la capote. Discours que j'aurais approuvé dans n'importe quelle autre circonstance.
Luis paraît à deux doigts de renoncer à nos ébats, si bien que, dans une ultime tentative de persuasion, j'emprisonne ses lèvres pour lui éviter de cogiter davantage. Il répond à mon baiser avec ferveur, ses mains glissant le long long de mes bras. Je le sens consumé d'un désir que je n'ai jamais expérimenté jusqu'ici et quand je croise ses prunelles pétillantes, je comprends qu'il pourrait céder d'un instant à l'autre.
J'entrelace nos doigts avec tendresse, tandis qu'il dépose quelques baisers dans le creux de mon cou.
- Je suis embêtée de te demander ça, Luis, mais... est-ce que tu es clean ?
Je ne suis peut-être pas une bonne comédienne, toutefois je sais utiliser mon cerveau à bon escient. En posant cette question, j'ai conscience de retourner la situation à mon avantage. Luis arbore un air quelque peu paniqué, comme s'il était gêné que je puisse douter de lui.
